Le très prolifique écrivain Jean-Pierre Charland, que l’on connaît pour ses séries de romans historiques, tels que Portes de Québec, Sur les berges du Richelieu, 1967, Odile et Xavier et La Pension Caron, pour ne nommer que ceux-là, a été inspiré par la pandémie pour publier son plus récent roman contemporain, Après. Ce roman d’anticipation nous plonge dans un futur pas très éloigné, après une pandémie qui a dévasté probablement le monde, laissant environ 1% de la population tenter de survivre sans s’entretuer.
Résumé : Wisconsin, dans un futur proche. Elliot Lewis part camper, seul, après un divorce difficile. Son plan : passer l’été au bord du Devil’s Lake avec son chien, Eugène, à lire des livres et manger des aliments lyophilisés. Quand Elliot sort de sa retraite pour retrouver son travail et sa vie, le monde a bien changé : Les rues sont désertes, les champs sont en friche, les maisons sont abandonnées et les occupants y sont morts. Il semble qu’une pandémie ait frappé et qu’il y ait très peu de survivants. En partant à la recherche d’armes et d’aliments, Elliot prend une bande de pilleurs en flagrant délit de viol. La victime, Kate, prend la fuite avec lui. Ils s’installent dans une maison abandonnée et passent plusieurs semaines ensemble. Ils s’entendent bien et ont assez de vivres pour tenir plusieurs mois. Elliot souhaite rester à l’abri des voleurs et autres intrus, mais Kate veut désespérément réintégrer la société. Grâce à une radio à ondes courtes, elle réussit à joindre une communauté du Colorado qui se déplace vers le nord. Serait-ce une opportunité pour réintégrer le monde ?
En général, je ne suis pas très friande des romans de fin du monde, d’anticipation d’un futur post-apocalyptique. Mais, vu que cette idée de roman est celle d’un de mes écrivains favoris, Jean-Pierre Charland, et de savoir que cette histoire, il l’a écrit en réaction à la COVID et la pandémie actuelle, je n’ai pas pu résister de la lire. Quel roman captivant, passionnant et angoissant par moments ! Cette histoire est un de mes coups de cœur de l’année. Je n’arrivais pas à fermer le livre, tellement je voulais connaître la suite. Il n’y a aucun temps mort dans ces quelque 360 pages, même qu’à la fin, je suis restée un peu sur ma faim. J’espère que l’auteur aura envie d’en écrire une suite, même si je sais qu’il a mis de côté ce sur quoi il travaillait pour écrire ce roman durant le confinement.
Contrairement à ses autres romans, il y a peu de personnages dans cette histoire, et on s’attache rapidement à Elliot et Kate ainsi qu’au chien Eugène qui semble avoir une personnalité bien à lui. Je crois aussi que c’est une bonne idée d’avoir situé ce roman aux États-Unis, dans le Dakota du Nord et le Midwest américain. Ces régions moins populeuses et plus sauvages, plus armées, donnent de la grande crédibilité à cette histoire.
Cette histoire se passe quelques années après la pandémie de 2020, alors qu’une autre pandémie mondiale fulgurante, cette fois-ci, a frappé en quelques semaines et fait mourir 99% de la population en quelques jours. C’est impensable, irréaliste, mais en même temps, avec ce qu’on vit, on pourrait facilement y croire. J’aime beaucoup la manière dont Jean-Pierre Charland utilise les actions et réactions de la population lors de notre propre pandémie pour rendre encore plus vraisemblable ce qui arrive à ces survivants.
Par exemple, les gens se sont rués sur le papier de toilette, mais aux États-Unis, ils ont également pris d’assaut les magasins d’armes à feu. Les complotistes ont à nouveau blâmé la Chine et les scientifiques qui auraient pu créer ce virus en laboratoire. Et que dire de la prise d’assaut du Capitole par les partisans de Trump, cela semblait invraisemblable et pourtant… D’associer de réelles activités saugrenues qui sont arrivées récemment, et de l’incorporer à son roman, nous démontre à quel point cela pourrait effectivement arriver tel qu’il le décrit.
À nouveau, sa plume est riche en émotions, en descriptions finement détaillées qui nous donnent vraiment l’impression d’être avec eux, en mode survivalisme. Je pourrais vraiment voir ce roman devenir un film, ou une série télé, tellement c’est passionnant et angoissant. Un vrai bon thriller! On voit qu’il a fait beaucoup de recherche sur la manière de survivre, quoi prendre pour durer longtemps, se protéger, se cacher et se tenir prêt à toutes éventualités. J’ai adoré ce roman, et j’espère avoir un jour une suite.
Né en 1954, Jean-Pierre Charland a connu une prestigieuse carrière universitaire jusqu’à sa retraite, en 2014. Une dizaine d’années plus tôt, il s’était mis à publier, au rythme de deux ouvrages par an, des romans historiques ayant pour cadre le Canada français des 19e et 20e siècles. Son cycle des Portes de Québec (15 tomes de 2007 à 2019) demeure la fresque historique la plus imposante jamais publiée au Québec et a fait de l’auteur une référence dans le domaine. Écrivain prolifique et bien-aimé du public, il n’hésite pas à se renouveler en proposant une série policière d’époque avec le personnage d’Eugène Dolan ou en évoquant la vie d’une figure aussi controversée que celle d’Eva Braun. Auteur incontournable du genre, il continue à multiplier chez Hurtubise les séries à succès, parmi lesquelles Félicité, Sur les berges du Richelieu ou encore Odile et Xavier. Il lance cet automne une nouvelle grande série : La Pension Caron, une passionnante incursion dans le Québec des années 1930. À ce jour, ses romans se sont écoulés à près de 800 000 exemplaires au Québec et en France.
Prix : 24.95$
Nombre de pages : 368 pages
Date de parution : 26 mai 2021
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/