C’est avec beaucoup d’amour et d’amitié pour le Cirque du Soleil que Gilles Ste-Croix raconte dans un livre autobiographique, les trente-cinq ans qu’il a vécus à différents titres, à l’intérieur de ce cirque québécois qui a complètement renouvelé le genre.
Intitulé Ma place au soleil, ce récit de 229 pages, publié aux Éditions La Presse, m’a captivé autant par la rigueur, la générosité et l’empathie du personnage de Gilles Ste-Croix. Parce qu’il faut dire que cet homme a été parmi les fondateurs, pour ne pas dire le véritable fondateur du Cirque du Soleil avec Guy Laliberté sans bénéficier de la reconnaissance ni de la fortune dont il pourrait profiter aujourd’hui. Mais Gilles Ste-Croix ne s’en plaindra jamais parce que ce sympathique personnage ne se plaint de rien et n’est pas du genre à régler des comptes.
C’est justement pourquoi il raconte sa vie avec le cirque, en insistant sur les merveilleux moments de son association avec les artistes du cirque, de sa passion pour la création et de ses grandes amitiés. L’homme est franc, juste et ne cache pas certains échecs et malaises au sein du Cirque du Soleil. Il ne fait cependant sans écorcher personne. Il dira par exemple que si le spectacle Elvis n’a pas fonctionné comme le Cirque du Soleil l’espérait, c’est parce que la nouvelle génération était peu intéressée au chanteur américain des années 50 et 60 et que Elvis n’était qu’un interprète et n’avait pas créé un monde musical comme les Beatles. Incidemment le Cirque du Soleil a obtenu un énorme succès avec Love, un spectacle en hommage aux Beatles, qu’a dirigé Ste-Croix et qui lui a permis de se lier d’amitié avec Paul McCartney. Il a également dirigé la production de Saltimbanco et Alegria, deux autres énormes succès.
Mais au début, les choses n’ont pas été aussi faciles et acclamées dans le monde entier. C’est d’abord en fondant la troupe des Échassiers de Baie-Saint-Paul en 1979 que Gilles Ste-Croix se fait connaître et attire le cracheur de feu, Guy Laliberté. L’amitié entre ces deux hommes sera indéfectible et ils fonderont en 1984, le Cirque du Soleil. Ste-Croix raconte dans ce livre les débuts du cirque, la vie de bohême des années 80 et le cirque réinventé qui a plu aux américains. Une histoire extraordinaire qui nous fait voyager en Chine, en Russie où Ste-Croix recrutent des artistes extraordinaires et maux États-Unis où les gens sont éblouis par un cirque sans animaux. Les anecdotes sont nombreuses et impossibles à relever dans ce trop court papier mais Ste-Croix se confie honnêtement et complètement dans son récit très personnel. Il raconte non pas toute l’histoire du Cirque du Soleil mais son cheminement à lui dans ce cirque. Il nous fait part de son développement à titre d’artiste, d’entraîneur, de metteur en scène et de directeur de production. Il raconte même l’échec de son Cheval-Théâtre et l’explique franchement tout en nous informant qu’il s’agissait du premier spectacle équestre en Amérique du Nord.
Finalement, Gilles Ste-Croix s’est retiré du Cirque du Soleil, il y a quelques années, fatigué d’un parcours exaltant et exigeant physiquement. Allait-il se reposer et se la couler douce ? Pas tout à fait. Il a fondé le Circo de los ninos, une école de cirque pour enfants au Mexique.
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