Second volet de la trilogie secondes/minutes/heures, 3 minutes reprend l’histoire de Piet Hoffman, quelques années après avoir orchestré sa mort et fui le gouvernement suédois, peu enclin à le laisser vivre… Menant une double vie, en Colombie cette fois, il doit de nouveau tenter l’impossible pour sauver sa peau. Tout se jouera en trois minutes au cours desquelles tout pourra changer : aider ou trahir, écouter ou aimer, vivre ou mourir.
Les auteurs – Anders Roslund et Börge Hellström – ont repris les éléments qui ont fait le succès du premier tome, en réussissant à ne pas lasser le spectateur. Surfant sur le succès des séries en lien avec les narcotrafiquants colombiens, Piet Hoffman plonge dans le quotidien des sicarios et de leur code d’honneur discutable. Garde du corps pour le dangereux El Mestizo, et agent infiltré pour les services de renseignements américains, il participe plus qu’activement à la saisie de gros chargements de drogue. Cette feuille de route parfaite ne suffit pas à rayer son nom d’une liste de personnes à éliminer, que les grands dirigeants américains ont bien l’intention de respecter.
Si le leitmotiv du livre est de ne se fier qu’à soi-même, Erik Wilson et Ewert Grens – personnages du premier volet, guidés par un profond sentiment d’injustice et de culpabilité seront d’indispensables jokers pour la survie de Piet et sa famille.
Ce second tome se tient globalement de lui-même, mais certains retours en arrière ou références nécessitent tout de même une lecture préalable du premier. Les auteurs font régulièrement des rappels plus ou moins subtils, qui ont l’avantage de ne pas perdre le lecteur. Cela dit, l’histoire reste tout-de-même un copié-collé un peu décevant dans les premières pages. Finalement, ce qui nous intéresse n’est plus Piet lui-même, mais les personnages secondaires, qui évoluent tous en terrain miné, aux prises avec leur conscience, leur fonction ou leur devoir. D’autant que le héros – déjà très habile à la base – est littéralement devenu, à la manière d’un Jason Bourne, un super homme capable de démanteler un réseau tout entier à lui tout seul. Crédible? Non. Haletant? Bah oui. Et l’intérêt est d’autant plus maintenu que l’on sent le véritable effort de recherche fait pour que tout l’aspect technique soit vulgarisé et cohérent.
L’effet de surprise de 3 secondes n’en est donc plus un ici. Sachant cela, pourquoi la recette fonctionne encore? La réalité du terrain, romancée certes, mais d’actualité. Trafics de drogues, magouilles politiques, forces armées en Colombie… la force des auteurs se situent dans leur attachement aux détails, surtout lorsque le contexte de ceux-ci est actuel. Les actions des personnages ne sont pas forcément crédibles, mais leur environnement, leurs pensées, leur vie le sont, et cela compense une redite un peu prévisible.
Rendez-vous pour le tome 3 déjà disponible – 3 heures – que l’on devine basé sur le même principe, et pour lequel on espère que le concept ne sera pas usé.
3 minutes – Anders Roslund et Börge Hellström
Éditions : Mazarine
Genre : Roman polar/suspense
560 pages