Après avoir publié un premier roman de style polar, Dis-moi qui doit mourir, Marc-André Chabot propose une suite Dis-moi qui doit vivre, aux éditions libre Expression. Avec des dialogues remplis d’humour, une enquête captivante, ainsi qu’une course contre la montre haletante et surtout des personnages de policiers forts attachants, ce roman fait du bien à notre cœur de justicier et calme nos colères face parfois au système de justice.
Résumé : Quelques mois après la disparition du caïd Sir Chuck, Antoine Aubin se trouve impliqué malgré lui dans l’histoire d’un psychopathe en phase terminale qui veut partir avant de subir son procès pour meurtre. Avec l’assistance du lieutenant-détective Donald McGraw, Antoine tente d’empêcher le monstre d’arriver à ses fins. Pour le policier, une enquête prend une drôle de tournure : un tueur – probablement en série – s’en donne à cœur joie en assassinant des criminalistes de manière très très créative. McGraw et Antoine devront faire équipe en jouant avec la vie, la mort, les bons et les méchants… encore une fois.
Personnellement, je n’ai pas lu le premier tome, qui met en scène les mêmes personnages principaux, par contre, je dois dire que j’ai embarqué dans cette histoire dès les premières pages. Comme ce sont deux histoires distinctes, on peut très bien débuter par le second livre. Et après ma lecture, j’ai assurément le goût de lire le tome précédent pour me replonger dans l’univers de ces personnages auxquels je me suis attaché.
Les amateurs de polar, de romans policiers et même de série télé du genre District 31 vont adorer ce roman, car il met en scène des policiers humains, qui ont à cœur de faire leur travail du mieux qu’ils peuvent, mais aussi de réparer des injustices. Ils font preuve d’une belle entraide et on les sent complètement investis dans la recherche des criminels. Aussi, on apporte beaucoup de réalisme et d’événements et personnalité connus dans le roman pour ajouter de la crédibilité et vraisemblance à cette histoire. C’est intéressant par exemple de retrouver entre autres Paul Arcand et son émission de radio populaire et des références à Patrick Senécal.
Ce que j’aime le plus dans ce roman, ce sont les dialogues remplis d’humour que je me suis surprise parfois à relire une deuxième fois, tellement j’aimais la répartie de certaines répliques. S’amuser en travaillant, pourquoi pas. Voici un extrait :
«-Avec la longueur de son casier judiciaire, il doit pas exister un policier qui l’a pas déjà arrêté. Mais l’histoire finit pas bien pour lui, victime de la sélection naturelle dans son milieu. T’sais, l’expression «plus con que ça, tu meurs» ? Ben, y est mort.
– Tout l’temps les meilleurs qui partent en premier…
– Il s’est fait passer dans une purge interne deux ans plus tard.
– tu dis ça pour me faire plaisir!»
Dans ce roman, on retrouve un peu de tout. On nous raconte un peu la vie au quotidien des personnages centraux, comme Antoine avec son Élisabeth, qui accueillent une très bonne nouvelle. Ou encore l’enquêteur McGraw et ses acolytes qui cherchent des indices pour retrouver un tueur en série avant qu’il ne récidive. Mais il y a aussi la tragédie qui frappe un père qui a perdu sa fille tuée par un psychopathe, mais dont on n’arrive pas à prouver que c’est bien lui le meurtrier. Bref, il y a un peu de tout et on alterne avec un bon rythme d’une histoire à l’autre. On y retrouve des rebondissements inattendus et des moments qui ravissent le lecteur tout autant que les protagonistes. Je m’explique.
Ce roman met en lumière, de façon fort ingénieuse, les gros problèmes de notre système de justice. Qui n’a pas un jour été dégoûté de voir Gilbert Rozon acquitté récemment. Et bien dans ce roman, on fait le tour d’histoires semblables qui démontrent que souvent l’accusé a plus de droits que la victime et va mieux s’en sortir que cette dernière. Extrait : «La parole de la victime contre celle de son présumé agresseur… Le combat des versions est inégal. La justice est ainsi faite. Le fardeau de la preuve incombe à la Couronne et repose sur les épaules de la présumée victime. Son témoignage doit être encre plus vrai, encore plus bétonné, encore plus inattaquable que celui de la défense, qui n’a qu’à soulever un doute raisonnable. La poursuite doit convaincre la juge au-delà de tout doute… On est au Canada, un pays de droit. Et de chartes. Si et seulement si l’accusé est reconnu coupable, le plaignant… deviendra officiellement une victime. En attendant, seul lui peut affirmer sous serment qu’il en est véritablement une, parce qu’il ressent encore dans sa chair les actes abominables de l’homme qui lui fait face…»
Je ne vendrai pas de punchs, mais disons que certains passages du roman ont fait réellement du bien à ma colère interne face à notre système de justice et ces crottés qui s’en sortent avec de bons avocats. Disons que la vengeance est douce dans mon cœur de lectrice.
Au final, ce roman policier est captivant, rempli de rebondissements, de réparties savoureuses, de personnages attachants et surtout c’est un bon défoulement envers les ratés de notre système de justice. Je ne serais pas surprise de voir ce roman et ces personnages se transformer en série télé un jour. Ce serait assurément passionnant.
Marc-André Chabot est réalisateur, auteur et concepteur pour la télévision, mais il se consacre de plus en plus à l’écriture. En 2018, il publie Étienne Boulay – Le parcours d’un battant et, en 2019, il enchaîne avec Dis-moi qui doit mourir…, un roman très bien accueilli par la critique et le grand public. Dis-moi qui doit vivre… en est la suite attendue.
Prix : 29.95$
Date de parution : 26 mai 2021
Nombre de pages : 384 pages
Éditions Libre Expression : http://www.editions-libreexpression.com/