Pour la promotion du film À tous ceux qui ne me lisent pas et pour mettre en lumière la poésie entre autres d’Yves Boisvert, qui est le sujet principal du film, plusieurs événements ont été organisés au cours des derniers jours. Ainsi, le 16 novembre, à La Grande Place du Salon du livre de Montréal, il y a eu une discussion autour du film en présence du réalisateur et coscénariste Yan Giroux, du coscénariste Guillaume Corbeil et des comédiens Martin Dubreuil et Henri Picard. Également, à Trois-Rivières, suite à la projection du film, la soirée s’est continué Café-Bar Zénob pour une soirée poésie micro ouvert, avec entre autres Martin Dubreuil.
Et à Québec, les gens ont été conviés à un atelier de cinéma au Cégep Garneau le 21 novembre dernier, où Gilles Pellerin, professeur émérite de littérature et ami d’Yves Boisvert, a animé l’atelier en compagnie de Yan Giroux (réalisateur et coscénariste) et de Guillaume Corbeil (coscénariste). En soirée, ce fut la présentation du film en compagnie des artisans du film, au cinéma Le Clap.
Voici la galerie de photos de la journée du 21 novembre à Québec :
https://www.flickr.com/photos/133521308@N05/sets/72157702381631291
Mon article sur mon appréciation du film est disponible via ce lien : http://lesartsze.com/a-tous-ceux-qui-ne-me-lisent-pas-un-superbe-hommage-a-la-poesie-de-yves-boisvert/
Voici mes entrevues avec les artisans du film.
Yan Giroux, réalisateur et scénariste et Guillaume Corbeil, scénariste
Lors de l’atelier de cinéma, les étudiants en littérature du Cegep Garneau ont entre autres appris que, Yan Giroux avait en tête depuis longtemps de faire un film sur Yves Boisvert qui a été très marquant pour lui à l’adolescence. Au moment de faire son film documentaire sur Yves, ce dernier est décédé en 2012 et c’est plutôt une fiction librement inspirée de sa poésie et de son personnage revendicateur, assoiffé de liberté et d’intégrité qu’il a choisi d’écrire. Pour l’aider dans sa tâche, il a fait appel à Guillaume Corbeil, un auteur qui a su mettre des dialogues remplis d’humour dans ce film et ajouter des scènes anecdotiques inspirantes dans le film. Par exemple, les anecdotes sur le Salon du livre viennent tout droit des expériences de Guillaume et c’est également lui qui a travaillé à écrire des sous-titres dans des émissions de télé et non pas Yves Boisvert. On apprend également que ce que Yan voulait, avec son film, c’est de faire rayonner à nouveau la poésie de Yves Boisvert et démontrer le phénomène de la transmission. Ce que Yves Boisvert lui a transmis comme valeurs, comme ouverture à la poésie et à la littérature, comme tape dans le dos et encouragements et qui le suit encore aujourd’hui. Ainsi, on se rend compte assez vite que le personnage de Marc dans le film, ressemble probablement plus à Yan qu’au réel fils de Dyane la conjointe de Yves. Et c’est très bien ainsi, puisque c’est la vision de Yan Giroux qu’il veut présenter au public.
Yan : Lors de la classe des maîtres, on a appris qu’au-delà de l’inspiration du poète Yves Boisvert, il y a beaucoup de vous dans le film, puisque le personnage de Marc est probablement très proche de vous adolescent. Et il y a beaucoup de Guillaume aussi dans le film, avec les anecdotes que vous avez mises dans le film. Que voulez-vous que les gens retiennent de Yves Boisvert et sa poésie, avec votre film? « Il y a deux aspects que je trouve importants dans le film. Le premier c’est l’hommage à Yves Boisvert. Je trouve important qu’on redécouvre ses mots. Un personnage comme lui, dédié à son art et avec une certaine vision du monde qui n’est pas banale, je trouve important qu’on mette la lumière sur quelqu’un comme lui, pour brasser la cage un peu et remettre en question quelques-unes de nos certitudes. Yves sert un peu à ça, à confronter le spectateur par rapport à ses propres ambitions. Yves, étant très intègre par rapport à son chemin à lui, quel chemin avez-vous pris pour votre réussite et qu’avez-vous sacrifié en cours de route pour y arriver? C’est une petite remise en question à faire, chacun de nous. Le deuxième aspect était de mettre en lumière l’impact que cet homme a eu sur un adolescent. La transmission en fait. Et donc, j’ai utilisé Yves pour parler de tous ces artistes qui se donnent à leur art dans l’ombre et qui peuvent inspirer des gens à divers niveaux. Lors de diverses opportunités, à travers leur pratique du métier, ces artistes entrent en contact avec des gens et peuvent changer la vie de ces gens-là. Comme Yves a changé ma vie en prenant le temps de m’écouter, de lire mes poèmes, il m’a marqué jusqu’à ce que je fasse ce film. C’est donc un autre aspect que je voulais amener. »
Guillaume, on le sait, vous avez écrit ce scénario ensemble, mais une fois le scénario complété est-ce que vous êtes allé parfois sur le plateau de tournage? « Un peu, mais j’avoue que je me sentais très imposteur, surtout très inutile sur le plateau de tournage. Je viens du milieu du théâtre et de la littérature, donc, je ne savais pas ça ressemblait à quoi un plateau de tournage. Par contre, Yan m’avait fait un petit horaire, pour que je puisse être sur le plateau lorsqu’il y avait plus de dialogues par exemple. Des fois, je pouvais être utile. Mais j’ai surtout réalisé à quel point c’est compliqué le métier de réalisateur. Donc, c’est sûr que je ne connais rien au cadrage, à l’éclairage, mais j’étais là pour écouter les acteurs et émettre parfois des commentaires à Yan sur les intonations, les manières de dire. Mais le reste du temps, je me sentais inutile, et je passais mon temps sur mon téléphone à jouer au scrabble. (rires!)»
Vous avez souvent de la musique d’église ou de chorale comme trame sonore (souvent dans les oreilles du personnage de Yves). Est-ce parce qu’il aimait ce genre de musique ou si c’est votre choix musical? Parlez-moi de ce que vous vouliez comme musique pour accompagner le film et pourquoi? Cliquez pour écouter Yan et son choix pour la : musique
Guillaume : « Petite note, dans le film, lors de la soirée de poésie, il y a un guitariste que l’on voit. C’est lui qui a fait la musique du film.»
Moi, je ne connais pas Yves Boisvert. Il y a plusieurs phrases marquantes dans le film, Est-ce vraiment des citations ou cela vient de votre scénario, de la plume de Guillaume ? Yves Boisvert dit : Je fais de la poésie pour ceux qui ne me lisent pas. Un peu comme les sœurs du couvent qui prient pour ceux qui n’ont pas le temps de prier… Et «La création nous libère du feu qui nous habite.» qu’Yves dédicace à Marc dans le film. Est-ce de vrais citations ? Guillaume «Un sur deux… La création nous libère du feu qui nous habite » Cliquez pour écouter les commentaires sur les : citations
Pour le film, vous avez sûrement fait des recherches, des entrevues? Cliquez pour écouter la : recherche
À la fin du film, c’est intéressant de voir une photo du vrai Yves Boisvert, avec une grenouille dans les mains. «C’est justement une de ses amies qui a pris cette photo et elle était là, à Sherbrooke pour la projection du film. C’est une photo qu’Yves ne voulait pas montrer beaucoup de son vivant. … Maintenant, ce sera la seule photo qu’on verra de lui (rire!) » Est-ce donc dire que ce moment dans le film où il y a des grenouilles est véridique? Guillaume et Yan : Cliquez pour écouter sur la scène de la : grenouille
Vous avez présenté le film hier à Sherbrooke devant Dyane et Marc-Aurèle Lemieux (son fils) et les amis et famille de Yves. Quelles ont été leurs réactions? «Dyane et Marc-Aurèle avaient déjà vu le film. Je leur avais envoyé un lien pour qu’ils le voient en premier et qu’ils le digèrent comme on dit. Car c’est très émotif pour eux. Ils ont été très collaborateurs pour ce film. Marc-Aurèle m’a accompagné pour faire les entrevues avec des connaissances d’Yves pour mes recherches. Dyane était toujours ouverte pour répondre à mes questions. On est allé la voir plusieurs fois pour qu’elle me parle d’Yves. Et dès le départ, elle a beaucoup aimé le scénario. C’était important qu’elle endosse le film, même si on ne cherchait pas nécessairement son approbation. Et lors de la première à Sherbrooke, les gens qui ont connu Yves ont bien aimé le film.»
Martin Dubreuil, comédien
En regardant le film, j’avais l’impression que ce personnage vous ressemble beaucoup (La vie dans les bars, la volonté d’intégrité, de liberté et la marginalité). C’est vrai? «Oui, à une époque j’ai vécu un peu le genre de vie qu’il a menée, mais je suis plus rangé maintenant. Mais j’ai un background qui ressemble au sien. En lisant le scénario, j’avais l’impression de voir une partie de ma vie.»
Est-ce plus facile de jouer un rôle plus proche de vous peut-être? « Non pas vraiment. Car, oui, il me ressemble ce personnage, mais avec des différences majeures aussi. La première c’est que je dois jouer quelqu’un qui a déjà existé, donc, je voulais me rapprocher de ce qu’il a été, sans l’imiter pour autant. La ligne est mince. Ensuite, il avait des traits de personnalité différents de moi. Il était plus bourru. Il cherchait le conflit et il avait de la verve. Moi, je ne suis pas comme ça. Il était un batailleur avec les mots. Et justement, Yves Boisvert a un parler propre à lui et je voulais m’en rapprocher le plus possible. Dans la vie de tous les jours, il avait un langage plus joual assumé. Mais en même temps, c’est un gars qui a étudié la littérature. Donc, il avait un parler en équilibre en le littéraire et le cru de la rue. Donc, il a fallu que je travaille ça un peu. »
Avez-vous fait des recherches pour vous préparer pour le rôle ? Cliquez pour écouter : videos_Yves
J’ai l’impression d’avoir vu des similitudes entre le personnage de Yves Boisvert et vous. Au-delà de la marginalité et la quête de liberté, Yves aimait aider les jeunes poètes qui venaient à lui. Et vous, vous participez souvent à des courts-métrages d’étudiants. Pourquoi c’est important pour vous de faire cela? «Je viens de là. J’ai l’impression d’être chez nous avec ces jeunes qui débutent à faire des courts-métrages. C’est mon univers. Et c’est donnant-donnant. Au début quand tu commences comme acteur, tu as besoin de cinéastes pour prendre ton expérience. Et inversement, les cinéastes qui débutent ont besoin d’acteurs. Et même si je ne leur dois rien aujourd’hui, j’aime redonner quand même, avec mon expérience acquise. J’aime bien faire de courts projets parfois. Et c’est intéressant à l’occasion, de retourner faire du bénévolat, dans des projets de moins de budgets, de confort et d’expérience. C’est un autre défi. J’en ai fait un justement dernièrement un film pour l’UQUAM.
Avec la promo du film, vous avez participé à des soirées de poésies. Est-ce quelque chose que vous aimez personnellement? «La poésie, oui.» Cliquez pour écouter : poemes
Pourquoi faire ces soirées. «On ne voulait pas juste faire un film. C’est un film sur la poésie, la création, donc, on voulait attiser le feu de la poésie. C’est un peu comme une braise, et on vient la brasser un peu, lui ajouter une buche dans ces soirées.»
Vous êtes de tous les projets de Maxime Giroux (dont le très beau film Félix et Meira) et le nouveau film que j’ai vu au FCVQ, la grande noirceur qui sera à l’affiche en Janvier je crois. Pourquoi vous aimez autant travailler avec lui ? «On est des amis. On s’est connu quand il est sorti de l’université en cinéma. Et Max est attiré par les gens qui brassent de l’air un peu. Et je fittais comme acteur avec le genre de cinéma qu’il voulait faire. Il ne voulait pas d’acteur qui avait des tics de théâtre. La nouveauté et la pureté, je l’avais, car bien que j’avais de l’expérience en court métrage, j’étais peu connu et donc je pouvais être crédible dans n’importe quel rôle. Je n’avais pas de tics de théâtre, n’ayant pas fait d’école de théâtre et je ne faisais pas de pub. Donc, c’est un peu pour ça, que je participe à ses films. Mais il ne va jamais me donner un rôle si ça ne cadre pas avec le personnage. Donc, même si j’ai joué dans tous ces films, des fois, c’est juste un petit rôle, quand je ne suis pas ce qu’il cherche pour le premier rôle.».
Céline Bonnier, comédienne
Pourquoi ce rôle, ce projet, vous intéressait-il? «Dès la lecture, le scénario m’a vraiment plu.Ça me plait qu’on s’inspire de la vie d’un poète. Et aussi de parler de l’éveil d’un adolescent, à l’art, à la poésie, à la littérature, d’une façon qui est simple et ludique aussi. En plus, j’ai ri presque tout le long du film. Il y a un humour fin dans ce film-là. Donc, d’emblée je voulais le faire. C’était trop bien écrit. »
C’était la première fois que Martin et vous jouiez ensemble? «Oui, et je pense que ça marche. On a quelque chose qui clique lui et moi. Est-ce une gentille arrogance? Une intériorité? Je n’arrive pas à le décrire, mais ça marche.»
Bien que ce personnage est différent de la vraie Dyane, est-ce que vous l’avez quand même rencontré? Même si c’est juste inspiré d’elle, sans être elle ? Cliquez pour écouter : Dyane
Et jouer avec Henri c’est comment? «C’est facile. Il est vraiment bon. Et j’aime son choix de ne pas en faire trop. Il ne fait presque rien, mais tout transparait. Il a comme une peau qui laisse tout traverser de ce qu’il est en train de vivre. Et c’est un jeune homme très bien élevé, ce qui est une qualité rare. »
Quel a été votre défi? «D’incarner une femme qui existe. » Cliquez sur ce lien pour écouter : defi
Et le film, quand vous l’avez vu quelles ont été vos impressions? «J’ai adoré ça. Le réalisateur a inscrit sa propre poésie dans les images. »
Martin et Céline vont monter sur les planches de l’Espace GO au printemps, alors qu’ils seront de la distribution de Parce que la nuit, de Brigitte Haentjens, une exploration de la vie et de l’œuvre littéraire et musicale de Patti Smith. «On est en train de répéter présentement. On fait le tour de l’œuvre de Patti Smith, son écriture, sa musique, sa poésie. C’est très inspirant.»
Sortie cinéma : 23 novembre 2018
Origine : Canada
Distribution :
Martin Dubreuil Yves Boisvert
Céline Bonnier Dyane
Henri Picard Marc
Jacques L’Heureux Jacques
Marie-Ève Perron Maryse
Martin Larocque Marcel
Stéphane Crête Claude
Lily Thibeault Ariane
Équipe technique
Réalisation Yan GIROUX
Scénario Guillaume CORBEIL, Yan GIROUX
Production Élaine HÉBERT, Luc DÉRY, Kim McCRAW
Distribution des rôles Marjolaine LACHANCE
Direction de la photographie Ian LAGARDE
Conception visuelle Marie-Claude GOSSELIN
Conception des costumes Mélanie GARCIA
Maquillage Audrey BITTON
Coiffure Nathalie DION
1er assistant à réalisation Cédrick KLUYSKENS
Régie extérieure Denis PAQUETTE
Direction de production Marc ROBERT
Supervision de postproduction Erik DANIEL
Montage Elric ROBICHON
Prise de son Lynne TRÉPANIER
Conception sonore Marie-Pierre GRENIER
Mixeur Bernard GARIÉPY STROBL
Musique originale Jocelyn TELLIER
Production micro_scope
Distribution au Canada Les Films Christal
Crédit photos : Réjeanne Bouchard