Depuis plusieurs étés maintenant, le Théâtre Saint-Denis vibre au rythme survolté de Serge Postigo et de ses comédies musicales. Il l’a dit et il le fait : toutes seront dignes de Broadway. Entre effets visuels, scénographie originale, artistes de calibre et un matériel aussi bon et efficace que celui de Mamma Mia !, on est sûr de ne pas se tromper. À quelques détails près…
Loin de moi l’idée de remettre en question le caractère distrayant du spectacle : Serge Postigo n’a plus rien à prouver et les chorégraphies de Steve Bolton sont toujours aussi percutantes. Dans la mesure où la recette est éprouvée, on a tendance à prêter davantage attention aux détails. Impossible de ne pas repérer les effets comiques répétés, les différences de jeu flagrantes entre les membres de la distribution, les imprécisions vocales et dansées de certains interprètes ou l’accent changeant de Harry, l’un des prétendants au statut de géniteur de Sophie.
Tout ceci confère une première partie un peu inégale, dans laquelle le public réagit mollement. Malgré la chanson-titre Mamma Mia ! – impressionnante – l’ambiance lève véritablement au numéro Lay All Your Love On Me dans lequel la combinaison Postigo-Bolton déploie toute sa magie. À partir de ce moment, le spectacle prend sa vitesse de croisière, version jet-ski, pour ne plus jamais la quitter. C’est simple, on ne voit pas le temps passer, tout en le suspendant pour savourer The Winner takes it all, Take a chance on me et Knowing me, knowing you, qui malgré un début abrupt, offre une belle complicité entre Joëlle Lanctôt alias Donna, et l’un de ses amours de jeunesse, Sam, campé par Eloi ArchamBaudoin.
Le dernier détail qui accroche, mais non le moindre, est l’abondance des chœurs, qui empêchent à de nombreux moment de prendre la pleine mesure du talent des chanteurs, surtout dans la deuxième partie et la fameuse chanson Knowing me, knowing you, qui aurait pu gagner en émotions si l’on avait été capable d’entendre complètement l’harmonie vocale entre les deux protagonistes.
Quant à la distribution qui a créé une certaine surprise lors de son dévoilement, elle fonctionne à merveille. Joëlle Lanctôt par sa voix puissante et son aisance de jeu est naturellement faite pour être Donna, et la complicité avec Romane Denis qui joue sa fille, l’est tout autant. Si Eloi ArchamBaudoin et Hubert Proulx semblent jeunes pour être papa d’une fille de 21 ans, la voix du premier et l’humour du deuxième, compensent bien rapidement.
Les bons coups de la version anglaise se retrouvent toujours ici : les deux copines hilarantes et déjantées de Donna, Tanya (Karine Belly) et Rosie (Sharon James), les tubes qui s’enchaînent, les dialogues piquants bien adaptés, l’ambiance euphorique et la bonne humeur contagieuse.
C’est donc toute une famille de vers d’oreille qui nous accompagne à la fin de la représentation – divertissante, certes – mais avec quelques défauts surprenants pour son calibre.
Mamma Mia! est présenté jusqu’au 18 juillet au Théâtre Saint-Denis à Montréal, puis du 14 août au 7 septembre à la salle Albert-Rousseau de Québec
Durée du spectacle : 2 h 45 avec entracte
Crédit photo : Juste pour rire
Mise en scène SERGE POSTIGO
Chorégraphies STEVE BOLTON
Chanteurs, danseurs, musiciens et artistes sur scène :
Joëlle Lanctôt, Romane Denis, Karine Belly, Sharon James, Carol-Anne Vézina, Christian Laporte, Eloi Archambaudoin, Emilio Brown, Estelle Esse, Frayne McCarthy, Frédérique Brunet, Gabriel Favreau, Guillaume Borys, Hubert Proulx, James Dhaïti, Joanie Guérin, Jose Flores, Juliette Diodati, Karina Armutlu, Kathline Gréco, Laurence Champagne, Laurie Blanchette, Lorena Liebman, Megan Brydon, Mike Melino, Natalie Byrns, Sunny Boisvert, Tommy Tremblay, Valérie Le Maire et Yannick Moisan.