Si vous n’avez pas encore lu «Le Meilleur des mondes», du Britannique Aldous Huxley, vous voudrez sans doute remédier à cette situation, avant d’assister au spectacle de la rentrée automnale du Théâtre Denise-Pelletier. Rappelons que dans ce célèbre roman de science-fiction, paru en 1932, les êtres humains sont créés en laboratoire et traités de façon à déterminer leurs aptitudes, en fonction de leur futur rôle dans la société; cette dernière érige le bonheur en droit universel, pour masquer une dictature sous des apparences de démocratie.
Inspirée de ce classique de la littérature du XXe siècle, la pièce de Guillaume Corbeil fait dialoguer ce récit «avec notre époque et son horizon de promesses piégées.» Corbeil estime que la recherche obsessionnelle de la beauté peut transformer les êtres en monstre. Pour illustrer son propos, il évoque l’histoire de Michael Jackson obsédé par des considérations esthétiques et maintenant éclaboussé par des allégations de pédophilie. Avec Ariane Castellanos, Benoît Drouin-Germain, Mohsen El Gharbi, Kathleen Fortin, Simon Lacroix et Macha Limonchik. Mise en scène: Frédéric Blanchette.
Pour affronter novembre, on a opté pour la relative légèreté de Carlo Goldoni, créateur de la comédie italienne moderne. Cela dit, la pièce «Les Amoureux» est une rareté dans notre paysage théâtral; le directeur artistique du TDP, Claude Poissant, souligne d’ailleurs qu’il n’en n’a jamais vu d’autres productions québécoises. Mise en scène par Catherine Vidal, cette histoire de jeunes amoureux toujours à couteaux tirés met aussi en lumière que les déboires du couple réjouissent leur entourage. Avec : Simon Beaulé-Bulman, Éric Bernier, Isabeau Blanche, Sofia Blondin, Catherine Chabot, Vincent Côté, Maxime Genois, Gabriel Lemire, Anglesh Major et Olivia Palacci.
En 2020, le rideau va s’ouvrir avec «Zoé», une création d’Olivier Choinière («Manifeste de la Jeune-Fille», «Jean dit») inspirée du mouvement étudiant de 2012 au Québec. Au cœur d’une grève générale, Zoé obtient d’un juge une injonction obligeant ses professeurs à lui enseigner. Son professeur de philosophie est contraint de lui donner son cours, à elle seule, et ce, pour toute la session. S’amorce alors un duel entre leurs conceptions du monde. Il est plutôt rare que la grande scène du TDP soit confiée à un duo et c’est à Marc Béland et Zoé Tremblay-Bianco que revient cet honneur. Mise en scène : Olivier Choinière.
Enfin, on s’est permis d’adapter le chef-d’oeuvre d’Arthur Miller, «Les Sorcières de Salem», basé sur les événements entourant un procès de sorcellerie en 1692 à Salem, au Massachusetts. La dramaturge, Sarah Berthiaume, («Yukonstyle», «Nyotaimori») estime que, grâce à son adaptation, «la liberté de parole est rendue aux sorcières». Avec : Anna Beaupré Moulounda, Adrien Bletton, Luc Bourgeois, Maude Boutin St-Pierre, Larissa Corriveau, Éveline Gélinas, Nora Guerch, Emmanuelle Lussier-Martinez, Etienne Pilon, Andrew Shaver et Mani Soleymanlou. Mise en scène : Édith Patenaude.
Réjean Ducharme, avec Rimbaud et Nelligan
Parmi les temps forts de la prochaine saison de la Salle Fred-Barry, attenante au TDP, mentionnons, «Autour du Lacturne», en écho au livre «Le Lacturne» : «198 dessins accompagnés de très ducharmiennes légendes, envoyés à un éditeur en 1966, oubliés, redonnés à l’auteur en 2001, puis édités en 2017. Intact : le Ducharme libre et fou de ses 23 ans, dessinant et commentant ses révoltes, constats et rêveries au coeur d’un Québec en pleine révolution.» Ce spectacle est porté par la comédienne Markita Boies qui puise dans des textes de Ducharme, Lautréamont, Pierre Corneille, Émile Nelligan et Arthur Rimbaud. Conception, collage et mise en scène : Martin Faucher.
Précisons, enfin, que la Salle Fred-Barry va reprendre ses activités, dès le 28 août, avec «un spectacle belge avec accent», souligne le directeur artistique Claude Poissant. Il s’agit de «J’abandonne une partie de moi que j’adapte», succès du Festival Off d’Avignon, en 2018. « Êtes-vous heureux ? » Quatre comédiens trentenaires et la metteure en scène Justine Lequette, touchés par le documentaire français Chronique d’un été (1961), en reprennent les questions-clés dont : « En quoi votre bonheur est-il lié au travail ? » Près de 60 ans plus tard, la création de ces artistes met en perspective les deux époques et s’interroge sur les notions de travail, de bonheur et d’utopies. Écriture collective et interprétation : Rémi Faure, Benjamin Lichou, Jules Puibaraud et Léa Romagny.
Photos fournies par le Théâtre Denise-Pelletier
Sur la première photo, on peut voir plusieurs dizaines d’artistes qui prendront part à la saison 2019-2020 du TDP, en présence du directeur artistique, Claude Poissant, qui est l’avant-dernier à droite de la dernière rangée.