Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas. Je m’en vais au Yukon. Tout est plus grand là-bas. Les montagnes majestueuses s’élèvent fièrement vers le ciel, les rivières coulent tumultueusement à travers les vallées et les vastes étendues de nature sauvage s’étendent à perte de vue. C’est un endroit qui te fait te sentir petit, mais dans le bon sens. Une fois que tu y mets les pieds, tu prends conscience de la grandeur du monde et de ta place en son sein.
La pièce Dernière frontière, présentée au Théâtre aux Écuries, à Montréal, du 30 novembre au 9 décembre, propose aux spectateurs un voyage introspectif à l’intersection du théâtre documentaire et du récit personnel. Ce n’est pas simplement une histoire racontée, mais une tentative d’illustrer une perspective manquante. Sans prétendre apporter toutes les réponses, elle aspire à poser un morceau de casse-tête sur la toile de fond, magnifique, qu’est le Yukon.
Le Yukon
Quand Véro Lachance arrive au Yukon, en 2017, iel est ébloui par la beauté des paysages. Les montagnes imposantes se dressent devant elleux, les rivières tumultueuses lui font entendre leur chant puissant et la nature sauvage l’entoure de toute part. C’est comme si le Yukon avait été créé spécialement pour lui faire ressentir l’immensité de l’univers et la petitesse de son existence.
Dernière frontière donne une voix aux nombreuses nations autochtones du Yukon, qui se dressent comme une trame de fond tout au long de la pièce. Leurs histoires, leurs traditions et leur connexion profonde avec cette terre sont mises en lumière, mettant ainsi en évidence l’importance de respecter et de préserver leur héritage.
Les récits émouvants
La performance captivante de Dernière frontière oscille entre satyre, autodérision et moments émouvants. Elle critique avec subtilité et intelligence la folklorisation de la région reculée, soulignant les contradictions et les inégalités qui existent entre la population autochtone et les résidents venus chercher fortune. À travers les récits de Chloé Barshee, Frédérique Pierre, Marie-Christine Boucher, John Fingland et moi-même, une histoire se dessine. Une histoire qui nous pousse à réfléchir sur le colonialisme, la ruée vers l’or, l’exploitation capitaliste et les conflits qui en résultent.
En travaillant avec Chloé Barshee, codirectrice du Théâtre Everest, et en collaborant étroitement avec un groupe d’habitants, nous avons créé une pièce puissante qui explore les enjeux sociaux et politiques du Yukon. Nous partageons nos expériences avec humour, autodérision et vulnérabilité, créant ainsi une connexion authentique avec le public.
John Fingland
La contribution de John Fingland est particulièrement pénétrante, honnête, vulnérable et conflictuelle. Son regard critique et sa vision perspicace enrichissent la pièce en lui apportant une dimension supplémentaire, offrant ainsi au public une perspective nuancée et réfléchie sur les défis auxquels le Yukon est confronté.
Dernière frontière est bien plus qu’une simple pièce de théâtre. C’est un voyage introspectif qui nous amène à réfléchir sur notre place dans le monde, sur l’importance de préserver les cultures autochtones et sur les problèmes sociétaux auxquels nous sommes confrontés. C’est une expérience profonde et émotionnelle, qui laisse une empreinte durable dans nos esprits et dans nos cœurs.
Photographe : Olivier Hardy et Erik Pinkerton
Dernière frontière : le Yukon, du fantasme à la réalité- Théâtre Everest
Théâtre aux Écuries, 7285, Rue Chabot, Montréal (Québec) H2E 1T6,
Du 30 novembre au 9 décembre 2023