Au Palais Montcalm, Bernard Labadie a retrouvé une nouvelle fois Les Violons du Roy, l’ensemble qu’il a fondé en 1984. Et le programme du concert sied tellement bien au chef Labadie. D’ailleurs, Les Violons du Roy avaient enregistré L’Art de la Fugue sur étiquette Dorian il y a 20 ans avec leur chef-fondateur, Bernard Labadie.
Il semblerait que l’Art de la Fugue était conçu comme une communication à caractère scientifique pour une société savante qu’était la Société des sciences musicales dont Bach était devenu membre. Mais il n’a pu présenter le tout car sa santé ne lui a pas permis.
Cet ouvrage de Bach est resté inachevé et sans précisions quant aux interprétations et aux instruments requis pour le jouer et des incertitudes demeurent sur l’ordre des pièces à jouer. Or depuis bien des décennies, nombre de musiciens ont proposé des initiatives avec différents instruments à clavier (clavecin, piano, orgue par exemple) ainsi que des ensembles variés (solistes, quatre musiciens et plus).
Ce défi Bernard Labadie l’a relevé ce soir comme il y a 20 ans. En salle de concert, comme il l’affirme : « Notre défi, ce soir, est de rendre cette pyramide intemporelle accessible par la magie du concert. C’est là la préoccupation principale qui a présidé aux nombreux choix pratiques que j’ai dû faire. »
Alors, les fugues, avec cet art magistralement et génialement maîtrisé par Jean-Sébastien Bach, vont nous être révélées par les choix de Bernard Labadie pour ce concert. Que ce soit l’ensemble des 17 musiciens, les solos à l’orgue ou au clavecin, les duos, les pièces à trois ou quatre musiciens, ces choix rendent l’exécution de cette œuvre des plus intéressantes.
Il y plusieurs moments marquants durant ce concert tels que le duo de Olivier Thouin au violon et Benoit Loiselle au violoncelle dans Canon alla Duodecima in Contrapunto alla Quinta et le trio d’Olivier Thouin, Isaac Chalk à l’alto et Benoit Loiselle, dans Contrapunctus VII a 3. De plus, la fugue finale inachevée de Bach, complétée par Labadie nous transporte dans une globalité, dans l’essence de tout ce que nous avons entendu.
Pour tout adepte de la musique de Bach et pour quiconque, vivre en salle de concert l’Art de la Fugue, c’est formidable et à expérimenter une fois dans sa vie de mélomane. Bien sûr que c’est exigeant mais avec une proposition comme celle de Bernard Labadie, c’est idéal, touchant et transcendant. Également, il faut mentionner que la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm est idéale au plan sonore pour un ensemble de la dimension des Violons du Roy. Merci à Bernard Labadie et au défunt maire Jean-Paul L’Allier qui ont travaillé au projet de cette nouvelle grande salle.
En ce mercredi après-midi, la réponse du public à l’audition était exemplaire. Aucune toux et aucun bruissement de petits papiers de bonbons. Les applaudissements bien nourris à la fin du concert témoignaient d’une satisfaction et d’un grand plaisir évident.
Les prochains concerts des Violons du Roy :
Les guitares du Roy avec le guitariste David Jacques et cinq musiciens des Violons du Roy au Palais Montcalm les 1 er 2 décembre.
Le Messie de Handel avec le chef Jonathan Cohen les 8 et 9 décembre au Palais Montcalm et le 10 décembre à la Maison symphonique de Montréal.
https://www.violonsduroy.com/fr/programmation/2021-12/#2021-12-17