Deux de mes auteurs québécois préférés, Valérie Chevalier et Matthieu Simard, ont uni leur plume et leur talent pour écrire un premier roman à quatre mains, Presse-jus aux éditions Hurtubise. Voici donc un bel amalgame de l’humour inégalable de Matthieu Simard et la prose poétique de Valérie Chevalier, dans cet échange épistolaire entre Hugo, papa de Noah et Pauline, lutine du père Noël.
Résumé : Il y a Hugo, qui écrit une lettre au père Noël pour son petit garçon. Puis il y a Pauline, la bénévole de Postes Canada, qui lui répond. D’une lettre à l’autre, une relation singulière se développe entre ces deux êtres complexes, parfois niaiseux, souvent fragiles, mais très attachants.
Bien que le titre de ce roman semble faire référence à un équipement de cuisine pour extraire le jus des fruits tels que l’orange, il est plus question de presser le jus des confidences, des souvenirs parfois douloureux, tantôt heureux et des réflexions sur la vie entre Pauline et Hugo, au fil de leurs échanges qui s’étalent sur plus d’un an.
Après quelques lettres échangées entre Noah, 4 ans et la lutine du père Noël, c’est Hugo, son papa qui prend les rênes des écrits de son fils pour échanger avec Pauline, infirmière en salle d’accouchement et bénévole chez Poste Canada durant le temps des fêtes. De page en page, de jour en jour, de lettre en lettre, nous le lecteur, sommes témoins de leurs moments rigolos, leur quotidien banal et léger qu’ils se racontent. Nous sommes également privilégiés de recevoir leurs confidences sur des sujets plus douloureux et sur les moments tendres et heureux de leur existence.
Entre eux, il y a des moments doux, des réflexions sur divers sujets parfois difficiles comme le deuil, la peine d’amour, les ruptures, la solitude. Mais il y a aussi des moments de réconforts, qu’ils s’offrent mutuellement, à longue distance, mais en grande humanité.
Et malgré la distance, il y a aussi des échanges corsés, sur des malentendus, des désaccords, des paroles blessantes par inadvertance, d’autres par vengeances. Bref, on suit leur relation au loin, de très près et on est happé par ce qu’ils ont à se dire, mais aussi à se cacher.
Naturellement, je n’entrerai pas dans les détails de ce qu’ils se racontent. Je préfère vous laisser le découvrir vous-même. Parmi mes moments préférés, je dois dire que lorsqu’ils abordent la musique, les chansons qui les allument, je me suis aussi prêté au jeu et j’avais l’impression de participer un peu à leur chaine de lettres.
Au final, j’ai retrouvé avec plaisir l’humour rafraichissant de Matthieu Simard : Extrait : ‘Tu te demandes si je suis un grand sportif. Eh bien, sache que je possède des haltères. Je ne les utilise pas, bien sûr, mais ils sont là, dans un coin de mon salon, prêts à toute éventualité. En plus, il m’est arrivé quelques fois de manger à la Cage aux Sports. Alors suis-je un grand sportif ? il me semble que c’est une évidence’.
J’ai également retrouvé avec autant de bonheur la prose poétique de Valérie Chevalier : Extrait : ‘Je n’ai pas de carapace comme la tienne, je crois plutôt que je suis pleine de vitraux. Une église de trous que la foi aurait recollée, puis décorée comme on fleurit un tombeau. Un espace sacré où ne s’aventurent que les fidèles. Ils sont peu nombreux à connaître mon histoire. Je ne la raconte jamais. Avec toi, c’est différent, peut-être.’
Sans raconter la fin du livre, je dois dire que j’aurais aimé en avoir plus, en savoir davantage sur les minutes qui ont suivi les dernières lignes… Une suite peut-être? …
Animatrice, chroniqueuse, comédienne et écrivaine, Valérie Chevalier est une personnalité connue et aimée au Québec. Elle a publié chez Hurtubise sept romans à succès : Tu peux toujours courir (2015, 2022), La théorie du drap contour (2016, 2023), Les petites tempêtes (2017), Tu peux toujours rester (2019, 2022), Le vacarme des possibles (2021), Rose des vents (2023) et Les certitudes vagabondes (2024). Quelques-uns de ses romans ont également été édités en France. Elle est aussi coautrice de l’ouvrage Créatrices (2019), qui présente le parcours de 30 artistes québécoises d’exception. Ses romans, à l’écriture fine et à la narration dynamique, ont tous été acclamés par le public québécois et la critique.
Matthieu Simard est un écrivain et scénariste reconnu. On lui doit, entre autres, le film adapté de son livre à succès Ça sent la coupe et porté au cinéma par Patrice Sauvé. En tant qu’auteur, Matthieu Simard a publié cinq romans à succès entre 2004 et 2011 aux Éditions Stanké. En avril 2004 paraissait le roman à sketches Échecs amoureux et autres niaiseries, suivi en septembre 2004 par Ça sent la coupe, puis par Douce moitié en mars 2005. En octobre 2006, il publiait Llouis qui tombe tout seul, qui a été en nomination pour le Grand Prix littéraire Archambault 2008. Après cinq ans d’attente, il revient en force en septembre 2011 avec La tendresse attendra, un roman de peine d’amour et de plomberie. Puis Matthieu publie un premier roman aux éditions Alto Ici, Ailleurs, et ensuite le second roman Les écrivements pour lequel il a remporté le Prix littéraire France-Québec en 2019. Quinze ans après son premier roman, il publie en 2019, aux éditions Stanké, le roman Une fille pas trop poussiéreuse.
Date de parution : 14 novembre 2024
Nombre de pages : 208 pages
Prix : 22.95$
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/
Mon appréciation de leurs romans précédents :
Valérie Chevalier : https://lesartsze.com/tu-peux-toujours-rester-de-valerie-chevalier-quel-beau-cadeau-pour-ses-lecteurs/
https://lesartsze.com/les-certitudes-vagabondes-exploration-relations-amoureuses/
https://lesartsze.com/le-vacarme-des-possibles-une-autofiction-entre-poesie-et-recit-romanesque/
Matthieu Simard : https://lesartsze.com/une-fille-pas-trop-poussiereuse-humoristique-original-et-dejante/