La nouvelle création de Marie Chouinard est en quelque sorte une chorégraphie du mouvement respiratoire. En effet, une douzaine de danseurs interprètent «M» au son de respirations et diverses exclamations qui sont répétées en boucles et deviennent une étonnante partition musicale! Ce spectacle est aussi une explosion de couleurs vives qui nous entraîne dans un univers joyeusement bigarré!
Au rythme des respirations
En soixante minutes et sans utiliser un seul mot, Marie Chouinard touche à ce qu’il y a de fondamental chez les êtres vivants : le souffle. «M» se met en branle au rythme d’inspirations et d’expirations.
Mais, d’abord, quatre danseurs sont assis sur scène et ils écoutent la pluie tomber. Progressivement rejoints par leurs complices, ils dressent ensemble un portrait tendrement moqueur des humains. Cris d’émerveillement, d’agacement, grognements, etc., ces séquences sonores sont traduites en mouvements qui déclenchent souvent des rires!
Perruques et pantalons flamboyants !
Hommes et femmes dansent torse nu, arborant tous des perruques dans les teintes de fuchsia, mauve, etc. Leurs pantalons sont de couleurs rose, orange et vert fluo.
Les épaules ondulent, les hanches se balancent… Avec leurs longs bras grands ouverts, ils invitent l’autre à une étreinte.
Au matériau sonore de base, s’ajoute la musique de Louis Dufort qui emporte les interprètes dans des mouvements de groupe, dont certains danseurs se détachent, à l’occasion. Un peu comme dans nos vies, il y a des moments de turbulence, où on semble exprimer des prises de bec ! Entre autres, une danseuse s’agite au son de cris gutturaux. On dirait Yma Sumac, «la Castafiore inca», en colère ! Hilarant !
L’enregistrement des voix et la programmation audio sont épatants ! Ce travail minutieux m’a rappelé les belles années du groupe britannique The Art of Noise.
Folie et sagesse
Déjà bien rodé, «M» nous arrive de Québec, où il a été présenté en première mondiale, au Grand théâtre, la semaine dernière.
Dans le programme de la soirée, auquel on peut accéder avec un téléphone cellulaire, Marie Chouinard résume ainsi son nouveau spectacle : «Une communauté qui avance, précise au quart de tour, et qui percute, en boucle, les racines de la folie et de la sagesse. Les blocs du réel s’écroulent? Dans un nouvel ordre désordonné, pointent les amicales et lumineuses connexions du prendre soin. Les mouvements de l’âme : pour mieux voir, savoir, goûter. Et fermer les yeux en souriant.»
Une danse du bonheur
Même si l’affiche et la vidéo promotionnelle de «M» ont été censurées sur Facebook et Instagram, en raison de la nudité, la nouvelle production de la Compagnie Marie Chouinard semble tirer son épingle du jeu. Le Théâtre Maisonneuve était bien rempli pour la première médiatique de cette chorégraphie qui est à l’affiche jusqu’à samedi.
La joie d’être vivant émane de ce spectacle dont la généreuse lumière est un baume dans notre hiver et nous aide à rêver au printemps. Bien joué!
«M»
Chorégraphie et partition vocale : Marie Chouinard
Avec la participation des danseurs : Carol Prieur, Valeria Galluccio, Motrya Kozbur, Paige Culley, Clémentine Schindler, Luigi Luna, Jossua Collin Dufour, Adrian W.S. Batt, Celeste Robbins, Michael Baboolal, Rose Gagnol et Scott McCabe
Lumières, scénographie, costumes et perruques : Marie Chouinard
Musique : Louis Dufort
Enregistrement des voix : Vincent Blain
Programmation audio : Maxime Lambert, Félix Lefebvre et Jérôme Guilleaume
Au Théâtre Maisonneuve : du 31 janvier au 4 février
*Crédit photo : Sylvie-Ann Paré