L’hommage à la chanteuse Renée Claude, atteinte de la maladie d’Alzheimer, aura touché le public droit au coeur, ce (vendredi) soir, à la Maison symphonique avec, entre autres, Ariane Moffatt, Catherine Major et Marie-Denise Pelletier, accompagnées par l’Orchestre symphonique de Montréal.
La première ovation est allée à Louise Forestier, en parfait contrôle de son art et bouleversante dans Avec le temps ! Rappelons que Renée Claude a enregistré cette chanson culte sur un album consacré à Léo Ferré, couronné du Grand Prix de l’Académie Charles-Cros, en 1996.
Émotions fortes aussi lorsque Clémence entre en scène. Les spectateurs se lèvent d’un bond devant ce monstre sacré de la culture québécoise. Avec la simplicité désarmante qui la caractérise, elle confie au public qui remplit la Maison symphonique : «La dernière fois que j’ai vu Renée, elle a pris ma tête dans ses bras et elle m’a dit, je t’aime d’amour ! J’suis chanceuse, hein?» Elle interprète ensuite La ville depuis que Renée Claude a aussi enregistré sur son album Moi, c’est Clémence que j’aime le mieux !
Vibrant hommage de Stéphane Venne
Avant de passer aux grands succès des années 70 (Le début d’un temps nouveau, C’est notre fête aujourd’hui, Le tour de la terre, etc.), on a eu la bonne idée d’inviter sur scène l’auteur-compositeur de ces chansons, Stéphane Venne. La voix brisée par l’émotion, l’artiste a rappelé sa grande affection pour Renée Claude et son désarroi de voir cette tendre amie dépouillée de sa mémoire. Le septuagénaire a terminé avec une allusion à notre mémoire collective parfois défaillante, en nous incitant à nous rappeler que la devise du Québec est «Je me souviens».
Un message venu de Paris
Quant à Luc Plamondon qui a aussi écrit plusieurs chansons pour Renée Claude, il a envoyé, depuis Paris, un texte touchant lu par Clémence. Essentiellement, le parolier se souvient que c’est André Gagnon qui lui a présenté Renée Claude, à la fin des années 60, alors qu’elle était en peine d’amour. À la suggestion de «Dédé», Renée et Luc partent en voyage en Californie, d’où naîtra leur amitié et leur collaboration artistique. Plamondon conclut en souhaitant à sa chère Renée d’être heureuse, aujourd’hui, dans ses «Californie imaginaires» et il ajoute : «Tu vois, «Dédé» est encore avec nous», soulignant ainsi que le pianiste est lui aussi atteint d’Alzheimer.
Parmi les nombreux points forts de l’événement, il faut souligner l’apport des Voix boréales, un choeur d’une cinquantaine de jeunes filles dont les harmonies vocales ont délicatement enveloppé plusieurs des pièces. Les arrangements d’Antoine Gratton ont permis à l’OSM, dirigé par Adam Johnson, de se glisser gracieusement dans ce répertoire principalement basé sur les textes et les mélodies.
De plus, on a su utiliser à bon escient l’orgue de la Maison symphonique qui a donné une stature d’envergure, notamment, à la finale de L’hymne à la beauté du monde, interprétée par Isabelle Boulay. Rappelons que cette chanson de Plamondon et Christian Saint-Roch, popularisée par Diane Dufresne, avait d’abord été enregistrée par Renée Claude. On a aussi projeté quelques photos de cette dernière en préambule à un autre moment de grande émotion. L’indifférence par Kathleen Fortin tirait les larmes des yeux. Une voix belle et juste. L’intelligence du texte : «Là où vibrait la poésie Ne reste plus que l’aphasie». Ces paroles que chantaient Renée Claude dans l’opéra Nelligan (Michel Tremblay-André Gagnon) s’apparentent maintenant à une cruelle ironie du sort.
La soirée avait commencé avec la diffusion de la vidéo de Tu trouveras la paix (avec, entre autres, Ginette Reno et Céline Dion) et la remise, au Fonds de la recherche sur la maladie d’Alzheimer du CHUM, d’un chèque des 157,000 dollars que cette initiative a généré. C’est avec cette même chanson que les interprètes et l’OSM terminent ce concert lumineux ! Souhaitons que notre chère Renée Claude soit bercée à son tour par cette vague d’amour.
Renée Claude, la mémoire du coeur
Orchestre symphonique de Montréal
Direction musicale : Adam Johnson
Arrangements : Antoine Gratton
Animation et mise en place : Monique Giroux
Direction artistique : Nicolas Lemieux
À la Maison symphonique
15 novembre
Les profits de ce concert sont versés au Fonds de la recherche sur la maladie d’Alzheimer du CHUM (CRCHUM).