Le journaliste et auteur Patrick Delisle-Crevier vient de publier son livre Mon père aux îles Moukmouk, aux éditions Libre Expression. Cette histoire rocambolesque et surréaliste est non romancée et totalement autobiographique. Roland Delisle a eu 10 enfants connus de 4 femmes différentes et Patrick est l’un d’entre eux qui raconte son enfance, son adolescence et sa vie d’adulte avec tous les impacts que cela a eus sur lui de partager un père, et on y découvre peu à peu tous les membres de cette grande famille hors-norme.
Résumé : Patrick a perdu sa mère à six ans. Son père, lui, il a pu le voir quelques fois le temps d’une pizza et d’un cream soda au resto du coin. Puis celui-ci a disparu. « Il est aux îles Moukmouk », lui disait sa grand-mère. Pourtant, il ne se trouvait qu’à quelques rues. Le quartier Rosemont était le décor d’un grand théâtre oscillant entre vaudeville et tragédie grecque. Une oeuvre dans laquelle se croisaient et s’entrecroisaient trois femmes et une dizaine d’enfants. Roland D. menait une double vie, et même une triple vie. Mon père aux îles Moukmouk, c’est le récit surprenant d’un orphelin dans la trentaine qui voit un jour débarquer dans sa vie une famille se déballant en format Costco.
Patrick Delisle-Crevier a d’abord raconté son histoire et celle de sa famille pour la première fois dans le magazine Urbania en 2010, puis il fut le sujet d’une série télévisée diffusée en France seulement, pour finalement faire partie de la série documentaire Double vie – Quand la vérité nous rattrape qui a été diffusée l’automne dernier sur la plateforme Vrai. Maintenant, c’est en voulant fournir une certaine pérennité à son histoire que Patrick décide de la coucher sur papier, sans contraintes, à sa manière, avec toutes les émotions par lesquelles il est passé à travers les années. Seuls quelques prénoms ont été changés, mais toute cette histoire est vraie.
Pour nous aider à bien suivre les relations familiales de Patrick, il nous offre en introduction son arbre généalogique du côté des Delisle. C’est hallucinant! J’y ai mis un marque-page pour y revenir régulièrement durant ma lecture.
Pour nous présenter son histoire, Patrick y va d’une manière très originale, qui me plait beaucoup. Il se plonge dans son passé et nous raconte ses souvenirs, à la hauteur de son âge du moment, dans une narration ponctuée de descriptions des lieux, de références de l’époque, mais aussi de ce qui était populaire culturellement à ce moment, en musique, à la télé, et qui l’ont fait vibré. Ainsi, on replonge facilement avec lui dans les années 70, pour ses six ans, quand il apprend de la bouche de sa grand-mère que son père est aux îles Mouk-Mouk, qu’il cherchera longtemps où cela peut bien se trouver dans le monde. Puis à huit ans, lorsque son père décide de reprendre contact avec lui.
Ensuite, ce sont les années 80 que l’on se remémore avec Patrick durant son adolescence, alors que, par hasard, il entrera en contact avec un de ses demi-frères et une de ses demi-sœurs. Encore une fois, on s’imprègne du moment avec ses souvenirs : «Je deviens peu à peu un garçon normal. J’écoute beaucoup de musique, je découvre le cinéma et je suis fasciné par la télévision… J’ai des amis, beaucoup d’amis, et la ruelle de la rue Marquette au nord de Jarry est notre terrain de jeu. On y joue à cache-cache, au hockey hiver comme été, au soccer, à la tag ordinaire et parfois à la tag BBQ. On écoute la musique des années 1980 dans mon ghetto blaster Sanyo, un appareil récupéré dans le catalogue du Distribution aux consommateurs… mon précieux radiocassette entre les mains, je découvre Madonna, Cindy Lauper, Culture Club, Michael Jackson, Men Without hats…».
Étant moi-même née environ 5 ans avant Patrick, j’ai aimé faire ce retour dans le temps, dans les années qui ont bercé mon enfance et adolescence, avec les mêmes souvenirs télévisuels (Fanfreluche, Bobino), cinématographiques (Star Wars) et musicaux que l’auteur. Cela m’a fourni un brin de nostalgie et j’ai pu m’imaginer plus clairement ce que Patrick a vécu, surtout qu’il est très habile pour nous faire ressentir ses émotions. Je fus touché à plusieurs moments dans son récit.
Naturellement, les moments les plus émouvants sont ceux où Patrick découvre et entre en contact avec les autres membres de sa famille élargie. Ainsi, dans les années 90, ce sera aux funérailles de son père que neuf des dix enfants seront réunis pour les derniers adieux et Patrick nous raconte ces moments avec beaucoup d’émotions.
Ce n’est ensuite que dans la trentaine, dans les années 2000, grâce à Facebook, que Patrick et ses demi-frères et demi-sœurs reprennent à nouveau contact pour dorénavant tisser des liens plus serrés pour la plupart et récemment, en 2021, ce sont les retrouvailles avec Sébastien, qu’il n’a vu qu’au secondaire, brièvement, qui sont éminentes et qui permet alors de boucler la boucle et réunir enfin toute cette grande famille liée par un seul homme et plusieurs femmes amoureuses.
Ce livre est fascinant à lire, surtout quand l’on sait que cette histoire est vraie, bien que surréaliste. Cela donne le goût d’aller voir le documentaire sur la chaîne Vrai, en quatre épisodes produits en 2021.
PATRICK DELISLE-CREVIER est journaliste chez Québecor Média et pour le magazine 7 Jours. Auteur de plusieurs titres de la collection Raconte-moi, aux éditions Petit Homme, du livre Oiseaux rares de Montréal, aux Éditions de l’Homme, et de l’ouvrage Patrick Bourgeois raconté par… aux Éditions La Semaine, c’est dans Urbania, en 2010, qu’il parle pour la première fois de son incroyable histoire familiale. Il y reviendra à l’hiver 2022, sur la chaîne Vrai, dans la série Double vie.
Date de parution : 4 mai 2022
Sujet : Littérature québécoise
Catégorie : Autobiographie
Nombre de pages : 248 pages
Prix : 27,95 $
Éditions Libre Expression : http://www.editions-libreexpression.com/