Plusieurs applaudiront sans doute l’idée de présenter au public majoritairement étudiant du Théâtre Denise-Pelletier, l’univers de Rabelais, cet écrivain français de la Renaissance souvent décrit comme un libre penseur. De plus, l’auteur de Pantagruel et Gargantua prend part au spectacle, à travers la voix d’un élu de l’Académie française, Dany Laferrière, qui s’est manifestement prêté au jeu avec plaisir.
Cela dit, Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, texte de Gabriel Plante, d’après l’oeuvre de Rabelais, nous entraîne dans un décor symbolisant les entrailles du géant Pantagruel. Plus précisément, la mise en scène de Philippe Cyr se déroule dans un estomac, à proximité d’un orifice qui semble représenter à la fois celui du haut et celui du bas. C’est là que se débattent le Pèlerin (Paul Ahmarani), Frère Jean (Nathalie Claude), Ponocrates (Renaud Lacelle-Bourdon) et Panurge (Cynthia Wu-Maheux).
Malgré leurs apparences de bouffons et un langage souvent scabreux, leurs guerres intestines se veulent des débats à teneur morale, notamment. Or, il est loin d’être sûr que la dimension philosophique de l’oeuvre atteint le public, tant les expressions crues et obscènes abondent. On comprend que les mots «merde» et «pet» traduisent l’irrévérence de Rabelais, mais fallait-il les répéter ainsi ad nauseam et en plus souligner le tout en multipliant les bruits de flatulence ? Bien sûr, ça fait rire. Mais que retient-on? Pour rester dans le ton du spectacle, disons qu’on a l’impression que la «substantifique moelle » de Rabelais a été évacuée…
Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel
Texte : Gabriel Plante, d’après l’oeuvre de Rabelais.
Avec: Paul Ahmarani, Nathalie Claude, Renaud Lacelle-Bourdon, Cynthia Wu-Maheux et la voix de Dany Laferrière.
Mise en scène : Philippe Cyr. Au théâtre Denise-Pelletier, jusqu’au 20 octobre.
Sur la photo: Cynthia Wu-Maheux, Renaud Lacelle-Bourdon
Crédit photo : Hugo B. Lefort