Pour son premier roman, Laviolette (pseudonyme de cette nouvellement autrice de Sainte-Thérèse) publie, aux éditions XYZ, Marie-moi, Peter Pan. Ce roman est unique en son genre. Avec un style d’écriture bien particulier, Laviolette aborde des sujets forts, comme la maladie neurodégénérative et la mort, avec une légèreté et un humour déstabilisant, le tout enrobé de musique et de poésie.
Résumé : Elizabeth et Doriane sont amies depuis l’adolescence. Elles partagent leurs premiers moments de solidarité féminine et de délinquance. Une fois adulte et mère de deux enfants, Elizabeth commence à ressentir un engourdissement de la joue et un trouble de la vision. Après avoir ignoré ses symptômes et consulté différents spécialistes, elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie neurodégénérative. Elle se questionne alors sur la meilleure façon d’employer le temps qui reste avec la perspective de perdre progressivement sa santé et son autonomie. Effrayée par la possibilité de finir sa vie dans un CHSLD, elle donne à Doriane la mission de contacter un tueur à gages qui mettra fin à ses jours quand son état ne lui permettra plus de manger, vivre et penser par elle-même. Dans une langue colorée et un peu trash, la narratrice revendique le droit à la liberté en faisant un ultime pied de nez au conformisme du monde adulte dans son inéluctable déclin.
Je n’ai jamais lu une plume comme celle de Laviolette et j’ai eu un coup de cœur monumental pour sa plume audacieuse. Car de l’audace, il en faut pour parler de sujets aussi lourds que la maladie neurodégénérative avec détails, et la perspective de vivre emmurée dans son propre corps. Cette perspective est tellement épouvantable qu’Élisabeth cherche comment l’éviter en planifiant sa mort avec l’aide de son amie Doriane et un tueur à gages. Cette audace aussi, Laviolette la pousse à l’extrême, en utilisant un langage direct et cru et elle y ajoute de la poésie, ici et là, en plus de nous imbiber de musique.
Voici un extrait pour vous donner une idée de son style d’écriture qui me fascine. :
«Élizabeth attend son chum la face collée dans la fenêtre de sa chambre.
Colin arrive sur la 18e les vitres baissées, le dernier album de Days of the New dans le tapis, les cheveux dans’face, l’auto pleine de boucane de pot.
Estie qu’y rocke pareil !
- Okay, c’est lui! Viens-t-en Doriane!
Colin débarque de l’auto et voit Dorignal sortir du 5434.
Wow!
Est ben belle!
Belle comme une forêt la nuit,
Blanche et noire,
Clair-Obscur…
Élizabeth voit son regard de gars émerveillé.
Elle s’y attendait, mais ça l’écoeure pareil, elle fait une face de baboune.
Dorignal voit son regard de p’tit branleur en chasse.
Elle s’y attendait pas, le mal de cœur lui pogne, elle fait une face de nausée.
Elle dé-tes-te quand les garçons utilisent l’image de son corps pour se créer des histoires masturbatoires.»
Voici un autre extrait où la poésie est à l’honneur :
«Devant la maison, les fleurs de lilas commencent à éclater comme du popcorn dans le micro-ondes printanier. Élizabeth glisse sa face entre les branches qui veulent lui crever les yeux pour aller effleurer de sa narine droite un bouton odorant.
L’odeur, l’odeur du lilas…
C’est comme le parfum d’un bébé fraîchement sorti de l’utérus…
J’pourrais m’cacher dans l’lilas pis pus jamais ressortir…
Hum…
Ben non!
Faut que j’aille à’ clinique!
Docteurs à’ marde…
En démarrant le char, Élizabeth met le CD de Queen vraiment fort pour gueuler Bohemian Rhapsody comme dans Wayne’s World, mais sans les amis qui font les backs. »
Donc, ce roman est rempli de vulnérabilité et de tendresse, caché entre les lignes de dialogues décousues, les idées noires, les paroles de chansons, et les poèmes tordus. Il nous fait réfléchir à la précarité de la vie, à notre mort imminente. J’ai adoré lire ce roman qui m’a complètement déstabilisé, qui n’a cessé de me surprendre, et dont la fin m’a bien ému et fait sourire, alors que l’amour et l’amitié sont au rendez-vous jusqu’à la toute fin pour Élizabeth.
Laviolette vit et écrit à Sainte-Thérèse. Diplômée de son école secondaire, Laviolette aime composer des mélodies tristes sur des instruments à cordes, peindre avec les épluchures de son cœur, serrer son petit chien très fort dans ses bras, et lire les instantanées linguistiques de Michel Tremblay en mangeant des crottes de fromage.
Prix : 25.95$
Nombre de pages : 288 pages
Date de parution : 25 aout 2021
Éditions XYZ : https://editionsxyz.com/