Enfin, une étude indépendante vient d’être publiée et dévoilée lors d’une conférence de presse ce matin au parc d’attractions en dormance de l’île Sainte-Hélène, La Ronde. Ayant comme mandat d’évaluer l’impact des spectacles pyrotechniques sur la qualité de l’air dans les zones résidentielles avoisinantes, la firme AtkinsRéalis, représentée par l’ingénieur Jean-Luc Allard, en vient à la conclusion que l’impact est très limité dans l’espace et le temps.
L’analyse des données 2022 et 2023 des diverses stations mesurant la qualité de l’air à Montréal, Québec et Gatineau – 3 villes présentant d’importants festivals pyrotechniques estivaux – démontre que seuls quelques spectacles ont présenté une concentration particulaire plus élevée, mais seulement pour quelques heures, et seulement sur une portion limitée du territoire, majoritairement suivant le panache de fumée généré par les feux d’artifice.
D’autres sources plus polluantes
L’étude stipule que les concentrations mesurées dans l’air des métaux et composés organiques volatiles sont largement inférieures aux critères applicables à la ville de Montréal par exemple. Aussi, les dépassements observés de la norme journalière de PM2.5 (matières particulaires) sont davantage liés aux transports, aux industries, aux feux de forêts et au chauffage hivernal (poêle à combustion lente par exemple), et pas tant aux feux d’artifice.
Les GES : de Montréal à Trois-Rivières
Concernant les émissions de gaz à effets de serre, un spectacle pyrotechnique moyen du Regroupement des événements pyrotechniques du Québec (Montréal, Sherbrooke, Québec et Gatineau) équivaut environ à l’aller-retour d’un autocar de Montréal à… Trois-Rivières ! Ainsi, il nous est permis de conclure que tout le battage médiatique l’an dernier autour de l’impact négatif des feux d’artifice sur la qualité de l’air n’était que mauvaise presse. Pourquoi se priver d’événements aussi festifs et rassembleurs ?
Sophie Émond, présidente de la Ronde et représentante du Regroupement des événements pyrotechniques du Québec, se prononce : « Ils [les feux d’artifice] sont bien plus que de simples explosions dans le ciel. Ils sont des célébrations d’exception, synonyme de réjouissance et d’émerveillement pour des centaines de milliers de spectateurs à travers le Québec, voire des millions. Ces événements festifs et inclusifs génèrent aussi de grands bénéfices sociaux-économiques et culturels; ils sont des moteurs économiques dans les régions. Ils sont parmi les derniers événements très souvent gratuits pour toute la famille. C’est donc indéniable : ils attirent les foules, les gens d’ici et les touristes, et stimulent le commerce local ».
Impact sur l’International des Feux Loto-Québec
Le Regroupement des événements pyrotechniques du Québec est en fait une table de concertation créée suite aux discussions amorcées depuis quelques années avec les artificiers, afin de s’assurer d’une plus grande écoresponsabilité quant aux pièces pyrotechniques utilisées lors des spectacles. Le Regroupement permet de partager les enjeux respectifs de tous les membres et d’identifier ceux qu’ils ont en commun pour y travailler conjointement dans un souci d’efficacité. Mme Émond ajoute : « Nous voulons aller encore plus loin en mettant en oeuvre d’autres mesures, comme réduire la durée des spectacles pyrotechniques, limiter l’usage de certains produits pyrotechniques ayant plus d’impact sur l’émission de particules fines et GES, et limiter la quantité de matières explosives utilisée dans un spectacle ». Ainsi, quelques changements seront annoncés dans les prochains jours concernant la 38e édition de l’International des Feux Loto-Québec qui s’amorcera le 27 juin prochain.
L’industrie pyrotechnique concernée
Bien que l’impact soit limité et éphémère, Maude Furtado, représentante du Conseil Pyrotechnique Canadien (CPC) précise que l’industrie travaille aussi activement à réduire son impact environnemental à travers diverses mesures y compris la recherche, l’innovation et l’adoption de pratiques plus durables. « Les fabricants de pyrotechnie recherchent et développent de nouvelles formulation pour améliorer la combustion et réduire les émissions de particules fines. Même chose avec l’exploration de propulseur et de carburants alternatifs qui produisent moins d’émissions et de polluants. Notre industrie utilise maintenant des enveloppes de carton recyclé pour fabriquer les pièces pyrotechniques et a presque totalement évacué l’usage de plastique ou d’aluminium. Les artificiers mettent en œuvre des processus de production plus efficaces et minimisent la génération de déchets tout au long de la chaîne de production, de la fabrication à l’utilisation. Tout ceci, se fait en étroite collaboration avec les autorités gouvernementales pour garantir que nos spectacles respectent les normes les plus strictes en matière de sécurité et d’environnement ».
Bref, tout le monde fait sa part pour limiter encore plus l’impact déjà dérisoire sur la qualité de l’air des feux d’artifice. Est-ce nécessaire de rappeler que ces festivités ne sont qu’événementielles, et non pas une source persistante ni permanente de pollution ? En bout de ligne, il est sensé de croire qu’il est encore permis d’avoir du fun !