Une première montréalaise très réussie pour Décembre de Québec Issime. Après quatre représentations à La Baie, la troupe incluant Marc Hervieux et Marc-André Fortin nous arrive en pleine possession de ses moyens. Pas de doute, il faut être en forme pour présenter ce spectacle où chaque chanson a sa mise en scène avec décors. Les solistes doivent aussi être choristes en plus de participer aux chorégraphies, parfois même en chantant.
La magie s’installe dès le premier numéro alors qu’un chef excentrique dirige un choeur interprétant solennellement Mon beau sapin. Mais voilà que le gospel s’empare de la scène et que le maestro tombe à la renverse, avant de donner le signal au lever du rideau. Déjà les jeunes spectateurs éclatent de rire et semblent conquis.
L’enfant au tambour, Sainte nuit, Au Royaume du bonhomme hiver, etc., les grands classiques de Noël y sont, de même qu’un bon nombre de chansons québécoises. Entre autres, Marie-Noël de Robert Charlebois et Claude Gauthier, est féerique, alors qu’une ballerine tourne à l’intérieur d’une bulle.
«Quand décembre revient quand résonnent, sonnent Minuit, mon coeur se souvient des manèges de boules de neige»; ce beau texte est porté par la voix granuleuse d’Alexandre Lapointe qui ajoute quelques touches d’harmonica. Toute autre ambiance pour Lit vert de Plume Latraverse. «Y fait pas chaud Même si l’hiver est beau J’aurais ben l’ goût d’ sacrer mon camp Jusqu’au printemps», maugrée Sylvain Doré, en pelletant la neige d’un imposant escalier qui mène à l’église du village. Des rires approbateurs fusent dans la salle.
Marc-André Fortin revêt pour une douzième saison les habits de Monsieur le Curé et ceux de Martin Labbé coureur des bois. Il est d’ailleurs particulièrement touchant dans le beau monologue Noël au camp, popularisé par Tex Lecor. Ce texte nous rappelle, qu’il n’y a pas si longtemps, de nombreux Québécois devaient passer l’hiver aux chantiers pour faire vivre leur famille, sans même pouvoir retrouver leurs proches durant les Fêtes.
Et puis, Marc Hervieux est décidément l’homme de la situation pour le Minuit Chrétien chanté avec coeur et choeur depuis le jubé. Dans un tout autre registre, le ténor prend aussi un plaisir évident à entonner 23 décembre (Beau Dommage), Le sentier de neige (Les Classels) et même à «caller» un set et giguer ! Sa voix est belle et juste, mais elle est tellement puissante qu’on pourrait peut-être en diminuer l’amplification. Cela dit, le jeune Marc-Olivier Bergeron, 11 ans, a ravi la foule en chantant avec aplomb en duo avec Hervieux, une version bilingue The Prayer. Ils ont d’ailleurs reçu une ovation bien sentie.
Quant à Gabrielle Destroismaisons qui devait être de cette 17e édition de Décembre au Théâtre Maisonneuve, on nous indique laconiquement qu’elle a été remplacée par Catherine Labelle. Cela dit, on a parfois tendance à en faire trop durant ce spectacle de plus de deux heures. Entre autres, est-il vraiment nécessaire que le vent souffle sur le costume de la chanteuse qui interprète Ave Maria juchée sur le toit de la crèche ? Greensleeves avec ses chorégraphies nébuleuses m’a parue longue et «La petite fille aux allumettes» a du mal à trouver sa place, à côté des supplications déchirantes de «La Charlotte prie Notre-Dame».
Il n’en reste pas moins que Décembre est un spectacle unique, combinant des classiques internationaux et des airs typiquement québécois dans un feu roulant de chorégraphies et de changements de décors. L’un des temps forts de la soirée est d’ailleurs ce medley de Chasse-galerie (Claude Dubois) et de Martin de la chasse-galerie (Michel Rivard) entrecoupés de numéros de danse à la Riverdance. Un traitement de haut de gamme pour ces grandes chansons de chez nous. Bref, c’est à voir et vos enfants aussi aimeront.
Décembre de Québec Issime
Avec, entre autres, Marc Hervieux et Marc-André Fortin
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, jusqu’au 29 décembre