Maxime Houde vient de publier, aux éditions Alire, L’Évaporée du Red Light, la huitième enquête de Stan Coveleski. En plus d’avoir l’impression de se retrouver dans un film policier des années 40, où l’on découvre le nightlife de la ville de Montréal de cette époque, Maxime Houde apporte une bonne dose d’humour dans ses dialogues avec l’amusante répartie baveuse de Stan Coveleski.
Un matin, Stan Coveleski a la surprise de trouver à son bureau une fort jolie cliente. Loretta Lamour, danseuse au cabaret Full Moon, veut l’engager pour retracer son amie Gisèle – elles logents dans la même pension –, cigarette girl de son état, qui a mystérieusement disparu quelques jours plus tôt.
Grâce à un contact dans la police et à un privé que Stan engage de temps à autre pour de petits boulots, le détective commence par interroger les personnes ayant côtoyé Gisèle. Sans grand succès. Mais l’enquête, jusque-là plutôt banale, prend une autre tournure quand Benjamin Katz, le vieux – mais riche ! – propriétaire du Full Moon l’approche pour lui demander à son tour de retrouver la jeune fille… en prétextant une idylle ! À laquelle, bien sûr, Coveleski ne croit guère, et encore moins quand Sylvia et Victor, les enfants de Katz, viennent mettre leur nez dans l’histoire, la compliquant encore plus.
Dès lors, Coveleski a une conviction : cette cigarette girl, qui s’est étrangement évaporée, est plus importante qu’elle n’en a l’air, et il en veut pour preuve le nombre effarant d’atteintes à sa personne dont il a été victime depuis qu’il la cherche. Or, quand il s’entête, Stanislas Coveleski est têtu, très têtu, et certains vont l’apprendre à leurs dépens !
J’ai découvert la plume de Maxime Houde en 2017, avec son roman La Vie rêvée de Frank Bélair, qui se passait également dans le Montréal des années 30 et 40. Comme dans tous ses romans policiers, l’action soutenue et imprévisible nous tient en haleine. L’ambiance qu’il crée nous donne l’impression de regarder un film policier des années 40 du style, Assurance sur la mort, Les Tueurs avec Burt Lancaster ou Les Passagers de la nuit avec Lauren Bacall et Humphrey Bogart.
Maxime Houde excelle dans l’art de nous décrire une scène, son ambiance et même son odeur. Par exemple : «Un type me tenait compagnie sur la banquette. Je le sentis avant de le voir. Un mélange écoeurant d’eau de Cologne, de sueur et de cigarettes. Il avait des yeux globuleux, des lèvres épaisses et humides qui s’ouvraient sur des grandes dents espacées comme de petites pierres tombales. Ses cheveux noir luisant de Brylcreem, tombaient assez bas sur sa nuque et son col de chemise.». Également, les scènes de bagarre sont décrites de manière percutante, et très imagées, nous permettant de bien voir l’action.
Je dois souligner la superbe page couverture, illustrée par Grégory Fromenteau, qui nous met en scène une rue importante dans cette histoire du Montréal des années 40 et qui nous donne le goût de découvrir cet univers et retourner dans cette époque révolue, où les petits mafieux contrôlent le nightlife.
Mais la plus grande force de Maxime Houde est assurément la répartie de ses personnages. Que ce soit pour désamorcer une situation tendue, ou encore pour provoquer ou narguer son adversaire, le personnage de Stan Coveleski a constamment des répliques cinglantes, teintées d’ironies à nous proposer. Ces dialogues sont succulents à lire et je me surprends à y revenir à l’occasion, tellement ces réparties ping-pong entre les personnages me font rire : Par exemple : «
– Mon pauvre homme… vos fins de mois doivent pas être rigolotes.
- Il m’arrive de manger de la soupe pendant une semaine, mais je peux me regarder dans le miroir le matin. C’est pratique quand je me rase…
- Je pourrais prendre votre petit discours pour une insulte, monsieur Coveleski.
- Vous le prendrez pas comme ça, parce que vous savez que j’ai raison. Après tout, les quatre gorilles à votre emploi sont pas là pour cirer vos chaussures et vous essuyer le menton quand vous mangez des spaghettis.»
Au final, L’évaporée du Red light est un polar captivant écrit par un auteur à la plume affinée et aux dialogues désopilants. Un excellent divertissement pour s’éloigner de son quotidien et se donner une bonne dose d’adrénaline et d’endorphine.
Bien que ce soit la huitième enquête de Stan, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les romans précédents pour bien comprendre, car chaque roman contient son enquête indépendante. Par contre, il peut être intéressant de suivre la chronologie des histoires, pour suivre l’évolution du personnage principal, mais également le raffinement de la plume de l’auteur au fil des ans.
Le personnage de Stan m’a complètement séduite et j’ai déjà commandé certaines autres enquêtes de Coveleski sur le site des éditions Alire. À l’achat de 3 livres, la livraison est gratuite.
Né en 1973, Maxime Houde est le créateur du personnage de Stan Coveleski, dont les exploits comptent à ce jour huit volumes. La sixième enquête du détective privé montréalais des années 40, L’Infortune des bien nantis, a remporté le prix Saint-Pacôme 2012 du meilleur roman policier. Il a aussi écrit un polar contemporain, un roman hommage aux films noirs des années 40-50 et de nombreuses nouvelles. Fan inconditionnel d’Elvis, il habite la métropole québécoise avec deux chats et travaille sur de nouveaux projets.
Illustration : Grégory Fromenteau
Nombre de pages : 234 pages
Date de Parution : 18 mars 2021
Prix : 24.95$
Éditions Alire