Présentée comme la plus jeune artiste à avoir foulé les planches de la scène TD dans le cadre d’un concert Grand événement, Jessie Reyez a lancé les festivités en grand hier. Le Festival de Jazz a misé sur son énergie, sa fougue et son franc-parler. Une bien belle découverte.
Avec ses 28 printemps (elle en parait facilement 10 de moins), son look d’ado et son espièglerie attachante, Jessie Reyez était chez elle hier soir au Festival de Jazz. Ne nous a-t-elle pas d’ailleurs considérés comme une date puis comme une relation ? Loin d’être timide, elle avait bien l’intention de marquer les esprits, et ces fans, très nombreux, n’ont pas manqué de la l’encourager. Pour ceux qui – comme moi – la découvrait, il y a eu quelques moments d’incertitudes, surtout au début du spectacle : casquette enfoncée jusqu’aux yeux, voix hurlante, j’avais du mal à saisir l’artiste, mais surtout la voix que Youtube m’avait amplement recommandée.
Heureusement, l’interprétation s’est affinée par la suite, révélant effectivement une voix surprenante : forte et fragile, pleine et nasale, une subtilité que l’on prenait plaisir à découvrir, surtout dans ses morceaux les plus doux. Une variété vocale qui se retrouvait aussi dans ses chansons, me rappelant une certaine M.I.A. Entre hip-hop et dance, pop et R’n’B, l’auteure-compositrice chante, rage, hurle ses sentiments face à ses problèmes, que nous connaissons aussi : séparation, harcèlement et bien sûr amour. Beaucoup d’amour reçu et beaucoup d’amour donné. Avec pourtant un seul EP à son actif, la jeune Torontoise a apprivoisé la scène avec une aisance, qui a charmé beaucoup de spectateurs.
Ceci dit, être à l’aise sur scène, ne veut pas forcément dire qu’on la maîtrise. Un discours très léger en première partie qui s’est brutalement aggravé, abordant les sujets chauds de l’heure, comme le mouvement #metoo ou la liberté d’aimer qui l’on veut (leitmotiv qu’elle a d’ailleurs invité le public à scander). Une sensibilité qui est apparue soudainement et qui avait du mal a trouvé sa place entre ses allers-retours incessants et ses effets de cheveux qui faisaient partie intégrante du spectacle. À plusieurs occasions, l’imprécision de ses déplacements ou de ses manipulations de micro nous a fait perdre quelques parties de chansons et quelques attaques de refrains… dommage.
Il n’en reste pas moins que le défi a été rempli pour l’artiste, dont on ne peut que saluer la performance et que l’on peut citer parmi les meilleurs moments, à mi-parcours du Festival.