Médecin imaginaire et arnaqueur hors pair, le docteur Knock s’en vient répandre la bonne parole médicale au TNM pour une ouverture de saison un brin revendicatrice. Rêve de longue date pour Alexis Martin qui revêt la blouse blanche, sous la direction de Daniel Brière. D’autres complices se joignent à la distribution, comme Pierre Lebeau et Sylvie Moreau. Casting impeccable, propos d’actualités mais un traitement classique qui détone avec le style pourtant plus original que le duo Martin/Brière véhicule habituellement.
Qui dit médecin, dit syndrome. Connaissez-vous le syndrome du spectateur ? C’est un sentiment contradictoire qui pousse ce dernier à aller voir une pièce parce qu’il apprécie la distribution, mais déplore par la suite le manque de surprises. C’est un peu ce qui ressort de la pièce Knock ou le triomphe de la médecine. On aime voir cette bande de copains officier dans un théâtre dans lequel l’on est finalement peu habitués à les voir jouer, du moins ensemble. Alexis Martin, Pierre Lebeau et Didier Lucien font ce pourquoi on les apprécie… c’est-à-dire du Alexis Martin, du Pierre Lebeau et du Didier Lucien. Face à cette appétissante brochette, on doit cependant se résoudre à lever un sourcil devant l’insertion peu subtile de certains clichés – drôles certes – mais tellement faciles, attribués notamment aux compositions de Didier Lucien.
Qu’est-ce qui ressort de cette pièce ? Le propos tout d’abord. Rappelant Molière sur bien des aspects. C’est une critique, une dénonciation, une démonstration satirique de l’humain dans ce qu’il a de plus vil et bête. La puissante médecine ordonnée par un grand comédien qui a le don de la mise en scène, ce qui vaut autant pour Alexis Martin que pour son personnage. Un médecin qui persuade la population de la petite bourgade de Saint-Maurice, qu’elle est malade et qu’elle doit rester au lit. Knock profite du départ de son prédécesseur – le docteur Parpalaid – pour rameuter la clientèle à son discours. Si l’argent est au cœur de ses motivations premières, on découvre au fil de la pièce, que cet homme persuade et se persuade de sa mission sociale, et se complait dans l’emprise qu’il peut avoir sur les individus.
Bien que l’emphase ne soit pas mise sur les comédiennes, elles tirent bien leur épingle du jeu. Il est plaisant de voir Marie-Thérèse Fortin dans un registre plus léger, qu’elle maîtrise tout autant que le drame, mais qu’il est donné de voir plus rarement. Sylvie Moreau quant à elle, prend le temps de donner une couleur, une démarche et un sens comique à ses personnages féminins. Toutes deux s’amusent lors de leurs interventions courtes, rythmées et très appréciables.
La mise en scène « Laurel-et-Hardiesque » dans les premières minutes, reste très convenue. Les tirades n’en sont que plus déclamées, mais une dynamique un peu trop confortable s’installe, au point que la montée dramatique et le revirement de M. Parpalaid manquent de relief. Quelques projections amènent une touche moderne plus ou moins justifiée, sans toutefois retranscrire la « patte » de Daniel Brière, tant appréciée dans Bébés l’an dernier par exemple. Sans vouloir divulgâcher le dernier quart d’heure de la pièce, disons simplement que l’intervention du vrai docteur Vadeboncoeur tient plus de l’anachronisme que de la dénonciation sociétale aboutie. Un final un peu maladroit qui fait plus sourire que réfléchir.
Durée de la pièce : 1h45 sans entracte.
Knock ou le triomphe de la médecine est présenté au TNM jusqu’au 12 octobre.
Crédit image : TNM