Le Festival international de films Fantasia en est à sa 21e édition cette année. C’est maintenant une référence majeure sur la scène internationale du cinéma de genre et l’un des événements cinématographiques les plus courus au Canada. On peut y voir des films de partout dans le monde, dont certains n’ont jamais été présentés en Amérique du Nord. Lors de cette première fin de semaine du festival, mon coup du cœur fut définitivement le thriller Replace.
C’est l’actrice Rebecca Forsythe qui campe le rôle principal de Kira Mabon, une jeune femme dont la peau se dessèche à une vitesse folle. La belle, dont la chair tombe en lambeaux, souffre également d’amnésie. Elle n’arrive à se rappeler d’aucun événement de plus d’une semaine. Personne, ni même la docteure Rafaela Crober (incarnée par Barbara Crampton) qui dirige une clinique dermatologique révolutionnaire, ne sait quelle est la source du problème. Complètement désespérée, Kira découvre que sa peau peut guérir temporairement… avec la peau d’une autre. Elle part donc à la recherche d’une peau parfaite, laissant au passage quelques cadavres.
C’est Richard Stanley qui a coécrit le scénario avec Norbert Keil, qui a également brillamment porté le film à l’écran. L’ensemble des scènes extérieures ont été tournées à Toronto, et les scènes intérieures en Allemagne.
Replace est né d’un sentiment personnel du réalisateur. « Oui, la peur de vieillir est omniprésente dans notre société, mais dans mon cas, ce qui m’a inspiré, c’est ma propre peur de perdre le contrôle sur mon corps. » Le film nous force à nous questionner sur le culte de la beauté et de la jeunesse éternelle dans notre société. Même si le film est de la pure fiction et les technologies utilisées par la docteure Crober sont beaucoup plus avancées que la science actuelle, on ne peut ignorer les parallèles avec l’industrie de la chirurgie esthétique. On a qu’à penser à toutes ces stars hollywoodiennes qui subissent un nombre incalculable de chirurgies et vont jusqu’à risquer leur vie pour rester jeune.
Malgré l’allure quelque peu putréfiée de la pauvre héroïne, la signature visuelle est magnifique. L’histoire est bien ficelée et on nous tient en haleine jusqu’au dernier moment. De plus, la trame sonore est splendide. Elle est à la fois sombre, intrigante et envoutante.
Plus de 200 actrices ont été auditionnées pour le rôle de Kira Mabon. Le réalisateur Norbert Keil dit avoir eu un coup de cœur pour Rebecca Forsythe. « C’était elle! Le regard, l’intensité, tout y était! » L’actrice américaine n’est très pas connue du grand public, et malgré son jeune âge, elle livre une performance époustouflante. « Je ne peux pas croire que c’est nous qui l’avons découvert! » lance le réalisateur pendant la conférence de presse.
Le rôle de la docteure Crober était originalement écrit pour un homme. Finalement, c’est Richard Stanley qui proposa Barbara Crampton. La proposition fut tout de suite acceptée. Non seulement Barbara Crampton incarne le rôle avec brio, mais cela ajoute à l’histoire. Ce n’est plus seulement un médecin, c’est la vision de deux femmes qui s’opposent. Barbara Crampton est principalement reconnue pour ses rôles dans les films Re-Animator et From Beyond de Stuart Gordon dans lesquels elle jouait des victimes. C’est inspirant de la voir incarner un rôle plus dominant.
Petit fait cocasse, le maquillage de peau séchée a été fait avec du latex et des Shredded Wheat (oui, oui, ceux qu’on mange au déjeuner)!
Autres films à voir à Fantasia cette année
Le Festival international de films Fantasia se termine le 2 août 2017. Des dizaines de projections sont encore à venir. Voyez l’horaire complet au http://www.fantasiafestival.com/festival/fr/2017/films-et-horaire/horaire/
Le festival présente beaucoup de productions d’ici. Un incontournable selon moi, ce sont les soirées de courts métrages québécois. Soirée épouvante, drame ou fantastique, tout y est pour vous plaire!