Samuel Larochelle, journaliste, chroniqueur et écrivain, vient de publier aux éditions Stanké son premier récit poétique J’ai échappé mon coeur dans ta bouche. Cet auteur dont j’ai adoré ses romans À cause des garçons et Parce que tout me ramène à toi, se dévoile ici, de manière très intime dans cette suite de poèmes qui explorent les relations amoureuses, incluant peine d’amour, consentement et sexualité. Samuel Larochelle se raconte en fragments poétiques et nous sommes émus de son authenticité.
Résumé : Dans cette suite de textes intimes, Samuel Larochelle brouille la ligne entre ce qu’on peut dire à voix haute et ce qu’on garde (trop) souvent pour soi. Avec un mélange de vulnérabilité et d’humour, il explore des thématiques comme l’amour, le consentement, les applications de rencontres, la sexualité et le rapport au corps, en usant d’images et de formules percutantes. De page en page, il expose son histoire, ses pensées, ses blessures, ses anecdotes rocambolesques et ses aspirations dans un ouvrage qui se révèle drôle, émouvant et caustique (un peu bitch, disons-le), mais toujours désarmant d’honnêteté.
En général, la poésie ne fait pas partie de mes styles littéraires préférés. Cependant, vu que j’avais beaucoup aimé la plume de Samuel Larochelle dans ses romans précédents, j’ai été attiré par son tout récent projet d’écriture. Son titre accrocheur J’ai échappé mon coeur dans ta bouche, et son image de la page couverture m’ont tout de suite interpellé.
J’ai rarement vu quelqu’un se dévoiler et se mettre à nu autant dans un livre. Avec ses récits poétiques, j’ai eu l’impression d’aller à la rencontre d’un ami et d’accéder à ses profonds secrets, en plus de découvrir sa vulnérabilité et ses désirs inassouvis. J’aime bien lire ses textes à voix haute, car ses phrases ont une belle musicalité, à la lecture. Le tout est narré en douceur, facile à imaginer et avec une lucidité désarmante.
Par exemple, le texte mon ventre est une bibliothèque, où il aborde l’obsession de perdre du poids, d’être mince m’a beaucoup interpellé « Les hommes qui goûtaient à ma peau avaient tous en commun d’être plus minces que moi. Incapable d’accepter chez les autres les surplus qui avaient fait de mon corps leur refuge. J’espérais que mes amants poseraient sur moi un regard que je n’avais jamais été capable de m’offrir. »
Il nous raconte ses histoires d’amour, de baise, de peine d’amour et tout cela est vraiment très touchant. « Malheureusement, nos chemins se sont séparés au milieu de l’été. Douze mois plus loin, un ami m’a appris que tu t’étais tué. À cet instant, mon souffle s’est brisé et j’ai pensé, il est parti sans m’entendre lui dire je t’aime. »
Heureusement, ses écrits sont présentés souvent avec un soupçon d’humour, et un brin de désinvolture qui dédramatisent parfois certains thèmes plus corsés à aborder. En voici un exemple : La santé avant l’orgueil, où il nous raconte son passage à la clinique
«Blabla, pénétration ?
Blabla, sexe oral ?
Blabla, frottage ?
Blabla,protection ?
Remords achetés en paquet de douze. Non… je m’excuse. L’infirmier sourit en coin. Il me juge sûrement, mais il sourit. J’ai peut-être des chances..
Étends-toi sur la table, s’il te plaît
Papier qui fait crounch. Culotte baissée. Prélèvement devant. Tortillage. Genou levé. Prélèvement derrière. Retour sur la chaise.»
Somme toute, ce récit poétique est émouvant, touchant et divertissant.
Samuel Larochelle montre tout ce qu’il a dans le ventre, après une décennie à écrire de la fiction et à fouiller la vie des autres. En tant que journaliste, il collabore avec une vingtaine de médias (dont La Presse, Les Libraires, L’Actualité et Fugues). Comme écrivain, il a publié plusieurs nouvelles et six romans, dont Parce que tout me ramène à toi (Druide, 2015) et Combattre la nuit une étoile à la fois (Héritage, 2021).
Date de parution : 21 avril 2021
Nombre de pages : 192 pages
Prix : 27.95$
Éditions Stanké : http://www.editions-stanke.com/