«Le Fantôme de l’Opéra version concert en français», à l’affiche au Théâtre St-Denis, ne manque pas de panache ! Premièrement, la traduction française colle très bien à cette histoire qui se déroule à l’Opéra de Paris. Plus encore, on a réuni des voix remarquables, pour la plupart des rôles principaux qui sont bien joués dans l’ensemble. La musique d’Andrew Lloyd Webber est interprétée live par une quarantaine de musiciens. Certains effets spéciaux bien ciblés pimentent la mise en scène astucieuse et dynamique.
[masterslider id= »480″]Révélations
Si vous n’avez pas encore entendu le Québécois Hugo Laporte, il y a fort à parier que vous n’avez pas fini d’entendre parler de lui ! Son «Fantôme» est très puissant vocalement et troublant dans le geste. Il apporte aussi les nuances qui révèlent sa vulnérabilité devant sa tant aimée Christine. Le jeune baryton défend, avec brio, ce rôle souvent confié à des ténors. Étoile montante, l’artiste chantera d’ailleurs à la mythique Scala de Milan, en mars prochain, mais c’est sans doute son Fantôme de l’Opéra qui le révélera au grand public québécois, tant il est à l’aise dans ce rôle.
De son côté, la soprano française Anne-Marine Suire a une voix souple, étendue et d’une grande justesse. Elle est très crédible en Christine, cette jeune chanteuse tiraillée entre son attachement au Fantôme et ses sentiments pour Raoul, incarné par Michaël Girard, vedette redécouverte à La Voix. Étonnamment, on a perdu de nombreux mots chantés par Michaël dont la voix semblait moins puissante, voire, moins présente que celle des autres chanteurs. Est-ce une question d’ajustement de micro ?
Côté comique
Chapeau à Frédérike Bédard en Carlotta, star sur le déclin, qui ne le prend pas d’être détrônée par Christine. Caricaturale soprano colorature, c’est elle qui fait rire le public de bon coeur dans cette histoire, pour le reste plutôt triste. Elle en fait peut-être trop au goût de certains, mais il n’en reste pas moins que la plupart de ses apparitions, rehaussées de costumes flamboyants, sont électrisantes !
Concert de luxe !
Éric Paulus (M. Firmin) et Catherine Sénart (Mme Giry) sont aussi de cette belle distribution mise en valeur, grâce à l’habile mise en scène d’Étienne Cousineau, lui aussi, révélé à La Voix. En fait, on a construit une scène sur la scène pour y placer l’imposant orchestre, devant lequel on a aménagé quatre paliers sur lesquels évoluent les chanteurs et choristes.
Quant aux très belles chansons Ange de la musique (Angel of music), La musique de la nuit (The music of the night), etc., les traductions sont si justes qu’on croirait que ces pièces ont été créées dans la langue de Molière. Mais, c’est sans doute Mascarade, après l’entracte, qui constitue le numéro le plus flamboyant, alors que les artistes costumés arrivent par la salle et s’amènent sur scène pour une chorégraphie bien exécutée.
Cela dit, oui, il y a bel et bien un immense lustre et oui, à un certain moment, il tombe du plafond. De plus, les sautes d’humeur du Fantôme se traduisent parfois par des feux d’artifice qui jaillissent entre l’orchestre et les chanteurs ! On nous indique les changements de lieux sur grand écran (coulisses de l’Opéra, loge de Christine, etc.). Enfin, pour aider le spectateur à plonger dans l’univers sombre de cette histoire, on a paré les murs du théâtre de rideaux noirs du plancher au plafond.
Et la sono
Dès le début, on remarque que les voix, en général, sont bien audibles, même si l’excellent et imposant orchestre est lui aussi amplifié. Par contre, l’oeuvre est conçue de sorte qu’il est fréquent que plusieurs chanteurs interprètent des mélodies différentes, voire dissonantes, simultanément, ce qui laisse une impression de cacophonie. De plus, ces voix, très puissantes pour la plupart, sont souvent trop amplifiées. Des spectateurs anticipaient des notes aiguës, en se bouchant les oreilles avec leurs mains. On corrigera sans doute cet excès de décibels.
Une histoire fascinante
En résumé, cette histoire est captivante, grâce aux talents de ces chanteurs comédiens et de ces comédiens chanteurs. Quant à la très efficace musique d’Andrew Lloyd Webber, elle est jouée de façon irréprochable par l’Orchestre Azimut, sous la direction de Dany Wiseman. Ça sonne comme sur les disques de Phantom of the Opera !
Je vous recommande fortement ce spectacle.
Le Fantôme de l’opéra
Musique : Andrew Lloyd Webber
Traduction de : Nicolas Engel
Mise en scène : Étienne Cousineau
Orchestre dirigé par : Dany Wiseman
Avec : le baryton québécois Hugo Laporte (le Fantôme), la soprano française Anne-Marine Suire (Christine), le chanteur pop Michaël Girard (Raoul), ainsi que Catherine Sénart, Éric Paulhus, Frédérike Bédard, Étienne Isabel, Sylvain Paré, Lucie St-Martin et dix choristes.
Durée : 2 h 40, incluant un entracte
Au Théâtre St-Denis (Montréal), du 8 au 12 janvier et du 23 au 26 janvier 2020
Au Grand Théâtre (Québec), du 17 au 19 janvier 2020.
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