Après le mémorable Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé présenté au Quat’Sous, le printemps dernier, voilà qu’une adaptation théâtrale d’un roman de cet auteur français fait escale au Prospero.
En résumé, Assem Graïeb (Gabriel Arcand) est un agent des services secrets français, chargé de retrouver Sullivan Sicoh (Thibault Vinçon), un ancien membre d’un commando américain chargé de l’exécution de Ben Laden. On comprend que Graïeb doit retrouver Sicoh pour l’évaluer et peut-être même l’éliminer.
Le metteur en scène, Roland Auzet (qui a présenté Dans la solitude des champs de coton, au Prospero, en 2016) a choisi de faire communiquer les deux hommes via Skype, durant la majeure partie du spectacle. Arcand, sur scène, dialogue avec les images projetées de Vinçon sur un grand écran, ce qui contribue à marquer la distance qui sépare ces deux êtres. Le ton est dur et les questions sont nombreuses. Quelles causes méritent qu’on tue pour elles ? Qu’est ce que le courage ? La victoire, généralement obtenue par le sang, n’est-elle pas ainsi en même temps une défaite ? Qu’avons-nous retenu de toutes ces défaites au coeur de l’histoire de l’humanité ?
Alors que Thibault Vinçon devient un homme traqué très intense, qui crie sa colère, Gabriel Arcand, lui, se montre plutôt abattu par le poids du doute et hésitant. Un contraste qui tient la route dans cet affrontement entre deux esprits abîmés par des batailles auxquelles on voudrait bien trouver un sens.
Écoutez nos défaites END
D’après Laurent Gaudé. Adaptation d’Agathe Bioulès et Laurent Gaudé. Mise en scène et musique de Roland Auzet. Avec Gabriel Arcand et Thibaut Vinçon. Intégration vidéo : Pierre Laniel. Au Théâtre Prospero jusqu’au 22 septembre. La pièce part ensuite en tournée en France et en Suisse avant d’être présentée à Toronto et Longueuil en mai 2019.
Crédit photo : Nicolas Descôteaux