Après le film Le garagiste qui abordait un sujet tabou, soit le choix de mourir, voici que Renée Beaulieu nous présente Les salopes ou le sucre naturel de la peau, un film audacieux et dérangeant sur le désir féminin, avec comme interprète principale, Brigitte Poupart qui se donne complètement pour ce rôle et est absolument époustouflante.
Mon appréciation du film se trouvera sur ce site dès le 2 novembre, journée de sa sortie en salle.
Voici la galerie de photos des entrevues au Cinéma Le Clap.
Résumé : Les salopes ou le sucre naturel de la peau – Marie-Claire (Brigitte Poupart), chercheure en dermatologie, entreprend un nouveau projet de recherche scientifique sur les cellules dermiques et la sexualité quand un enchaînement d’évènements vient perturber sa vie professionnelle, familiale et surtout intime. Les salopes ou le sucre naturel de la peau propose un cinéma différent en faisant d’une femme et sa sexualité le sujet et non l’objet… mettant en scène une sexualité féminine assumée, complexe et subversive…
Questions pour la réalisatrice Renée Beaulieu :
Pour votre film Le garagiste, vous abordiez un sujet tabou, dérangeant, le choix de mourir. Maintenant avec ce nouveau long métrage, vous abordez un autre sujet tabou, la sexualité au féminin d’une manière jamais présenté à l’écran. Pourquoi? « Je voulais vraiment renverser les stéréotypes. Dans les films, ce sont toujours les hommes qui sont mis de l’avant et les femmes au second rang. » Cliquez pour écouter la suite : but du film. « Et quand on y pense, c’est vrai que les femmes aiment ça aussi la sexualité. Et pourtant, quand on le présente dans un film, c’est comme si on le fait pour faire plaisir aux hommes, une faveur. »
Brigitte Poupart qui tient le rôle principal est fabuleuse. Est-ce que vous en avez discuté avant de vous mettre d’accord sur ce qu’elle aurait à jouer? « Les limites étaient claires, avant même de commencer. Cette ligne-là, très frontale et graphique, était décidée avant de commencer. C’était instinctif, mais je savais que c’était là que je voulais aller. De tous les temps, les hommes ont représenté les femmes avec des caméras d’hommes et je voulais aller aussi loin qu’eux, mais avec ma caméra de femme. Et c’est la même chose avec tous les acteurs, je leur ai demandé une liberté totale, en sachant que je ne voulais pas aller dans le porno, mais dans le graphique. Et Brigitte était engagée à fond sur le projet. C’est une femme entière et impliquée et elle n’a jamais rien remis en question. »
J’aime la façon dont vous avez présenté ce film sans musique, ou presque, sauf dans les moments de baise où là c’est de la musique minimaliste avec tam-tam, de type tribal et des voix d’essoufflement. Et j’avais l’impression que la musique s’intensifiait d’une scène à l’autre. Parlez-moi de ce choix pour la musique et comment vous avez créé cette musique avec David Thomas. « Effectivement, je mets peu de musique dans mes films. Pour moi, la musique, il faut une intention. Il faut que cela me parle. Donc, pour les moments intimes, je voulais une musique intense, qui s’accentue de fois en fois, tribale, très organique, animale, très nature. Donc, c’était des frottements de peaux, des souffles, des respirations et quelques chants très hauts et angéliques. »
J’adore la scène où le personnage de Marie-Claude ne prend pas nécessairement la défense de la jeune femme, lors de l’événement de l’accusation d’agression sexuelle. Parlez-moi de vos intentions dans ce choix? Cliquez pour écouter : reflexion metoo.
Vous n’avez pas eu beaucoup de budget pour ce film. Vous vous adaptez comment avec ça ? « On avait un peu moins d’un million. C’est les artisans et les acteurs qui paient le manque de budget, en était payé qu’à 50 % de leur salaire. Donc, c’est en partie eux qui financent, car les institutions ne suivent pas. C’est sûr que moi, j’aurais aimé pouvoir payer un peu plus les comédiens. J’aurais pris quelques centaines de milles de plus, mais juste pour pouvoir payer les comédiens un peu plus. Pour le reste, je m’arrange avec ce que j’ai pour faire mon film. Je n’ai pas besoin de 5 millions pour faire le genre de film qui m’intéresse. »
Question pour la jeune Romande Denis
Tu as 20 ans, mais tu joues une fille de 14 ans avec une scène assez osée dans un film qui parle de sexualité au féminin… Est-ce que tu y as pensé longuement avant d’accepter de jouer ce rôle? « Je n’y ai pas pensé si longtemps que ça en fait. Renée m’a rencontré pour me proposer le rôle. Car pour tourner des scènes de nudité, on ne peut pas engager des mineurs. Alors moi, j’avais 19 ans au moment du tournage et j’ai une petite face d’enfant. Donc, ça marchait. Et Renée m’avait vu dans des trucs que j’avais faits avant et ça lui plaisait. J’ai lu le scénario et je suis tombée en amour avec cette histoire. Je suis une féministe et ce scénario, c’est de ça qu’on a besoin. » Écoutez la suite : fille All In.
Tu as justement une scène assez osée et intime à jouer. Comment l’as-tu abordé? « Quand on l’a tourné, il était genre 2 h du matin et on s’est dit Let’s go, on le fait. Donc, tourner la scène ce n’était pas un problème. Je suis quand même quelqu’un d’assez pudique dans la vie, mais là, je me suis sentie très libérée de faire cette scène et de l’assumer. » Cliquez pour écouter la suite : tournage scène intime
Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer cette jeune fille de 14 ans, plutôt timide, alors que vous semblez être totalement son opposé dans la vie? « Je suis différente maintenant, mais à 14 ans j’étais un peu plus renfermée, pas autant que mon personnage, mais quand même, c’est ben compliqué quand on est ado. C’était le fun de retourner là-dedans, dans ces émotions-là. Et j’ai adoré faire la scène avec Brigitte (ma mère) dans son lit, quand je lui avoue ce que j’ai sur le cœur. C’était génial à tourner, car l’ambiance sur le plateau était assez particulière. C’était très silencieux. J’ai créé une belle chimie avec Brigitte pour cette scène-là.» Cliquez pour écouter sa comparaison entre : serie jeunesse versus role plus mature
Comment est Renée comme réalisatrice? Cliquez pour écouter son commentaire sur : la realisatrice.
As-tu des projets en cours que tu peux me parler? «Oui, en ce moment je tourne la saison 4 Des pays d’en haut, à Rawdon, où il a déjà commencé à neiger, avec notre nouveau réalisateur Yan Lanouette Turgeon. Cet été j’ai tourné à Québec dans la saison 2 de La Dérape, qui est sur Club Illico. J’ai eu un rôle aussi dans la série Jenny qui en est à sa saison 2. J’y ai joué un rôle assez particulier. Je ne peux pas vraiment en parler, mais c’est un personnage tout à fait déjanté. »
LISTE ARTISTIQUE
Brigitte Poupart Marie-Claire Dubé
Vincent Leclerc Adam Santerre
Nathalie Cavezzali Mathilde
Romane Denis Katou
Pierre Kwenders Émile
Normand D’amour Alexandre
Charlotte Aubin Sofia Bukofski
Paul Ahmarani Louis
Hubert Proulx Le vétérinaire
Louise Portal Margot
Sophie Clément Juliette
Joseph Delorey Virgile
Pierre-Yves Cardinal Mathéo
Guillaume Gauthier Ludovic
Éliane Gagnon Étudiante
André-Marie Coudou Joseph
LISTE TECHNIQUE
Scénario, réalisatrice et productrice Renée Beaulieu
Producteurs associés Ian Quenneville et Ian Oliveri
Producteur consultant Robert Lacerte
Directeur de la photographie Philippe St-Gelais
Montage Renée Beaulieu et Martin Bourgault
Conception sonore Benoît Dame
Musique David Thomas
Directrice artistique Léa Parent-Pothier
Durée : 1h38
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Crédit photos : Réjeanne Bouchard