Le cinéma s’invite sur scène, cet été, alors que le Théâtre Gilles-Vigneault présente une adaptation de la comédie française Silence, on tourne! Marc St-Martin, Claudine Mercier, Catherine Proulx-Lemay et Louis-Olivier Mauffette, entre autres, se retrouvent dans une équipe de tournage, installée dans un théâtre, où les spectateurs deviennent des figurants. Or, rien ne se passe comme prévu! Le cascadeur s’est désisté et il manque un acteur! On scrute donc le public pour trouver des remplaçants. Mais, qu’est-ce qu’on tourne, au juste?
Dans la scène cruciale qu’on tente de filmer, un mari jaloux doit assassiner l’amant de sa femme. Comme on n’a pas de comédien pour jouer l’amant, on ira en chercher un dans la salle, grâce au sens de la persuasion de Marc St-Martin qui se distingue dans cette distribution, à travers ses talents de comique! C’est par son entremise que le spectacle finit par trouver du rythme, à mi-chemin.
De son côté, Michel Olivier Girard incarne un réalisateur plutôt effacé. L’homme est amoureux d’une actrice arriviste, Catherine Paquin-Béchard qui l’utilise dans le but de faire avancer sa carrière. Par la suite, elle s’en prendra même physiquement à l’assistant-réalisateur qui est aussi scénariste en devenir. Quant à Catherine Proulx-Lemay, elle semble très à l’aise dans son rôle de perchiste, particulièrement cavalière et agressive envers ses collègues masculins. Est-ce drôle? Chose certaine, jamais au grand jamais on ne tolérerait pareils comportements d’un comédien envers une consœur sur scène ou ailleurs!
Et puis, que dire du vocabulaire employé pour dénigrer ces messieurs! Des mots offensants qui, heureusement, ne sont généralement plus utilisés dans les conversations, en 2023! Tout cela donne à Silence, on tourne! un air suranné qu’on pourrait associer au théâtre d’été traditionnel d’autrefois. Disons-le franchement, cette pièce des Français Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras, créée en 2016, donne l’impression d’avoir été écrite il y a des décennies!
Quant à l’adaptation québécoise d’Emmanuel Reichenbach, elle apporte quelques références locales amusantes. Entre autres, Catherine Proulx-Lemay fait une brève démonstration de la façon de tenir un revolver comme dans District 31. Ajoutons que la mise en scène dynamique de Charles Dauphinais arrive presque à nous faire oublier que le spectacle se déroule dans un décor statique où trône un escalier massif.
Cela dit, j’ai fait le voyage à Saint-Jérôme, principalement, pour revoir sur scène l’imitatrice et humoriste Claudine Mercier qui est sortie de sa retraite pour se lancer dans cette aventure théâtrale. Malheureusement, il est difficile pour elle de se faire valoir dans son rôle très prévisible d’actrice âgée et riche. En revanche, elle porte certains des costumes les plus flamboyants de cette production.
Pour sa part, Catherine Bouliane déclenche des rires avec son personnage énigmatique d’habilleuse qui parle un langage incompréhensible. C’est cocasse au début mais, ça devient ennuyeux!
Louis-Olivier Mauffette s’acquitte honorablement de son rôle d’acteur imbu de sa personne et Roger Léger se glisse avec aisance dans les habits d’un producteur véreux.
Quant au pauvre «spectateur-figurant», entraîné dans cette galère, il m’a semblé plutôt acrobatique… Était-ce arrangé avec le gars des vues? Espérons que oui car, je ne connais personne qui aimerait être ainsi tourné en ridicule sur une scène durant de longues minutes!
Enfin, malgré l’affiche attrayante de ce spectacle présenté en collaboration avec Juste pour rire, plusieurs rangées de sièges sont restées vides, en ce samedi après-midi de juillet, où l’on recherchait pourtant volontiers le confort des lieux bien climatisés.
Silence, on tourne! mise sur des quiproquos, revirements de situation, gags souvent salés, etc., une recette qui s’avère plutôt lassante. En fait, durant près de deux heures, un public bon enfant attend qu’on tourne la fameuse scène. De quoi finir par se demander si on tourne en rond!
Silence, on tourne!
Avec: Claudine Mercier, Marc St-Martin, Catherine Proulx-Lemay, Catherine Bouliane, Michel Olivier Girard, Roger Léger, Catherine Paquin-Béchard, Louis-Olivier Mauffette
Texte: Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras
Adaptation: Emmanuel Reichenbach
Mise en scène: Charles Dauphinais
Au Théâtre Gilles-Vigneault, à Saint-Jérôme, jusqu’à la mi-août / Billets
*Photos fournies par le Théâtre Gilles-Vigneault