Les éditions Alire viennent de publier, le premier roman traduit en français de l’écrivain métis albertain Wayne Arthurson. L’Automne de la disgrâce est le premier tome de la trilogie « Les saisons de Léo Desroches ». À l’image de son auteur, le personnage de Léo est un journaliste pigiste métissé. Ce polar est à la fois original, unique et palpitant, en plus de nous présenter la condition autochtone sous un angle différent.
Résumé : Léo Desroches, un journaliste au passé trouble, voit sa carrière propulsée par une exclusivité au sujet de l’assassinat de Grâce, une jeune prostituée autochtone retrouvée étranglée dans un champ. La sensibilité de Léo, dont le père est d’origine québécoise et la mère crie, le pousse à fouiller les archives pour découvrir l’existence de meurtres similaires. Ses recherches lui font craindre la possibilité qu’un tueur en série puisse sévir dans la région des Prairies. Même si la police nie cette possibilité, Léo ne lâche pas sa piste, car l’esprit de Grâce le hante. Après avoir reçu de la part d’un policier retraité un dossier scandaleux sur les écarts de conduite de plusieurs de ses anciens collègues à l’égard de travailleuses du sexe, Léo publie un article qui fait sensation et lui attire la foudre du corps de police. Cela ne l’empêche de poursuivre son enquête, qui l’amène à côtoyer de près la mort et la noirceur de l’âme humaine.
Je préfère toujours lire les romans dans leur version originale, mais je dois dire que cette traduction de Pascal Raud, du polar L’Automne de la disgrâce, de Wayne Arthurson m’a plu énormément. J’ai adoré la proposition de cet auteur de nous présenter un personnage central vraiment différent de ceux qu’on est habitué de voir. Le reporter Léo Desroches, du Edmonton Journal, est un métis avec un lourd passé et un présent très fragile, alors qu’il tente de vaincre ses démons et ses dépendances tout en faisant enquête sur le meurtre d’une travailleuse du sexe autochtone.
Wayne Arthurson a une superbe plume remplie de descriptions très détaillées, qui nous permettent de bien voir l’action qui se déroule et les émotions mises de l’avant. De plus, il déploie un véritable tour de force en rendant attachant son personnage de Léo malgré ses dépenses au jeu qui lui ont fait tout perdre, et sa nouvelle dépendance avec lequel, il risque tout autant.
J’aime que l’auteur nous amène toujours là où on ne s’y attend pas. Il sait bien doser les moments d’actions avec les situations plus touchantes et les périodes d’apprentissages. Ainsi, j’ai adoré vivre la cérémonie spirituelle dans la hutte de sudation. J’ai appris beaucoup aussi sur le métier de journaliste et comment les reporters interagissent avec la police. J’ai été émue de voir un père tenter de renouer avec son fils. Et j’ai grimacé lorsque Léo s’est fait royalement tabasser.
J’ai aimé en connaître plus sur les conditions de vie des gens autochtones et savoir pourquoi plusieurs gens métissés n’ont pas été élevés dans la tradition de leurs ancêtres autochtones. J’ai aussi apprécié la manière dont l’auteur a abordé les problèmes de dépendance de Léo. Il nous explique le rituel qui fait monter en lui le «rush» d’adrénaline qui le pousse à toujours aller plus loin au risque de se faire prendre.
Le roman se termine de manière à nous donner le goût de poursuivre avec le tome 2. On anticipe une suite fort intéressante, si bien que j’ai vraiment hâte de savoir ce qui adviendra de Léo, et en connaître encore un peu plus sur son passé dont je pense qu’on a seulement effleuré jusqu’à maintenant.
Wayne Arthurson est né à Edmonton d’un père originaire de la nation crie et d’une mère canadienne-française. Depuis l’âge de vingt-quatre ans, Wayne gagne sa vie à l’aide de sa plume, que ce soit comme journaliste, rédacteur pigiste ou romancier. Il a aussi performé comme clown semi-professionnel et batteur dans un groupe punk. Il est toujours musicien, œuvrant désormais dans un groupe indie à Edmonton, où il habite avec sa famille. Son premier roman, Fall From Grace (Forge Books, 2011) a remporté le Alberta Readers’ Choice Award en 2012. Et c’est justement ce roman, sous le titre L’automne de la disgrâce qui vient d’être traduit en français. Sa plus récente histoire, The Red Chesterfield, a remporté le prix Arthur-Ellis 2020 de la meilleure novella.
Prix : 29.95$
Nombre de pages : 386 pages
Date de parution : 30 septembre 2021
Traduction de Pascal Raud
Éditions Alire : https://www.alire.com/