Après La Lâcheté (2006) et La Vérité (2011), Marc Bisaillon nous présente le drame psychologique L’amour, qui s’inspire d’un événement tragique de 2006 entourant le jeune Stephen Marshall, et mettant en vedette Pierre-Luc Lafontaine dans le rôle principal, ainsi que Paul Doucet et Fanny Mallette. Le film prend l’affiche au cinéma Le Clap dès le 16 novembre.
Résumé : Alex (Pierre-Luc Lafontaine), en apparence doux et introverti, part en secret de chez lui au Québec pour aller visiter son père (Paul Doucet) dans le Maine. Là-bas, aidé d’un registre public et habité d’une sourde colère, il repère et traque des délinquants sexuels. En parallèle, la mère d’Alex, Rose (Fanny Mallette), et son nouveau mari, Laurent (Claude Despins), refont le voyage d’Alex afin de tenter de comprendre ce qui a pu le pousser dans cette folie meurtrière. L’Amour est librement inspiré de l’histoire de Stephen Marshall qui a ébranlé le Canada en 2006.
Lors de la sortie du film La Vérité en 2011, en entrevue, Marc Bisaillon me mentionnait ceci :
Au départ, j’ai été happé par la première histoire vraie, LA VÉRITÉ. Et ce scénario a été travaillé et retravaillé au fil des ans. Entre-temps, j’ai été happé par l’histoire de la LACHETÉ dont j’ai trouvé le livre et des informations pour faire le film. J’ai donc fait ce projet en premier, avant de terminer le scénario de La Vérité. Et là, j’ai découvert l’histoire de Stephen Marshall le projet sur l’AMOUR. Et c’est là que je me suis rendu compte que tous ces sujets avaient un lien. Que pour une raison que j’ignore encore, je suis fasciné par ces histoires et obsédé par le silence. Autant le silence des témoins d’un crime, le silence des responsables d’un crime… Mais je ne me suis pas levé un matin en me disant que je ferai une série de films sur ces sujets qui me hantent. Finalement, j’ai un autre projet après celui de l’AMOUR qui s’appelle LA JUSTICE qui est basée aussi sur une histoire vraie. Ce sera plus un film policier cette fois-là. Et je voudrais clore cela avec un cinquième film qui serait une comédie, mais encore une fois, sur la conscience coupable, mais cette fois-ci, axé sur le plaisir coupable. Une comédie noire. »
Donc, je dois dire que j’avais bien hâte de voir ce film L’Amour, basé sur ce fait divers survenu dans le Maine. Je savais que Marc Bisaillon ferait des recherches pour aller plus loin que ce qui avait fait la manchette. Et effectivement, ce film est totalement bouleversant et troublant. Et c’est en partie basé sur le témoignage de la mère de Stephen Marshall que Marc Bisaillon a bâti son film. On en apprend plus sur ce qui a amené ce tragique événement. Je ne vendrai pas les punchs naturellement, mais disons simplement que ce film nous présente une relation père-fils plutôt toxique. Bien sûr, la thématique du silence coupable est bien présente et on tourne autour du sujet de l’amour (titre du film) dans tout ce que cela peut avoir de complexe et parfois tordu.
Paul Doucet est fabuleux dans le rôle du père, ce redneck radical amoureux des armes à feu, comme bien des Américains, passif et manipulateur à ses heures, qui aime mal son fils. Et Pierre-Luc Lafontaine est excellent également dans le rôle d’Alex, qui présente une façade de jeune tendre, empathique, sympathique, naïf et joyeux, mais qui est troublé, et nerveux dès qu’il se retrouve seul. Il garde pour lui tous ses secrets, ses hantises, ses ambitions. Un être solitaire qui ne compte que sur lui-même. C’est un personnage très crédible qu’il a su créer.
Pour la réalisation, Marc Bisaillon a choisi de présenter l’histoire en flashback, avec des retours dans le passé, pour des moments clés de la vie du jeune garçon, à 7 ans, ou à 13 ans. Et ceci est très bien amené, et nous éclaire progressivement sur la vie du jeune homme. Il y a aussi une alternance entre l’après tragédie et l’avant tragédie pour nous mettre probablement dans la peau de la mère qui recherche des indices sur ce qui a pu se passer, comment son fils en est venu à commettre de tels actes. Cependant, pour ma part, j’ai trouvé cela un peu mélangeant, ne sachant pas toujours si on est dans l’actuel ou dans les jours précédents.
J’ai aimé la manière dont on nous présente les personnages et qu’on apprend à les connaitre et à s’intéresser à eux, progressivement. Le film ne fait pas de morale, ne prend pas position, mais présente la réalité telle que vue par ceux qui ont fait toutes ces recherches. C’est extrêmement bien amené avec juste assez de suspens, pour nous garder captifs de l’histoire. Et il est certain qu’après la projection, cela amène son lot de questionnement sur la violence, le permis d’arme, le registre des délinquants sexuels. Et je dois donner une mention spéciale à l’affiche qui me donne des frissons de malaise juste à la regarder.
Finalement, j’aime le fait que Marc Bisaillon n’utilise pas la musique pour augmenter le suspens, bien au contraire. Il a utilisé le piano avec la pièce Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, à certains moments, et c’était tout simplement parfait, à mon avis.
Il est certain qu’après avoir vu ce film, la première chose que j’ai faite, c’est aller trouver de l’information sur internet, par rapport à cette histoire vraie. Et je dois dire que cela semble assez véridique comme film inspiré de Stephen Marshall.
Le film L’amour a été présenté en ouverture du 37e Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue le 27 octobre dernier, et il fait partie de la sélection officielle au Festival du cinéma Francophone en Acadie (FICFA) 2018. L’Amour prend l’affiche au cinéma dès le 16 novembre.
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=U_N564exT98
L’amour est produit par Les Films Camera Oscura
LISTE ARTISTIQUE
Pierre-Luc Lafontaine Alex
Paul Doucet J.J. Marchand
Fanny Mallette Rose Maher
Claude Despins Laurent Maher
Félixe Racette Anna
Simon Pigeon David
Zakary Auclair Alex (13 ans)
Vladislav Kharin Alex (7 ans)
Matthew Kabwe Sergeant Milo
Marie-Ève Beauregard Romy
LISTE TECHNIQUE
Scénario et réalisation Marc Bisaillon
Collaboration au scénario Philippe Schommer
Production Christine Falco
Distribution des rôles Geneviève Hébert
Direction artistique Corinne Montpetit
Costumes Valérie Gagnon-Hamel
Montage Mathieu Bouchard-Malo
Son Stéphane Barsalou
Conception sonore Simon Gervais, Luc Bouchard et Martin Allard
Mixage Bernard Gariépy Strobl
Supervision musicale Éric Rathé
Images Vincent Biron
Crédit photos : courtoisie des Films Camera Oscura