La salle Wilfrid-Pelletier était remplie à craquer pour le retour de la comédie musicale Notre Dame de Paris, en présence du parolier Luc Plamondon et du compositeur Richard Cocciante. Bruno Pelletier qui reprend le rôle de Gringoire est magistral ! Frollo est encore plus bouleversant qu’autrefois dans la peau de Daniel Lavoie désormais septuagénaire ! L’imposante troupe de chanteurs et de danseurs est moins à l’étroit sur cette vaste scène qu’elle ne l’était au Théâtre St-Denis et le spectacle respire mieux.
D’entrée de jeu, Pelletier brille dans Le Temps des cathédrales ! Quelle voix il a ce Bruno ! Justesse ! Projection ! Quelle aisance sur scène ! C’est comme s’il n’avait jamais vraiment quitté Gringoire. Il faut dire que tous les solistes de ce spectacle sont aussi des comédiens convaincants dans cette histoire d’amour déchirante inspirée du roman de Victor Hugo.
Les sans-papiers, Bohémienne, La Cour des miracles, Belle, etc., créées il y a près de 25 ans, semblent intemporelles. L’intense Quasimodo de 2022 ressemble à celui qu’interprétait Garou. Angelo Del Vecchio a la voix rocailleuse. Peut-être un peu trop à certains moments. On comprend que son personnage est un être déchiré. Cela doit-il absolument s’exprimer avec une voix cassée ?
Esmeralda resplendit grâce à la voix souple et à la gestuelle voluptueuse de Elhaida Dani. Crédible en bohémienne, elle se distingue particulièrement au deuxième acte. Son interprétation de Vivre sur une pierre qui se détache du décor et qui s’avance au milieu de la scène fait grande impression !
Quant à Daniel Lavoie, il est renversant en prêtre torturé à cause de son amour pour Esmeralda. Tu vas me détruire et Être prêtre et aimer une femme sont des sommets d’émotion du spectacle ! La passion et le désarroi de son personnage sont portées à des niveaux vertigineux !
Gian Marco Schiaretti en Phoebus et Emma Lépine en Fleur-de-Lys complètent la distribution de belle façon. Voix justes et théâtralité appropriée à leurs personnages.
Formule gagnante
Personnellement, je ne me lasse pas de revoir Notre Dame de Paris que j’ai eu la chance d’applaudir à Las Vegas et à Londres, en plus d’avoir assisté à une bonne dizaine de représentations à Montréal, depuis 1999. Il n’en reste pas moins que la musique, sur bande, est demeurée la même depuis tout ce temps. On souhaiterait parfois qu’il y ait un peu plus de temps entre les chansons pour absorber l’émotion ou applaudir plus longuement, mais tout est enchaîné un peu mécaniquement à un train d’enfer.
L’habile mise en scène de Gilles Maheu n’a pas changé. Les chorégraphies de Martino Müller contribuent encore aujourd’hui à dynamiser le spectacle, mais elles m’ont semblé un peu répétitives. Le programme de la soirée mentionne que les nouveaux costumes sont signés Caroline Van Assche. Quant aux magnifiques décors de Christian Rätz, ce sont les mêmes depuis le début.
De toute évidence, l’ensemble du spectacle est une formule gagnante, puisque ses créateurs affirment que Notre Dame de Paris a été présentée plus de 5 000 fois dans 24 pays et jouée en 10 langues différentes. La comédie musicale de Plamondon et Cocciante aurait attiré plus 15 millions de spectateurs à travers le monde. Et ça continue ! D’ailleurs, on pouvait remarquer la présence de nombreux jeunes en ce soir de première à la Place des Arts. Une nouvelle génération semble en train de découvrir l’oeuvre.
Plamondon et Cocciante
Ce qui est réjouissant, aussi, c’est qu’en fin de soirée, les milliers de spectateurs réunis à la salle Wilfrid-Pelletier ont pu voir Plamondon et Cocciante mettre leurs différends de côté et saluer ensemble au milieu de leurs interprètes. Un peu embarrassé, le grand Luc a d’abord mis les mains dans ses poches, mais son collègue franco-italien lui a discrètement tendu une main et ils ont finalement salué main dans la main ! «Le monde est entré dans un nouveau millénaire» a alors chanté Bruno Pelletier en reprenant quelques mesures du Temps des cathédrales, en guise de rappel.
Enthousiaste du début à la fin de cette soirée qui aura duré plus de deux heures et demie incluant l’entracte, le public montréalais a offert un accueil triomphal à ce retour de Notre Dame de Paris !
À la salle Wilfrid-Pelletier du 9 au 21 août / détails
«L’interprétation du rôle de Gringoire sera confiée à Bruno Pelletier les 9, 10, 11, 13 août à 20h, 14 août à 20h, 18, 19, 20 août à 20h, 21 août : Sujet à changement sans préavis.»
Notre Dame de Paris sera aussi présenté à Québec (25 août) / Sherbrooke (7 septembre) et Trois-Rivières (12 septembre)