L’Opéra de Montréal ouvre sa saison 2023/2024 avec une valeur sûre: Les Noces de Figaro de Mozart. En plus de sa remarquable distribution, ce spectacle marque les débuts du jeune chef québécois Nicolas Ellis à l’Opéra de Montréal. Lors de la première, samedi soir (23 septembre), le public qui remplissait la salle Wilfrid-Pelletier a longuement ovationné cette production importée des États-Unis et commandée par les opéras de Kansas City, Philadelphie, San Diego et Palm Beach.
La puissance du décor
Avant même que l’Orchestre Métropolitain ne joue les premières notes de la tourbillonnante Ouverture, le spectateur est intrigué par le décor de Leslie Travers. Des médaillons gravés sur une grande paroi grise composent un arbre généalogique indiquant toute une hiérarchie. Faut-il rappeler que cet opéra-comique de la fin du XVIIIe siècle se veut une critique de la bourgeoisie française de l’époque et des questions liées au rang social.
C’est aussi à Travers que l’on doit les magnifiques costumes de cette production dont la mise en scène de Stephen Lawless est riche en rebondissements. Ces deux créateurs se complètent admirablement puisque durant les trois heures qui suivront, le dispositif scénique va pivoter et se transformer en divers lieux où de multiples intrigues vont se jouer.
Une distribution jeune
Chez les chanteurs, la palme revient au baryton Leon Košavić. Ce jeune croate brille autant par sa voix puissante et ses graves remarquables que sa forte présence scénique. Dans le rôle de sa fiancée Susanna, on retrouve la soprano Andrea Núñez, une ancienne de l’Atelier lyrique de Montréal, qui semble s’amuser follement dans cette galère.
Le baryton Hugo Laporte est convaincant en Comte Almavira suspicieux et jaloux qui aura du fil à retordre avec la Comtesse rusée et délicieusement interprétée par la soprano Kirsten MacKinnon. Quant à la mezzo-soprano, Katie Fernandez, elle est éblouissante en Cherubino, tant à cause de sa finesse vocale que de son savoir-faire théâtral!
Malgré ses qualités de mezzo-soprano, Rachèle Tremblay est visiblement trop jeune pour incarner la mère de Figaro ce qui court-circuite le potentiel comique de son personnage. Quant à Bartolo, on a eu peine à le suivre, tant la voix du baryton-basse Scott Brooks était couverte par l’orchestre. Enfin, Angelo Moretti en Basilio et Don Curzio, ainsi que Emma Fekete en Barbarina et Matthew Li en Antonio complètent agréablement la distribution.
Tout ce beau monde est accompagné de l’Orchestre Métropolitain, énergiquement dirigé par le maestro Nicolas Ellis. Véritable étoile montante, ce musicien de 32 ans, nommé premier chef invité des Violons du Roy l’an dernier, a d’ailleurs été chaleureusement acclamé au début et à la fin de son soir de première à l’opéra.
Cela dit, cet opéra en quatre actes s’étire sur plus de trois heures incluant un entracte. Bien sûr, la musique de Mozart portée par de tels chanteurs et musiciens est un ravissement! Par contre, cette histoire inspirée de la comédie de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, tourne autour de longues intrigues amoureuses qui étaient sans doute passionnantes au XVIIIe siècle, mais que ne font pas nécessairement rire tout le monde, plus de 200 ans plus tard.
À noter que, malgré le personnage utilisé dans la campagne publicitaire de l’Opéra de Montréal, Les Noces de Figaro est un spectacle résolument classique. Compte-tenu de toutes ses qualités, cette production est à ne pas manquer!
Les Noces de Figaro / Opéra de Wolfgang Amadeus Mozart
Distribution:
Hugo Laporte (Le Comte) / Leon Košavić (Figaro) / Kirsten MacKinnon (La Comtesse) / Andrea Núñez (Susanna) / Katie Fernandez (Cherubino) / Scott Brooks (Bartolo) / Rachèle Tremblay (Marcellina) / Angelo Moretti (Basilio et Curzio) / Emma Fekete (Barberina) / Matthew Li (Antonio)
Choeur de l’Opéra de Montréal / Orchestre Métropolitain, Nicolas Ellis, chef
Mise en scène : Stephen Lawless / Décors et costumes : Leslie Travers
Salle Wilfrid-Pelletier, 23 septembre 2023
Ainsi que les 26 et 28 septembre à 19h 30 et le 1er octobre à 14h