Véritable pilier de notre scène musicale, François Dompierre qui a notamment signé des musiques pour une soixantaine de films (Le Déclin de l’empire américain, C’t’à ton tour, Laura Cadieux , etc.) ajoute un nouveau titre à son répertoire. Phonèmes a été enregistré, aujourd’hui même (12 mars 2022), à la Maison symphonique, sous la direction du jeune maestro Francis Choinière. Entrevue avec un compositeur dont la passion ne se dément pas.
Rencontré à la Maison symphonique, monsieur Dompierre précise les circonstances entourant la naissance de Phonèmes, un ensemble de ses compositions capté sans public et bientôt disponible en webdiffusion. «Entre une pandémie et les tambours guerriers, la douceur s’impose», souligne l’artiste.
Au programme : sept adagios de pièces de concert qui viennent en bonne partie de ses musiques de film. On y reconnaîtra, entre autres, certains thèmes des trames sonores de : Mon amie Max (Michel Brault), Les Portes tournantes (Francis Mankiewicz) et La Passion d’Augustine (Léa Pool).
Le musicien a aussi repris la pièce Cortège qu’il avait jouée en improvisation à Radio-Canada. «J’ai simplement transcrit cette pièce pour orchestre. Je n’ai rien eu à changer ! Ça se tenait tout seul !»
Pour interpréter ces sept morceaux qu’il qualifie de «contemplatifs», Dompierre a fait appel à la section de cordes de l’Orchestre FILMharmonique, dirigé par Francis Choinière. «Il a 25 ans et il est déjà un grand chef !», estime le compositeur. Choinière a aussi cofondé GFN, qui produit Phonèmes, après avoir présenté des dizaines de concerts durant la pandémie, dont un bon nombre à la Maison symphonique.
Une carrière qui s’étend sur six décennies
Puisque nous avons souvent tendance à oublier, voici quelques faits saillants de la carrière de François Dompierre, compositeur, chef d’orchestre, communicateur, producteur et écrivain québécois, né en 1943 à Ottawa.
En 1964, il chante une dizaine de ses compositions sur son premier disque publié par la maison Sélect Archambault. L’artiste est ensuite associé en tant que compositeur, chef d’orchestre ou arrangeur, à une cinquantaine d’albums de chanteurs dont : Pauline Julien, Monique Leyrac, Pierre Calvé, Renée Claude et Louise Forestier.
Avec Félix Leclerc
La collaboration de Dompierre avec Félix Leclerc, entre autres, aura été marquante. L’orchestrateur signe les arrangements des albums Le tour de l’île, Mon fils , ainsi que Chansons dans la mémoire longtemps, un coffret de 36 chansons qui lui mérite le Félix de l’arrangeur de l’année au Gala de l’ADISQ, en 1979.
Comédie musicale
C’est à ce même Dompierre qu’on doit la comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend, créée en collaboration avec l’auteur Michel Tremblay, en 1970. Une nouvelle production a d’ailleurs été présentée au Théâtre du Nouveau Monde en 2017, suivie d’une tournée au Québec en 2018.
Échos internationaux
Parallèlement à ses diverses collaborations, le musicien a continué de composer de la musique instrumentale. En 1974, paraît l’album Dompierre dont on se souvient surtout pour la pièce Saute-mouton. Ce titre a aussi été diffusé bien au-delà de nos frontières, lorsqu’il a été repris, en 1981, par le chef d’orchestre d’origine allemande, James Last, une véritable star de l’«easy listening».
Loin de se limiter à la musique pop, le Québécois verra son Concerto en La majeur pour piano et orchestre être enregistré par l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Charles Dutoit, pour Deutsche Grammophon. Il s’agissait du premier enregistrement de cette prestigieuse compagnie au Canada.
Avec Alain Lefèvre
En 2012, ses 24 préludes sont créés sous les doigts du pianiste Alain Lefèvre (Analekta). Il s’agit de préludes composés dans les 12 tons majeurs et les 12 tons mineurs selon la tradition classique, mais en suivant une orientation jazz très syncopée.
Avec l’Orchestre FILMharmonique
La section de cordes de l’Orchestre FILMharmonique vient d’enregistrer Phonèmes. Pourquoi ce titre ? Ce mot signifie «élément sonore du langage articulé», rappelle le compositeur qui y voit, par extension, l’évocation d’une «rumeur musicale», ou d’un «vent mélodique».
Les mélomanes pourront découvrir, à compter du 25 mars, les sept pièces de cette captation : Maxime, Céleste, Partance, Septembre, Méandre, Cortège et Augustine.
Après toutes ses réalisations, François Dompierre a donc quelque chose à ajouter. Tendons l’oreille !
Phonèmes : la musique de François Dompierre
Orchestre FILMharmonique / Francis Choinière, chef
Enregistré sans public à la Maison symphonique
Durée : 40 minutes
Disponible en webdiffusion du 25 mars au 25 avril