Des pieds à la tête
En cette Semaine sainte, alors que les chrétiens commémorent la Passion du Christ, le Studio de musique ancienne de Montréal présente le cycle Membra Jesu nostri, du compositeur allemand Dietrich Buxtehude. Il s’agit de courtes cantates qui rendent grâce au corps du Christ sur la Croix, basées sur des poèmes spirituels attribués à Bernard de Clairvaux.
Chacune des sept cantates de Membra Jesu nostri (Les membres de Jésus-Christ) évoque les sévices imposés à Jésus crucifié. Par exemple, la première cantate dit essentiellement : «Les clous des pieds, les dures plaies… je les embrasse avec affection… ne me repousse pas, moi, indigne de tes pieds sacrés.» Malgré la fatalité, l’espoir demeure au coeur de l’oeuvre portée par les voix, les violons et les violes de gambe : «Salut, tête ensanglantée, entièrement couronnée d’épines… ô toi qui m’aime et que je veux embrasser, montre toi toi-même alors sur la croix qui apporte le salut.»
Des pieds à la tête : le cycle Membra Jesu nostri de Buxtehude
Studio de musique ancienne de Montréal / Andrew McAnerney, direction
À la salle Bourgie : Mercredi 31 mars, 19 h / Jeudi 1er avril, 19 h
Concert du 1er avril disponible en webdiffusion
Messe du Samedi saint au temps de Marguerite d’Youville
C’est à un véritable rendez-vous avec le patrimoine musical québécois que nous convient l’ensemble les Idées heureuses et son infatigable directrice Geneviève Soly. Après s’être illustrée, entre autres, dans ses recherches pour la redécouverte de la musique du compositeur Christoph Graupner, la musicologue a travaillé durant les cinq dernières années à une reconstitution d’une messe du Samedi saint, comme on aurait pu l’entendre à la paroisse Notre-Dame de Montréal, du vivant de Marguerite d’Youville. Rappelons que la fondatrice des Soeurs de la Charité de Montréal, communément appelées Sœurs Grises, fut la première personne née au Canada à être canonisée.
«Il y a là un pan de notre histoire musicale très peu connu», souligne madame Soly. «Dès qu’on prononce le mot «religieux» au Québec, il y a plein de gens dont les cheveux se dressent sur la tête. La musique religieuse qu’on faisait ici, déjà au XVIIIe siècle, est pourtant d’une grande richesse comme en témoigne le programme de notre concert !» On y entendra, entre autres, un Magnificat attribué à Jean Girard principalement connu pour le Livre d’Orgue de Montréal. Jean Girard est d’ailleurs considéré comme l’un des premiers musiciens professionnels de Montréal.
Ce travail colossal fera l’objet d’une seule représentation, devant un maximum de 120 spectateurs, ce vendredi, 2 avril. «Je suis un électron libre ! Alors qu’en général les musicologues sont des enseignants qui prennent une année sabbatique pour effectuer leurs recherches, moi, je fais ça en allongeant ma semaine de travail parfois jusqu’à soixante heures.» Une conférence enregistrée par Geneviève Soly sur les recherches qui ont mené à la reconstitution historique de cette messe du Samedi saint sera d’ailleurs disponible en ligne.
Concert de la Passion autour de Marguerite d’Youville
Idées heureuses
Geneviève Soly, orgue, recherche musicale et commentaires
Rebecca Bain, cheffe
Invitée : Angèle Trudeau, soprano
Programme
Cantiques anciens de la Passion chantés jusqu’au premier quart du XXe siècle
Messe bordelaise en plain-chant musical orné (Kyrie, Sanctus et Agnus Dei),
avec alternance de versets correspondants issus du Livre d’orgue de Montréal
(musique française du XVIIe siècle)
Jean GIRARD – Magnificat : versets alternés entre le petit motet, la psalmodie traditionnelle
Guillaume-Gabriel NIVERS – Pièces d’orgue
Samuel WEBBE – Duetto pour sopranos et orgue
Nicolas LEBÈGUE – Petit motet au saint Sacrement
Petit motet Regna Terrae des Sœurs grises
Cantiques de Saint-Sulpice sur les Souffrances de la Vierge (Paris, 1772)
À la salle Bourgie, le Vendredi saint 2 avril à 15 h
Conférence disponible en webdiffusion