Un véritable numéro d’acteur s’offre aux amateurs de théâtre, ces jours-ci, avec le retour de Omi Mouna (ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère). L’auteur et comédien Mohsen El Gharbi né d’une mère belge flamande et d’un père tunisien s’y interroge sur la brutalité paternelle, en tentant de retracer l’histoire de son arrière-grand-mère centenaire.
Le narrateur nous entraîne en Tunisie, à l’époque où son aïeule était une jeune femme, à la merci d’un mari tyrannique. Témoin d’événements dramatiques, le comédien joue tous les rôles de cette fable apparemment improvisée. Malgré la lourdeur du sujet, Mohsen El Gharbi qui se réclame à la fois de la commedia dell’arte et de la tradition orale du Maghreb sait faire rire. C’est le cas, entre autres, lorsqu’il raconte la performance de l’artiste embauché pour célébrer sa naissance, vers 1968. Mimant un chant arabe, Mohsen El Gharbi nous montre comment le chanteur troqua l’instrumentation traditionnelle pour glisser vers des envolées à la guitare, à la Jimmy Hendrix, en pleine gloire à cette époque! Hilarant!
Malgré les failles de ce solo un peu décousu, l’acteur sauve la mise en se livrant avec une grande aisance et en occupant pleinement la scène sans décor. On n’en reste pas moins sur sa faim devant ce procès de l’ancêtre paternel Barbe grise qui se trouve condamné sans la moindre explication sur les motivations de la violence qu’on lui reproche.
Cela dit, avec son indéniable charisme, Mohsen El Gharbi termine en invitant les gens à lui sourire avant de conclure: «et nous ne ferons pas la guerre».
Omi Mouna (ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère)
Texte, mise en scène et interprétation: Mohsen El Gharbi
Au Théâtre Prospero, jusqu’au 20 octobre
Crédit photo Alex Paillon