Autant chez Atma que chez Analekta, les nouvelles parutions du disque classique sont vraiment excellentes.
Chez ATMA, il paraît un album en trois disques des six quatuors dédiés à Haydn par Mozart (ACD2 2756) désormais arrangés pour quintette à vents (donc ajout de la clarinette, instrument tardivement apparu dans la vie de Mozart) réaménagements ouvragés par quatre des cinq membres de l’ensemble remarquable qu’est Pentaèdre. On y retrouve en ce Pentaèdre des musiciens excellents avec lesquels nous sommes familiers si nous sommes abonnés de nos grands ensembles concertants dont Ariane Brisson à la flute traversière et également Danièle Bourget pour deux des six quatuors à ce même instrument, ensuite Martin Carpentier à la clarinette, Normand Forget au hautbois, Mathieu Lussier au basson et enfin le corniste bien connu Louis-Philippe Marsolais.
Ceci confère aux oeuvres de Mozart un timbre tout nouveau, bien sûr, cet élément de légèreté aérienne constitutif aux instruments à vents mais ces arrangements ôtent souvent aux quatuors originels la gravité sentencieuse de certains fredonnements mélodiques originellement imputables aux seules cordes. Ainsi, c’est chaque fois lumineux et pour chacun des quatuors un étonnement de les redécouvrir comme oeuvre presque toute nouvelle et comme mélodies. J’ai fait l’exercice pendant plusieurs jours pour chacun des quatuors en comparant le résultat avec ce que nous en donna, jadis, conformément aux partitions originelles le Franz Schubert Quartet of Vienna (Brilliant Classics 94051778).
Toujours chez ATMA, Magali Simard-Valdès musicienne extrêmement active sur la scène montréalaise et dont on avait abondamment parlé dans nos pages lors de son exceptionnelle prestation mésestimée en rondes qualifiantes du dernier concours de chant au Concours de Montréal (CMIM) – malgré qu’elle fut accompagnée du phénoménal pianiste-accompagnateur Michel-Alexandre Broekaert, la voilà ces jours-ci dans un album d’arrangements intitulé Romances ouvragées par Hector Berlioz, mais ici pour voix et guitare (David Jacques est l’intrépide guitariste) cette fois en compagnie du retentissant ténor Antonio Figueroa. Les deux chanteurs et le guitariste réalisent un très beau disque d’airs d’opéras comiques en 25 pièces d’époque dont parfois les paroles ou la musique ne sont pas authentifiées par un créateur mais ce sont des airs en vogue après la restauration, sous la monarchie de Juillet et le Second Empire à Paris.
Il paraît, de leur côté, chez Analekta (après tous ceux dont il a été question encore récemment il y a un mois) un premier l’album d’une future ambitieuse série de l’intégrale des sonates de Franz Schubert avec le méthodique pianiste (et médecin chirurgien je crois…) Mathieu Gaudet qui a su compléter adroitement le premier mouvement laissé inachevé de la sonate D.571 en fa dièse mineur. La dix-septième sonate en sol majeur D.894 complète ce tout premier album. On y reconnaît le solide musicien qui bénéficie de l’excellence de la prise de son technique et d’une connaissance parfaite de ce répertoire qu’il a offert, si je ne m’abuse, en entier, à la Chapelle Historique du Bon Pasteur au fil des dernières années. M. Gaudet me fait songer au fascinant musicien et pianiste Paul Helmer lorsque, celui-ci encore jeune, enregistrait avec fougue tels les Intermezzi opus 76 de Brahms (SRC183) et jouait plusieurs fois par mois à la Salle Pollack de l’Université McGill à laquelle je dois sûrement la moitié de ma mince éducation musicale. Gaudet joue donc magnifiquement en ce premier album autant de présence que de fluidité, ce qu’il faut immensément tant chez Schubert que Brahms ou Schumann.
On voit qu’avec la parution des albums incontournables des quatre Ballades et Impromptus de Chopin sous les doigts de Charles Richard-Hamelin, qu’Analekta fait oeuvre solide, elle aussi, de diffusion en faveur de la connaissance de nos musiciens assidus et talentueux. L’an dernier, nous encensions chez Analekta l’album Canciones d’Adam Cicchllitti, guitariste, puis cette année paraît son album d’oeuvres contemporaines avec son collègue Steve Cowan intitulé Focus (AN28792) comportant surtout comme saisissante, de mon point de vue, bien entendu, l’oeuvre River and Cave de Jason Noble.
J’ai vu de la même maison sur les rayons des disquaires encore disponibles le disque avec la fabuleuse pianiste Hsin-I Huang accompagnant le violoniste fauve Blake Pouliot (AN28798), aussi le disque de Nadia Labrie dont on a parlé longuement en bien, mais encore mon coup de coeur tout récent l’album Inspirations un quintette de cuivres (numéroté AN28776) jouant avec une allégresse irrésistible. Reste à mentionner pour terminer comme nous avons commencé, avec la maison ATMA, à l’orgue Vincent Boucher dont nous avons entendu dans le cadre du Festival Bach dimanche dernier 3 décembre, un splendide récital d’oeuvres de Bach, Pachelbel, Buxtehude aux grandes orgues de l’Oratoire Saint-Joseph, donc un album d’orgue Bach-Buxtehude chez Atma Classique (ACD2 2777). Plusieurs chaconnes ou passacailles y sont reprises et l’album est d’une détente plus que bienvenue, d’une spiritualité à faire naître en soi comme chez notre entourage.