C’est bien plus qu’une revue musicale qui est à l’affiche pour quelques semaines au Théâtre Hector-Charland de L’Assomption, avant de s’installer à Victoriaville. En plus de ratisser large, avec talent, de Félix à Louis-Jean Cormier, de la Bolduc à Céline, en passant par un coup d’oeil à «Pied de poule» et des extraits de «Starmania», on raconte une histoire touchante à travers laquelle on parcourt le Québec en chansons.
Un jeune homme (Simon Fréchette-Daoust) décide de se procurer une «Westfalia» qu’il offrira, ultimement, en cadeau de retraite à son père qui n’a jamais voyagé à l’extérieur de son Abitibi natale. Avec Marc-André Fortin, Gabrielle Destroismaisons, Jean-Philippe Audet et Frédérique Mousseau comme compagnons de voyages, on a droit à des medleys bien assortis et rehaussés de riches harmonies vocales.
Devant un décor de montagnes qui pourraient être celles de Charlevoix, ou de la Gaspésie, on prend la route avec «Le vieux du Bas-du-Fleuve» (Mandeville), «Le picbois» (Beau Dommage), «Ici comme ailleurs» (Séguin). Les textes de Dominic St-Laurent et Janik V. Dufour qui signe aussi la mise en scène, ajoutent de la profondeur au spectacle. Durant le «tableau» consacré aux accents québécois, on illustre les richesses de notre langue en la comparant à de la pâte qui peut aussi bien se transformer en brioche qu’en bagel. Chacun sa façon de parler le français. Chacun son accent. Fréchette-Daoust fait bien rigoler la salle avec son imitation de l’accent de Kevin Parent («Seigneur»), alors que Mousseau s’en donne à coeur joie avec celui de Céline («Des mots qui sonnent», «Je danse dans ma tête»). L’énergie est belle à voir tout au long du spectacle, notamment, grâce au boute-en-train Audet qui y prend un plaisir évident, entre autres, dans «La danse du smatte» (Lavoie).
Après les incontournables «Le Frigidaire» et «Chante-la ta chanson», on se transporte au bar-karaoké «Chantale-l’a-ta chanson». Gabrielle Destroismaisons nous révèle ses talents de comédiennes en incarnant la dite Chantale, tenancière des lieux, qui mâche sa gomme en chantant «Call girl» (Nanette), dans les yeux de ces messieurs. Elle fait aussi preuve d’un aplomb remarquable en reprenant l’inchantable «Rock pour un gars de bicyle» (Dufresne). Époustouflante ! Elle aurait sans doute reçu une ovation, si la musique s’était arrêtée quelques instants.
Parmi les maladresses, avouons qu’il est plutôt frustrant de voir Destroismaisons ne chanter qu’une partie de «Tous les cris les S.O.S.» (Balavoine), elle qui estime que c’est là une des plus belles pièces qu’elle a enregistrées. On coupe aussi trop rapidement «La Manic» (Dor) , pourtant magnifiquement interprétée par Marc-André Fortin. De plus, certains réaménagements scéniques semblaient encore laborieux, ce jeudi soir, notamment, l’installation du piano à queue, qui a un peu brisé le rythme du spectacle.
Quant aux textes, même s’ils ne sont pas toujours limpides, ils ont le mérite de témoigner de la beauté du Québec et de l’originalité des Québécois. Très beau clin d’oeil à Sol (Favreau) ! Avec costume approprié et jeux de mots rappelant ce clown attachant, Fréchette-Daoust, comédien de formation, parle de notre musique malade et du dernier des c.d. (décédé), évoquant l’ère du téléchargement sans paiements aux artistes. Après l’entracte, tous les cinq sont déguisés en «Belles-soeurs» pour rendre hommage à Michel Tremblay. Sympathique mais longuet.
La finale est épatante ! «Bozo» (Félix), «Un peu plus haut, un peu plus loin», (Ferland) «Quand les hommes vivront d’amour» (Lévesque) , «Aimons-nous» (Deschamps), «Le petit roi» (Ferland), «Un musicien parmi tant d’autres» (Harmonium), «Promenade sur Mars» (Offenbach), «L’escalier» (Piché), «Le plus beau voyage» (Gauthier) et, bien sûr, «Je reviens chez nous» (Ferland). Ce feu roulant repose sur l’excellent travail de Francis Veillette (guitare), Maxime Alarie (basse), Maxime Reed-Vermette (batterie), sous la direction de Gabriel Bertrand-Gagnon (pianiste).
Plus de deux heures de grandes émotions et de pur plaisir ! Si vous aimez le Québec et la chanson québécoise, je vous recommande fortement ce spectacle : un voyage enchanteur !
Je reviens chez nous
Avec : Marc-André Fortin, Gabrielle Destroismaisons, Jean-Philippe Audet, Frédérique Mousseau et Simon Fréchette-Daoust
À L’Assomption, Théâtre Hector-Charland, à compter du 14 juin
À Victoriaville, Le Carré 150, à compter du 7 août
Voir notre reportage vidéo : https://lesartsze.com/je-reviens-chez-nous-hommage-a-la-chanson-quebecoise/
Voir critique de «Je reviens chez nous – album souvenir» : https://lesartsze.com/je-reviens-chez-nous-un-album-souvenir-du-spectacle/