Le violoniste québécois Alexandre Da Costa, qui joue de grandes oeuvres baroques avec une énergie de rocker, a conquis la foule réunie à la Cinquième Salle, ce jeudi soir, pour le concert de lancement de l’album «Stradivarius BaROCK». D’entrée de jeu, il frappe fort avec Gregory Charles au piano dans une relecture de la célèbre Toccata et fugue en ré mineur de Bach, devenue Toccate & Boogie. Cette nouvelle partition époustouflante donne le ton à la soirée où des pièces composées il y a des siècles sont reprises dans des styles plus près de notre époque. Et les transgressions ne s’arrêtent pas là !
Da Costa invite les spectateurs à ne pas respecter la consigne du message enregistré de la Place des Arts qui interdit de prendre des photos durant le concert. «Ce soir, vous faites ce que vous voulez, y compris, photographier. Et si vous avez le goût d’applaudir, pas besoin d’attendre un moment précis», ajoute Da Costa qui veut éliminer la rigidité qui entoure, selon lui, le monde de la musique classique.
Tout en affirmant son respect pour le grand Jean-Sébastien, de même que pour Pachelbel ou Vivaldi, Da Costa réussit à s’approprier un extrait des Quatre Saisons, auquel il apporte une énergie rock qui colle à la partition. Hard Summer n’est peut-être plus du Vivaldi à proprement parler, mais il faut tout un violoniste pour livrer cette relecture enlevante ! Accompagné des excellents John Roney (piano), Éric Lagacé (contrebasse) et Wali Muhammad (percussions), Da Costa invite aussi Bruno Pelletier à venir chanter Simplement que ma joie demeure (Cantate BWV 147 de J. S. Bach). Il s’agit d’un texte de Richard Desjardins et on aura droit à une anecdote savoureuse sur le poète rouynorandien. Pelletier reviendra, en fin de concert, pour interpréter l’Ave Maria de Caccini. On constate que le chanteur a conservé les moyens vocaux et la ferveur de l’époque de Miserere et la voix de tête si caractéristique de sa version de La Manic.
Quoi qu’on en dise, l’adaptation d’airs classiques fascine bien des publics et attire des musiciens de haut calibre, qu’on pense, entre autres, au bayaniste ukrainien Alexandr Hrustevich qui épate, lui aussi, avec le Presto du concerto L’Été de Vivaldi. Si le terrain du «crossover» a déjà été beaucoup visité, Da Costa y apporte de nouvelles idées. Par exemple, son Air sur la corde de sol (Bach), ressemble dans sa forme à celui du Play Bach du pianiste Jacques Loussier, mais le violon y apporte de nouvelles couleurs. Le violoniste reprend aussi des pièces de Queen et Jimi Hendrix et le Stradivarius «Deveault» se prête admirablement aux mélodies de Hallelujah et Dance me to the end of love de Leonard Cohen
Le spectacle Stradivarius BaRock, dont on a eu un avant-goût ce soir, sera présenté dans une mise en scène de Joël Legendre, l’an prochain, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 14 avril et à la Salle Albert-Rousseau à Québec, le 10 mai.