Au Palais Montcalm de Québec, en ce dernier dimanche de mai, le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin a pu enfin présenter son concert au Club musical de Québec. La prestation a été précédée par un bref entretien entre le pianiste et le musicologue Benjamin René. Le pianiste a pu lui faire part de sa vision de ces 24 Préludes et comment au cours des derniers mois durant la pandémie, il a pu approfondir son jeu pianistique et sa compréhension des œuvres, étant privé de voyages et de concerts donnés à travers le monde.

Ces Préludes constituent en quelque sorte un condensé de l’œuvre de Chopin. Ce sont de courtes pièces d’atmosphères, des fragments très courts ou légèrement plus longs sur quelques minutes, entre à peine quelques secondes et cinq minutes.

Charles Richard-Hamelin, comme il l’a affirmé, s’investit totalement. Certaines pièces sont nostalgiques, noires, tristes même alors que d’autres sont plus légères et lumineuses. Or ce pianiste s’impose à nous. Ses exécutions sont réfléchies en profondeur. Constamment dans son jeu, ses tempos, ses choix, on est suspendu à son interprétation. Le tout est tellement nuancé, équilibré dans une retenue, une délicatesse ou un emportement grandiose faisant appel à une virtuosité sans failles mais toujours musicalement justifié. La beauté, la diversité de l’œuvre interprété et la musicalité qui en ressortent nous transportent dans un univers musical exceptionnel. Richard-Hamelin est indéniablement un des plus importants pianistes actuellement. Il suffit de comparer ses exécutions avec celles des plus grands. Il les égale et il les dépasse même.

Avant ces Préludes, le pianiste avait inscrit au programme une Fantaisie et une Sonate de Mozart, des choix appropriés dans l’atmosphère de ce concert. En rappel, il a joué la Fantaisie no 3 en ré mineur, K 397 de Mozart  en espérant nous faire sourire. « Sourires qu’il ne pourrait voir » a-t-il dit. Oui, le public a souri et il va se rappeler de ce concert exceptionnel de Charles Richard-Hamelin.