Chanel Cheiban, interprète et chorégraphe d’origine libanaise, explore à travers sa danse les liens entre son histoire personnelle, les cultures du monde et la nature. Forte de ses expériences dans diverses compagnies, elle a développé un langage corporel unique qui lui permet de raconter des histoires puissantes. Son prochain projet, « El kamar bi zaher », présenté à Tangente, du 16 au 19 janvier 2025, s’inscrit dans cette démarche de recherche et de création.
Aujourd’hui j’ai eu le grand plaisir de parler avec elle de son art et de son prochain spectacle.
Jacqueline : Est-ce que tu as toujours su que tu voulais être une artiste?
Chanel : Je pense que j’ai toujours été une artiste. Mais est-ce que c’était la vocation que je pensais vouloir faire ? Je pense que non, je le faisais plus pour le fun quand j’étais plus jeune, je pensais que je voulais être psychologue pour aider les gens, parce que j’aime aider les gens.
Je suis entrée au Collège LaSalle en Design de Mode, mais seulement pour une session après le secondaire. J’ai trouvé ça trop commercial. Il n’y avait pas assez d’espace pour l’expression artistique. Donc j’ai fini par aller en danse parce que c’était déjà quelque chose que je pratiquais. Et en 2022, j’ai obtenu mon diplôme de l’École de danse contemporaine de Montréal.
Jacqueline: Et en danse, tu as trouvé vraiment ‘‘your calling’’ comme on dit en anglais!
Peux-tu parler un peu de ton spectacle « El kamar bi zaher »?
Chanel : Le titre « El kamar bi zaher » signifie La lune qui fleurit. C’est très poétique, comme dans les chansons classiques orientales. Il y a justement beaucoup de poésie, on y fait parfois mention de la nuit ‘leil’, la lune ‘qamar’. C’est un peu ça qui m’a habitée. Ce sont souvent des thèmes qui reviennent dans les chansons arabes classiques.
Puis la chanson principale qui est reproduite par les musiciens, à leur façon, s’appelle Alf Leila Wa Leila, qui traduit en français se dit : Mille et Une Nuits. Originalement, la composition de cette musique comporte des patterns musicaux, qui se répètent avec des variantes dans l’amplification, l’intensité… Les modes de la musique arabe se répètent mais c’est jamais la même chose. Cette musique reflète en parallèle les cycles qu’on traverse au fil de la vie, de l’année et des saisons, et bien sûr, les cycles de la lune, du soleil, du jour et de la nuit, on se transforme aussi de façon volontaire ou non.
Jacqueline: Comment tu as trouvé tes collaborateurs pour ce spectacle ?
Chanel : Au début, c’était sans musiciens. Cependant, je me suis dit que j’aimerais vraiment être avec des musiciens live pour le faire. Je voulais chercher une femme qui joue du oud, et je suis tombée par hasard sur Nadine Altounji, sur Internet, puis j’ai appris à la connaître et on a cliqué !
On s’est comprises. Puis, un jour, Najla Jaffel est passée au studio parce que Nadine me la recommandait, parce qu’on voulait travailler la chanson. Quand je l’ai rencontrée, je ne savais pas que j’allais inclure une chanteuse dans mon projet mais j’ai vraiment eu un coup de cœur pour sa présence, sa générosité, puis, ouais, j’étais juste comme, je vais trouver une façon pour qu’il y ait une chanteuse dans le projet.
Ensuite, il y avait précédemment Anas Jellouf, un excellent musicien. Mais au fil du processus, ça a changé. Et maintenant, c’est le multi-instrumentiste Osin Hannigan qui est avec nous, doté d’une grande sensibilité artistique. C’est encore Nadine qui m’a conseillé, parce qu’elle est dans le milieu de la musique depuis une vingtaine d’années.
Jacqueline: Comment décrirais-tu ton projet en un flash de 4 phrases, ce serait quoi ? Pourquoi on devrait assister et vivre ce spectacle ?
Chanel : J’ai l’impression que c’est une première de présenter un spectacle multidisciplinaire hybride de danse moyen-orientale et de danse contemporaine à Tangente. C’est une invitation pour les gens qui veulent découvrir la culture arabe et entendre la beauté de la musique du Moyen-Orient et du Proche-Orient … et .. on va même inviter les gens à venir prendre le thé ! Donc définitivement une première à Tangente.
Alors, vous êtes invités dans mon salon!
Jacqueline: Comment as-tu découvert la musique arabe, en particulier la musique d’Oum Khaltoum?
Chanel : En 2020 pendant la pandémie. En fait, j’étais souvent sur YouTube et j’écoutais des podcasts et de la musique. Un jour, je suis tombée sur le National Arab Orchestra. La reprise de Alf leila wa Leila de Mai Farouk m’a vraiment touchée. Je reconnaissais les mélodies mais je ne connaissais pas le nom d’Oum Khaltoum avant ce moment-là. C’était le début de la démarche de ce spectacle.
Jacqueline : Merci Chanel, je pense qu’il faut absolument voir ce spectacle bien particulier en janvier!
Crédit photo : Étienne de Durocher
El kamar bi zaher