Angèle Dubeau & La Pietà ont une fois de plus gagné leur pari, ce soir, avec un concert de musique de Philip Glass longuement ovationné! De plus, la Salle Bourgie était bien remplie, ce qui contraste avec plusieurs concerts récents de prestigieux invités étrangers pour lesquels le public était loin d’être aussi nombreux. Plus encore, la violoniste qui, en 2008, s’était vue autorisée à enregistrer des oeuvres du compositeur américain, a donné un généreux avant-goût des pièces qui seront sur son deuxième album consacré à Philip Glass.
Qui d’autre qu’Angèle Dubeau peut convaincre des centaines de Montréalais de sortir de chez-eux pour aller écouter de la musique répétitive, par un soir d’hiver, alors que le stationnement est un casse-tête dans les rues de Montréal? Visiblement, les nombreux admirateurs de cette artiste charismatique prennent plaisir à se retrouver avec elle hors des sentiers battus.
Accompagnées de douze musiciennes (violons, altos, violoncelles, contrebasse et piano) Angèle Dubeau lance la soirée avec l’Ouverture de La Belle et la Bête qui est aussi la première pièce de l’album Philip Glass Portrait, l’un des plus marquants de la Québécoise. On aura droit également au premier mouvement de la suite The Hours, bien connue du grand public. Ce concert fera aussi largement place à la découverte pour de nombreux spectateurs, ce qui n’est pas anodin.
Il y a quelque temps, j’ai contacté l’équipe de Philip Glass, explique madame Dubeau, dans le but d’obtenir la permission d’enregistrer d’autres pièces du compositeur qui est toujours actif à l’âge de 86 ans. «On m’a répondu, oui, tu as carte blanche! On te fait confiance!», résume-t-elle sous les applaudissements. C’est ainsi qu’un deuxième Philip Glass Portrait devrait être lancé dans quelques mois.
Plusieurs des pièces que Dubeau et La Pietà s’apprêtent à enregistrer ont d’ailleurs été jouées en ce mercredi soir, dont l’envoûtant «Opening» de Glassworks (1981) et «Movement IV» de la Symphonie no 3 (2009), dans un ingénieux arrangement de Michael Riesman. Au programme, également, un arrangement pour cordes de la première partie du Quintette avec piano no 1 composé en 2018, sans oublier une audacieuse adaptation du 3e mouvement d’une sonate pour violon et piano rarement jouée et enregistrée.
De l’aveu même de la violoniste, ces pièces sont encore nouvelles pour elle. Il y a là de nombreux défis à relever sur le plan technique. On assistait donc ce soir, en quelque sorte, à l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’aventure d’Angèle Dubeau et son public dans l’univers du compositeur Philip Glass.
Le but de la répétitivité est de créer une sorte d’hypnose des sens et on peut dire que le public s’est abandonné à cette bénéfique perte de repères durant environ 90 minutes. Une fois de plus, l’audace de la violoniste porte ses fruits. Elle en sera à son 48e album en publiant son second portrait de Philip Glass, probablement en juin prochain.
Entretemps, Angèle Dubeau & La Pietà seront de retour à la Salle Bourgie, le 2 avril, pour un concert de musique de Ludovico Einaudi.