Parmi les évènements attendus, en février, dans le domaine de la musique classique, à Montréal, il y a la création d’une nouvelle oeuvre du compositeur québécois Denis Gougeon. Il s’agit d’un double concerto, interprété par le violoncelliste Stéphane Tétreault et la harpiste Valérie Milot; ces musiciens viennent d’ailleurs de recevoir un prix Opus pour l’album Transfiguration. Ils auront maintenant l’occasion de s’illustrer dans un concerto pour violoncelle et harpe, ce qui est rare! Entrevue avec le compositeur Denis Gougeon.
À quelques jours de la création de sa nouvelle partition avec l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Nicolas Ellis, Denis Gougeon travaille déjà sur plusieurs projets qui n’ont pas encore été annoncés, «dont un avec un grand orchestre de Montréal», confie-t-il, avec un sourire dans la voix.
Le prolifique septuagénaire, né à Granby, a plus d’une centaine d’œuvres à son actif, allant de la musique de chambre aux oeuvres pour grand orchestre, en passant par la musique de scène, etc. On se souvient, entre autres, de sa collaboration avec Gilles Vigneault pour le conte musical «Le piano muet».
Son Double concerto pour violoncelle et harpe lui aura permis de retravailler avec de jeunes artistes qu’il a en très haute estime. Gougeon rappelle, entre autres, avec enthousiasme, que Stéphane Tétreault a créé son Concerto pour violoncelle et orchestre avec I Musici. De son côté, Valérie Milot a été la première interprète de Rituel et danse pour harpe et orchestre, avec l’Orchestre symphonique de Québec. Le compositeur ajoute que ces deux musiciens «sont en très bonne compagnie» avec maestro Ellis qu’ils connaissent bien et que tous les trois travaillent dans une belle harmonie.
«Susciter des dialogues»
Cela dit, on s’en doute, la rare association de la harpe et du violoncelle doit représenter certains défis. «L’un des instruments a 47 cordes et l’autre en a 4», souligne le compositeur. «Cela oblige à une recherche d’équilibre, non seulement entre les deux instruments solistes, mais aussi avec tout l’orchestre. Équilibre quant au temps de
«parole», car, pour moi, composer, c’est susciter des dialogues.»
«Comme si on visitait les pièces d’une maison»
L’oeuvre en un seul mouvement, d’une durée d’environ 22 minutes, sera interprétée avec un orchestre d’une soixantaine de musiciens. «C’est en quelque sorte, un poème symphonique. Ce n’est pas descriptif mais plutôt évocatif. Je vois cela comme un voyage, un déplacement de deux compagnons dans des espaces inusités. C’est un peu comme si on visitait une maison et qu’on découvrait des formes inattendues en passant d’une pièce è l’autre, à travers des mondes sonores colorés. Je dirais que ce Double concerto est à la fois lyrique, harmonique et accessible.»
Quel est le rôle de chacun des solistes ? «À la harpe, je confie le travail harmonique, mais aussi mélodique. Pour le violoncelle, c’est une écriture essentiellement mélodique qui parcourt tout le registre de l’instrument.»
Et quel est le rôle de l’orchestre ? «Tout en dialoguant avec les solistes, l’orchestre les enveloppe, en dévoilant des atmosphères contrastées… Cette musique est un continuum; on y est sans cesse entraîné vers de nouveaux territoires sonores. On ne revient pas en arrière, sauf lors de quelques mesures, à la toute fin, qui rappellent d’où sont partis nos deux protagonistes, au début du voyage.»
Le public pourra d’ailleurs voir et entendre Denis Gougeon expliquer son oeuvre, avant la présentation du concert, à la Maison symphonique. «J’aime bien prendre l’auditeur par la main et l’amener dans des mondes émus, inquiets, surpris. J’ai hâte de vivre cette première! Je suis anxieux et c’est une anxiété positive!»
Le concert Milot, Tétreault, Gougeon est aussi présenté à Pointe-Claire et Saint-Léonard. Détails
Milot, Tétreault, Gougeon
Avec : Valérie Milot (harpe) et Stéphane Tétreault (violoncelle)
Orchestre Métropolitain, Nicolas Ellis (dir.)
Programme : Germaine Tailleferre, Petite suite / Denis Gougeon, Double concerto pour violoncelle et harpe (création) et Chostakovitch, Symphonie no 5
Maison symphonique : 17 février
19h. 30 : concert
18h. 30 : causerie avec le compositeur Denis Gougeon