Toujours active à Broadway, The Phantom of the opera détient plus de 12 000 représentations à son actif. Paradoxalement, il semble que ce soit aussi la comédie musicale la moins connue, voire pire, la plus sous-évaluée. Certes, la longueur du spectacle peut avoir son lot de réfractaires, mais ne vous arrêtez pas à cette considération, surtout pas.
Rare sont les comédies musicales de Broadway dont la scénographie peut être qualifiée de « basique » et les costumes « d’ordinaires », mais avec The Phantom of the opera, le niveau est réellement élevé de deux – allez, soyons fous ! – trois crans.
Côté décor, le voile du premier tableau nous a fait craindre le pire, mais heureusement, celui-ci disparaît rapidement pour laisser place à une scène somptueuse , et non, le mot n’est pas trop fort. Escalier, lustre, miroir… rien n’a été laissé au hasard et même les éléments que l’on pourrait croire moins importants, sont magnifiés et subtilement déplacés pour ne rien perturber de la magie mise en place dès les premières notes. De nombreux bruitages et effets visuels sont utilisés, comme des pétards, de la fumée et même des boules de feu, tous crédibles et pertinents, mais attention cependant si vous êtes fragiles, car ils sont si bien faits qu’ils peuvent vous incommoder… comme ils pourraient le faire s’ils étaient réels.
Qu’en est-il des interprètes ? Il est bon à ce stade de préciser qu’il ne s’agit pas ici d’un spectacle de danse, mais comme son nom l’indique, d’un opéra et que de ce fait, les quelques chorégraphies classiques, parfaitement exécutées au demeurant, ne sont pas le point fort du spectacle. Nos regards doivent normalement se tourner vers les chanteurs qui nous présentent cette histoire d’amour tragique entre Christine (Eva Tavares) et ses deux prétendants : Raoul l’aristocrate (Jordan Craig) et le mystérieux fantôme masqué de l’opéra (Derrick Davis), dont l’intensité des sentiments menace de les perdre dans les dédales du dangereux trio Amour-Espoir-Haine.
La voix spectaculaire d’Eva Tavares saura confondre les plus récalcitrants : puissante et délicate à la fois, elle incarne une Christine de façon convaincante et chacune de ses apparitions vous procure des frissons. Le hic, c’est que sa parfaite maîtrise a tendance à enterrer quelque peu les protagonistes masculins. En effet, ces messieurs semblent ne pas pouvoir tenir le rythme imposé dès son entrée par leur collègue. Ajouter à cela un orchestre un peu trop enthousiaste au début (comprendre qu’ils jouaient, ma foi, très fort !) et vous comprendrez qu’ils paraissent un peu fade en comparaison. Il faut attendre la complainte finale du fantôme pour en mesurer le plein potentiel et reconnaître la force de sa douleur mise en musique de bien émouvante manière.
Dans la même veine que Christine, les chœurs font également un travail formidable et ne manque jamais une occasion de nous épater.
On comprend rapidement pourquoi ce spectacle est un des grands classiques de Broadway et de son illustre compositeur, Andrew Lloyd Webber, à qui nous devons entres autres Jesus Christ Superstar et Evita. Le thème n’est certes pas le plus original et les pièces ont un peu vieilli, mais la combinaison opéra/mise en scène ne vous laissera pas indifférent.
«The Phantom of the opera» est présenté jusqu’au 15 octobre à la salle Wilfrid-Pelletier, de la Place des Arts.
Musique, livre et arrangements ANDREW LLOYD WEBBER
Durée du spectacle : 2h30 avec un entracte de 20 minutes.