Juste à temps pour la relâche scolaire, le cinéma Le Clap présente une belle diversité de films pour plaire aux petits et grands. Parmi ceux-ci, on retrouve le film d’animation Félix et le trésor de Morgäa, l’aventure animée Calamity, Tom et Jerry en français et VOA, Wonder woman en français et VOA, le film français De Gaulle, en ainsi que le retour en salle de La déesse des mouches à feu. Pour ma part, j’ai opté pour aller voir Chute Libre et La montée deux films en version originale anglaise sous-titrés en français ainsi que le film français Été 85.
Après plusieurs semaines sans cinéma, la réouverture de ceux-ci est très appréciée des cinéphiles qui sont au rendez-vous pour cette semaine de relâche. Bien que l’on doive conserver le masque de procédure bleu tout au long de notre expérience cinématographique, et garder une distance de deux bancs entre chaque bulle familiale, les gens sont respectueux des règles et heureux de retourner au cinéma, même s’il n’y a pas un gros achalandage, du moins pour ces deux premières journées.
Chute libre Un film de Viggo Mortensen
Présenté en V.O.A.S.-T.F. Durée: 112 min
Résumé : Après un énième incident dangereux causé par les pertes de mémoire et la démence sénile de son père Willis, qui habite seul dans la ferme familiale de l’État de New York, le pilote de ligne John Petersen l’accueille chez lui en Californie pour quelques jours. Le vieillard homophobe et raciste s’empresse de faire la vie dure à son fils, qui a épousé un infirmier chinois et adopté une petite fille d’origine hispanique. Invité chez sa fille Sarah, qui a fondé une famille dans un quartier près de chez John, Willis provoque tous les convives par ses propos salaces et injurieux. Inquiet pour le bien-être de son père, John tente de le convaincre de quitter sa ferme et les rudes hivers du nord du pays pour s’installer dans une résidence pour aînés, sous le chaud soleil californien.
Chute Libre est un film coup de poing qui fait mal en dedans, mais qui est également poétique et tout en sensibilité par moment. Un contraste sur toute la ligne. Viggo Mortensen (Aragorn dans le Seigneur des anneaux) a écrit et réalisé ce troublant film sur la relation d’un fils et son père qui souffre de démence. Tout un défi qu’il relève avec brio. Sujet qu’il connaît puisque son beau-père et ses grands-parents en ont aussi souffert, Viggo a réussi à traiter de cette maladie et ses dommages collatéraux avec beaucoup de sensibilité, de réalisme et d’authenticité.
Lance Henriksen qui incarne ce père odieux, homophobe et raciste qui mélange ses souvenirs avec le présent et injure ses proches comme un mécanisme de défense, livre une performance hallucinante. Autant on voudrait le remettre à sa place et le frapper parfois, autant on sent toute sa vulnérabilité, lorsqu’il se sent perdu et qu’il sait que ses jours sont comptés. À son opposé, Viggo Mortensen qui incarne le fils est d’une douceur, d’une patience et d’une retenue sans nom. Tout les oppose et tout est propos à discorde et engueulades. L’un est traditionaliste et conservateur, l’autre est progressiste et tend vers la modernité. L’un est intolérant aux diversités, l’autre est accueillant aux différences. L’un habite dans sa vieille ferme et sa ruralité lui manque. L’autre apprécie l’art et les nouveautés urbaines.
Ces confrontations verbales, ces injures que crache le père à ses enfants et petits-enfants, sont épuisantes à endurer. Et elles sont entrecoupées, par chance, par des souvenirs souvent heureux, et doux du passé de cette famille, ainsi que des images de cette ancienne vie rurale, au bord de l’eau, dans les champs, avec une belle musique apaisante. Ce contraste dans les images et les émotions est bienvenu pour nous calmer entre chaque éclatement vocal. Sublime film à voir absolument.
Drame psychologique écrit et réalisé par Viggo Mortensen. Mus. orig.: Viggo Mortensen. Int.: Viggo Mortensen, Lance Henriksen, Sverrir Gudnason, Laura Linney, William Healy.
Été 85 Un film de François Ozon
Présenté en V.O.F. Durée: 100 min
Résumé : L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu’un été ? L’été 85…
Adapté librement du roman La danse du coucou, d’Aidan Chambers, Été 85 raconte l’idylle entre deux garçons. Un premier amour, c’est beau, c’est vibrant, peu importe que ce soit une relation hétéro ou homosexuelle. Et la première peine d’amour est d’autant plus déchirante quand elle survient de manière inattendue, après seulement six semaines de pur bonheur. C’est ce que le jeune Alexis va apprendre à ses dépens dans ce film.
François Ozon n’aurait pas pu mieux choisir ses interprètes. Ils sont magnifiques à voir ensemble. La chimie fonctionne et tout leur semble si naturel pour Félix Lefebvre (Alexis) et Benjamin Voisin (David). L’un a les yeux brillants et rieurs, en compagnie de l’autre. Et l’interprète de David a ce côté charmeur, frondeur et une assurance à tout casser. Rien ni personne ne lui résiste. Mais quand il vous décoche son regard pénétrant, on comprend qu’il y a une dualité en lui, une complexité et un déséquilibre qui annonce une tempête à l’horizon.
Il est bien de pouvoir regarder ce film sur grand écran pour voir les superbes images de la côte normande que François Ozon nous présente pour nous faire rêver. De plus, le réalisateur a bien structuré son récit de manière à nous créer un suspense. Il débute le film sur une arrestation et tout au long du film, on alterne entre le passé et le présent, à la recherche de ce qui a pu se passer pour que cela se termine sur ce délit. Et bien sûr, François Ozon nous amène sur de fausses pistes et nous tient en haleine, en plus de nous divertir avec cette douce histoire de premier amour.
Drame réalisé par François Ozon. Scén.: François Ozon, d’après le roman de Aidan Chambers. Mus. orig.: Jean-Benoît Dunckel. Int.: Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni Tedeschi, Melvil Poupaud.
Montée, La Un film de Michael Angelo Covino
Présenté en V.O.A.S.-T.F. Durée: 98 min
Résumé : Bien que très différents, Kyle et Mike sont des amis de longue date. Toutefois, leur lien sera brusquement rompu lorsque Mike avouera à Kyle qu’il a couché avec sa fiancée. Malgré cette coupure, ils seront réunis de nouveau puisque Mike, devenu alcoolique, sera invité à fêter l’Action de grâce dans la famille de Kyle, au grand désarroi de ce dernier. À la demande de la mère de Kyle, Mike tentera de convaincre son ancien ami de ne pas marier Marissa, sa flamme de l’école secondaire.
Que dire de ce film pour le moins étrange dans sa structure, dans sa présentation et dans son aboutissement ? C’est à la fois comique, dramatique, surprenant et déstabilisant. Ce film est en fait un hommage à l’amitié entre ce Kyle et Mike (Kyle Marvin et Michael Angelo Covino qui ont coécrits, réalisent et interprètent ces deux personnages). On y suit les hauts et les bas (surtout les bas) de leur relation au fil des années. Mais c’est la façon de nous le présenter qui est fascinante et déroutante. Ils ont choisi des moments clés de leur relation et de nous les présentent sous forme de chapitres (avec des titres de chapitres). Et ce sont tous de grands plans-séquences que l’ont voit se dérouler devant nous, comme si on se promenait autour d’eux, allant de pièce en pièce écouter les conversations de l’un et de l’autre. C’est vraiment spécial. Mais ce qui est le plus déroutant, c’est lorsqu’il y a des interludes parfois avec des bouts de chansons, comme des petits vidéoclips qui s’intercalent dans les chapitres. Avec des chansons de Gilbert Bécaud, Nicole Martin (Oui paraît-il) Isabelle Pierre (Les enfants de l’avenir), Stéphane Venne, on nous montre par exemple, un couple qui fait du ski artistique, ou un trio de musiciens qui jouent sur un lac gelé. C’est vraiment déstabilisant.
Il y a plusieurs moments très drôles, d’autres qui sont touchants et j’adore la manière surprenante parfois dont le réalisateur nous transpose d’un lieu à l’autre (du cinéma au mariage de Kyle), ou d’une saison à l’autre, dans le stationnement de la maison, alors qu’on passe du party d’Halloween au party de Noël…c’est très ingénieux. Au final, cette mi-comédie, mi-tragédie est très plaisante à regarder. Et la séquence d’ouverture est à couper le souffle, au sens propre autant que figuré.
Comédie dramatique réalisée par Michael Angelo Covino. Scén. : Michael Angelo Covino et Kyle Marvin. Int. : Michael Angelo Covino, Kyle Marvin, Gayle Rankin.
Pour l’horaire de tous ces films au cinéma Le Clap ainsi que la liste des autres films présentés dans ce cinéma : http://www.clap.qc.ca/