François Leblanc vient de publier aux Éditions Druide son plus récent roman Coyotes et alligators. Ce roman, c’est deux garçons de dix et douze ans, une ville en décrépitude, une fugue du camp de survie qui tourne au cauchemar, des péripéties bien ficelées et surtout la plume imagée et captivante de François Leblanc qui nous tient en haleine et en émoi, tout au long de cet étrange récit de route, sombre et inquiétant.
Résumé : Il a douze ans, l’âge du cul-de-sac de l’enfance. Partagé entre une mère hospitalisée pour des raisons obscures et un père qu’il déteste, obsédé par le Livre Guinness des records et les mystères de l’univers, il accepte sa solitude avec le stoïcisme de ce Hollandais qui est resté immergé dans la glace durant une heure quarante-deux minutes vingt-deux secondes. Jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre de Sébastian, alias Jésus, cet enfant pur dont il deviendra le protecteur et l’apôtre. Ensemble, ils s’évaderont de l’absurde camp de survie où ils devaient passer l’été et tenteront de rejoindre la rivière, sans se douter de ce qui les attend. C’est l’histoire, surtout, d’une ville en déliquescence où la nature a repris ses droits, où les animaux chassent les humains et où des enfants disparaissent sans laisser de trace.
Quelle belle découverte pour moi, que cette plume de François Leblanc ! De plus, l’idée de suivre deux jeunes garçons qui tentent de survivre à une fugue d’un camp de survie, dans une ville qui se meure et dont les étrangers sont inquiétants et les animaux et la nature ont repris le contrôle, voilà une prémisse d’histoire que je ne voulais pas manquer. De plus, l’image un peu floue de la page couverture, avec les deux garçons, m’a interpellée. Cette image est l’œuvre de l’artiste visuelle Adriana Coluccio et elle représente bien ce roman.
Sans trop savoir dans quelle ville on se trouve, ni dans combien d’années dans le futur cela se passe, ou encore pourquoi cette ville est si mal en point, avec ses itinérants inquiétants, ses animaux qui traquent les gens et la forêt qui reprend ses droits sur la ville qui elle tombe en ruine, on suit ce jeune narrateur de douze ans nous raconter ses journées au camp de survie.
Étrangement, le camp de survie est probablement l’endroit où il apprend le moins à survivre. C’est là où il est le plus en sécurité, malgré les trois garçons qui ne cessent de l’intimider,lui et les autres jeunes. Peu à peu, on apprend à connaître la vie familiale de ce garçon dont le père travaille de nuit et la mère tente de retrouver la raison dans un hôpital loin de chez lui. Et c’est quand il rencontre Sébastien au camp de survie que l’on apprécie cette amitié naissante et que l’on suit avec passion cette fugue du camp de survie où la peur, la tension et les revirements de situations s’accumulent et nous fait prévoir le pire dénouement pour ces deux garçons.
François Leblanc a un véritable talent de raconteur et on ne s’ennuie pas un seul instant, dans cette ville inquiétante, avec ces personnes étranges, où le crime et la misère se côtoient. Au final, on se souviendra de cette amitié, qui est à peu près la seule lumière dans ce roman noir.
François Leblanc est né à Montréal et a eu une enfance normale, c’est-à-dire ponctuée de moments terrifiants et de cruelles humiliations. D’un livre à l’autre, il manie habilement l’humour et fait toujours preuve d’une grande sensibilité dans le portrait qu’il brosse de ses personnages. En nomination pour le Prix de la nouvelle Radio-Canada en 2012, il a également publié un recueil de nouvelles et collaboré à diverses revues littéraires québécoises (Moebius, Le Sabord, Alibis) au fil des années. Après avoir exploré les obsessions féminines dans Le fruit de mon imagination (Druide, 2016), le psychologue romancier plonge dans Coyotes et alligators tête première dans le cauchemar de l’enfance.
Nombre de pages : 208 pages
Collection : Écarts
Paru le 12 février 2020
Prix 19,95$
Les Éditions Druide
https://www.editionsdruide.com/