Le nom de Julie Thériault, compositrice, en a intrigué plusieurs, lorsque son disque «Subduction» a été nommé au Gala de l’ADISQ 2018, dans la catégorie «Album de l’année – Instrumental». Six mois plus tard, en ce 12 avril 2019, l’artiste lance «Projections». «C’est mon cadeau d’anniversaire ! J’ai 51 ans, aujourd’hui!», dit cette pianiste de formation classique qui est aussi peintre, en plus d’avoir été du duo Julie & The Wolf avec un chanteur de style métal /hard rock.
De Dunham à Bratislava
La dame au parcours éclectique hésite à qualifier «Projections» de néoclassique, catégorie à la mode à laquelle on associe Alexandra Stréliski et Jean-Michel Blais. «Je m’identifie davantage aux minimalistes, comme Philip Glass et John Adams. Ma musique a sans doute aussi certaines formes classiques». D’ailleurs, ce nouvel opus a été enregistré avec une trentaine d’instrumentistes de l’Orchestre symphonique de Bratislava. «C’est le pianiste montréalais Anthony Rozankovic qui m’a vanté ces musiciens après avoir collaboré avec eux dans le cadre d’un projet avec Coeur de Pirate. Je n’ai même pas eu à me rendre en Slovaquie. On a travaillé via Skype, depuis Montréal. J’ai simplement précisé quelques indications au chef David Hernando Rico. Ces gens là sont très habitués à se fondre aux volontés d’un compositeur. On s’est tout de suite compris. Par la suite, j’ai enregistré mes parties de piano, à Dunham, dans une sorte de grange où l’acoustique est magnifique ! C’est aussi là qu’on a enregistré le violon joué par Annie Guénette (membre d’I Musici).» Ce projet a séduit le directeur et fondateur d’Audiogram, Michel Bélanger, qui a d’ailleurs participé à la direction artistique de l’album.
Histoires sans paroles
Le titre «Projections», inspiré par la toile qui orne la pochette, signée par Julie Thériault, a sans doute à voir aussi avec le fait que la musicienne a étudié la composition de musique de films. Ses pièces sont portées par des dynamiques très diversifiées allant de «Fleur de peau» où le piano minimaliste côtoie la gravité des cordes jusqu’aux envolées vers les mystères de l’au-delà de «Volupté spectrale». Invitée à nous décrire ce que sa musique exprime, Julie Thériault nous parle de sa pièce «Mirage». «J’étais sur une plage à Cuba quand l’inspiration m’est venue. Ça commence tout doucement avec les violons; arrivent les violoncelles qui symbolisent, ici, la sérénité, mais il y a aussi des nuages menaçants à l’horizon qu’on sent avec l’effet de ponticello, c’est-à-dire un trait de violon ou de basse exécuté en attaquant les cordes près du chevalet. Tout est suggéré. Il n’y a pas de mots car les mots nous trompent, souvent. C’est à chacun d’utiliser ma musique comme véhicule pour faire son propre voyage». Bref, chaque «projection» de ce disque, qui compte 12 pièces, est appelée à transformer l’auditeur en réalisateur de son propre film.
Julie Thériault – Projections
3,5 / 5