Autant à la Salle Bourgie qu’ailleurs, on nous prévient que les concerts sont plus courts qu’auparavant pour éviter les entractes et du coup mieux respecter les règles de distanciation, mais jusqu’où ira-t-on ? Pour sa part, le pianiste David Jalbert est demeuré moins d’une heure sur scène, ce jeudi soir, pour son récital donnant le coup d’envoi de la série de concerts filmés pour la plateforme de webdiffusion Livetoune. En un mot, les mélomanes présents ont passé plus de temps à se déplacer qu’à écouter de la musique, nous dit Marc-Yvan Coulombe.
Les sept dernières paroles du Christ et les caméras
Le nouveau propriétaire d’Atma classique, Guillaume Lombart, mise sur la webdiffusion des concerts des artistes qui enregistrent sur cette étiquette pour faire valoir leur talent partout sur la planète. C’est dans cet esprit de convergence qu’on filmait le concert de la version pour piano des Sept dernières paroles du Christ en croix, oeuvre de Haydn, interprétée par le pianiste québécois David Jalbert qui vient de l’enregistrer pour Atma.
Première constatation, les caméras de Livetoune sont fort discrètes et ne dérangent pas les mélomanes qui se sont déplacés pour voir et entendre le pianiste.
Un voyage intérieur
Quant à l’oeuvre au programme, qui se veut une interprétation musicale des derniers moments du Christ, tels que rapportés par les quatre évangélistes, on sait qu’elle a d’abord été écrite pour orchestre. Haydn a ensuite arrangé la partition pour quatuor à cordes, puis, il a autorisé une transcription anonyme pour clavier, qui est rarement jouée.
Si la version en oratorio avec solistes, choeur et orchestre est sans doute la plus connue, le récital de Jalbert aura démontré que cette musique demeure riche au piano. Bien sûr, il s’agit d’un voyage intérieur, à travers une succession de mouvements (sonates) généralement lents pour méditer sur l’agonie du Christ. Mais, chacune des parties, d’une durée d’environ 7 minutes, génère des émotions différentes.
Après la douceur de la «Troisième Parole, où Jésus confie sa mère à son disciple Jean, arrive le déferlement dramatique de la «Sonate 4», où le crucifié demande à son père : «Pourquoi m’as-tu abandonné ?»
Une tempête au piano
Le dernier mouvement Il Terremoto (tremblement de terre) fait appel à la virtuosité du pianiste et Jalbert l’a d’ailleurs réarrangé. «L’impact si fort de ce mouvement à l’orchestre, au quatuor et même au pianoforte ne se traduit pas du tout sur nos instruments actuels, ce qui m’a poussé à en étoffer un peu la sonorité pour préserver la force émotive du mouvement sans en sacrifier la clarté.»
En résumé, un concert intéressant mais, si court, qu’il nous a laissé sur notre appétit.
Les sept dernières paroles du Christ en croix
Oeuvre de Joseph Haydn (transcription pour piano).
David Jalbert (piano). Salle Bourgie, 24 septembre 2020.