La femme de théâtre Marie Brassard, qu’on a d’abord connue lors de ses collaborations avec Robert Lepage, vit des heures intenses! Elle en est à peaufiner la mise en scène d’un opéra de la Canadienne Keiko Devaux, dont la première mondiale aura lieu au début de février. Née en Colombie-Britannique, Devaux a d’ailleurs reçu le Prix Juno de la Composition classique de l’année (pour Arras, 2022). Son opéra de chambre expérimental et bilingue, intitulé L’écoute du perdu, sera présenté à la Fonderie Darling. Marie Brassard nous parle de cette création.
La mémoire des sons
Nos souvenirs sont parfois associés à des sons et L’écoute du perdu se penche justement sur notre lien affectif au domaine sonore, explique Marie Brassard.
C’est dans cet esprit que les solistes Sarah Albu («chanteuse expérimentale», selon le site de la SMCQ), Raphaël Laden-Guindon (baryton) et Frédéricka Petit-Homme (soprano) interpréteront des souvenirs individuels, où les sons et la musique gardés en mémoire se transforment, se déforment et se recréent au fil du temps.
Accompagnés de six musiciens dirigés par Jennifer Szeto, les chanteurs plongeront dans ce voyage complexe dans la mémoire des sons, à travers des textes de Kaie Kellough, Michaël Trahan et Daniel Canty. Ce sont d’ailleurs des mots de ce dernier que cite la metteure en scène, pour résumer le coeur du propos de cet opéra : «rien ne se perd tout s’entend… la voix est un ruban sans fin…»
Marie Brassard voit son travail, ici, comme «l’élaboration d’un contexte visuel». «Mon souhait, c’est de faire en sorte que l’énergie circule entre spectateurs et performeurs. La lumière sera très présente. Il y aura des projections vidéo évoquant, entre autres, de la neige. »
«Il y a deux idées principales derrière L’écoute du perdu : les mémoires flash et la permanence du son – une idée de l’inventeur italien Gugliemo Marconi, qui a cru à un moment donné que le son ne mourait jamais », précise la compositrice Devaux dans un communiqué. «Contrairement à une narration linéaire pour un opéra, je voulais créer une expérience plus sensorielle et abstraite inspirée par ces souvenirs forts mais flous, et la forme de l’œuvre elle-même représente une machine qui s’y accorde et s’en détache.»
De son côté, Marie Brassard perçoit cette musique comme étant «complexe et imprégnée d’une intelligence et d’une émotion subtile… Elle nous transporte dans un paysage poétique et l’expérience est envoûtante et transformatrice.»
Ce projet réunit plusieurs artisans bien connus de la scène montréalaise de la musique contemporaine. Il est présenté par l’ensemble Paramirabo en coproduction avec Musique 3 Femmes et en codiffusion avec Le Vivier.
L’écoute du perdu
Musique : Keiko Devaux
Mise en scène : Marie Brassard
À la Fonderie Darling (745, rue Ottawa, Montréal)
3 février à 19h 30
4 février à 15h et 19h 30
*Photo d’accueil : Sarah Albu, Raphaël Laden-Guindon et Frédéricka Petit-Homme
Courtoisie de : Groupe À l’infini