Volta est explosif, sonore, toujours en mouvement. Les « familles » de personnages et les numéros se succèdent à un rythme effréné. Essoufflés vous dîtes ? Le concept d’ « entracte » dans le sens « temps de pause » n’aura jamais pris autant de sens que dans ce spectacle, pour le public comme pour les concepteurs.
Volta signifie « temps » en italien. Je ne sais pas s’il s’agit de sa véritable signification, mais partons de la prémisse que oui. Eh bien, une chose est sûre, Volta n’en perd pas ! Et, problème plus délicat, il n’en prend pas non plus… Oui, le Cirque du Soleil est une énorme machine tonitruante, dans laquelle chacun des spectacles présenté rivalise de sons, lumières, paillettes, fumée, scénographie… un « show » qui se veut impressionnant et divertissant et de ce point de vue, le contrat est respecté : les deux heures de spectacle passent à vitesse grand V…olta grâce à l’explosion de couleurs et de musique à laquelle le public est soumis et bien sûr, grâce aux numéros dont certains ont le don d’accélérer les battements de votre cœur !
Oui, mais voilà : le public n’a pas le temps. Pas le temps de voir les artistes arriver et sortir de scène, pas le temps de les applaudir, pas le temps de s’accrocher à l’histoire… histoire qui par ailleurs avait été mieux construite, mieux amenée et mieux conservée tout au long de Luzia, présenté l’été dernier. Et cela était remarquable : l’histoire faisait évoluer les acrobates et non l’inverse. Et même s’il était souvent difficile de suivre ses tenants et aboutissants, tellement celle-ci était éclatée, le public et les artistes évoluaient au même rythme.
Lorsque le Cirque prend le temps de poser une trame narrative – qui peut parfois déboucher sur des beaux moments de poésie…- le spectateur apprécie : il se raccroche à un propos. Malheureusement, cette beauté tranquille, cette suspension dans le temps, est souvent négligée et le style plus tapageur revient rapidement.
Et c’est là que la magie de l’entracte intervient, en nous permettant de reprendre nos esprits (et de tester nos tympans). Habituellement, les spectacles nous offrent une seconde partie plus rythmée, plus soutenue et ici, le contraire est observé. Non que l’on s’ennuie, mais on remarque une apaisante baisse de régime qui permet de mettre en valeur de beaux moments de grâce, à l’image du solo de danse du personnage principal.
Oui, le Cirque du Soleil se différentie de ses compatriotes plus « classiques », par sa démesure, repoussant sans cesse les limites du fameux « show ». D’ailleurs, les nouveaux numéros de BMX et celui réellement envoutant de suspension par les cheveux (!!!) montrent que le spectaculaire a encore de beaux jours devant lui pour faire frémir les spectateurs. Mais qu’en est-il de l’essence ? Du message ? Du ressenti ?
Tout est donc une question de rythme, certes, mais aussi d’âme ; un savant mélange effleuré dans Luzia, mais oublié dans Volta.
Volta du Cirque du Soleil est présenté jusqu’au 23 juillet sous le Grand Chapiteau, au Vieux-Port de Montréal.
Durée du spectacle
2 h 15 avec entracte
Toutes les photos: Patrice Lamoureux