À la traîne des premiers jours d’automne dans l’hémisphère nord, les soupirs et les plaintes s’échappent des lèvres de ceux qui savent la longueur et l’intensité de nos saisons hivernales. Alors, lorsque l’on entend un accent méditerranéen et la chaleur qu’elle évoque, il semble que l’on peut déjouer le temps pour un instant et chasser les promesses d’un hiver imminent.
C’est ce que l’accueil du directeur artistique du Centre Léonardo da Vinci, Roberto Medile, a engendré sur l’auditoire, lors de sa présentation du spectacle Le monde en musique, mettant en vedettes des artistes de l’Europe de l’Est, au talent incroyable, les Trofanov.
Lorsque le ciel se peuple de nuages et lorsqu’une brise se pointe pour taquiner ces formes cotonneuses, s’ensuit un enchaînement de formes et d’images créant une danse céleste.
La musique des Trofanov a su créer cette série d’images et donner corps aux sentiments intangibles, qui trop souvent nous échappent, inexprimable par notre vocabulaire insuffisant, inadéquat.
Ces images ont transporté les membres du public dans un monde sensible, leur donnant vue sur leur jardin secret, fréquentés par des ombres mélancoliques.
Sergueï Trofanov, né en Moldavie en 1960, a été initié par son père, musicien et danseur à l’accordéon, à la balalaïka et la flûte de paon. Mais c’est un voisin tzigane qui a inculqué les premières notions de violon à M. Trofanov, qui a ensuite complété son éducation musicale au conservatoire de Kichinev, situé dans la capitale de la Moldavie. Désormais violoniste virtuose incontesté, M. Trofanov a su mettre à profit ses techniques classiques, afin de magnifier les acquis de son premier maître tzigane. Il orchestre tout. Il joue, il compose, il chante et fait les arrangements musicaux. Sa simplicité et son authenticité donnent une fluidité à sa musique, son interprétation, sa présence. Il arrive, avec une justesse qui révèle la maîtrise de son art au millimètre près, à prendre toute sa place lorsqu’il interprète un solo, à supporter lorsqu’il joue avec d’autres musiciens et à compléter leurs trames musicales et à par moment, à complètement s’effacer.
Quant à Mme Olga Trofanova, pianiste dont le doigté d’une précision cristalline trahit un talent à la hauteur de M. Trofanov.
Ce qui est incroyable de ce duo, c’est que ces deux musiciens semblent respirer ensemble et faire partie d’une même entité dont le cœur bat au même rythme. Leur écoute est palpable et rend le silence plein, présent.
Le répertoire tzigane qu’ils nous ont interprété a été ponctué de thèmes musicaux cinématographiques tirés des films Dr Zhivago, Parfum de femme et Cinéma Paradiso. Des romances russes des années 1800 ont comptés parmi les belles surprises de leur répertoire, ainsi qu’une pièce roumaine de M. Ionesco, une « Alouette », qui fait rougir celle de notre répertoire portant le même nom.
Comme il m’est toujours impossible de mettre en mots les mélodies jusqu’à ce jour, venez les entendre vous-mêmes, vendredi, le 16 décembre prochain à l’Église de Notre-Dame d’Anjou à 20h. Surtout, venez découvrir le talent de la fille de Mme Trofanova, Jenya avant qu’elle ne devienne une star inatteignable!
Le monde en musique
13 novembre 2017
Sergueï Trofanov : voix et violon
Olga Trofanova voix et piano
Le Centre Leonardo da Vinci
8370 boulevard Lacordaire
Saint-Léonard, Québec
H1R 3Y6
Prochain spectacle:
Le monde en musique
16 décembre
Église Notre-Dame d’Anjou
20h