Le 3e film de Monia Chokri, Simple comme Sylvain, prend l’affiche en salle à travers le Québec, le 22 septembre. Mettant en vedette Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal, le film compte également sur une distribution composée de Francis-William Rhéaume, Monia Chokri, Steve Laplante, Marie-Ginette Guay, Micheline Lanctôt, Christine Beaulieu, Mathieu Baron, Linda Sorgini, Guy Thauvette, Guillaume Laurin et Karelle Tremblay.
Résumé : Sophia, 40 ans, qui souffre en permanence de migraines, professeure de philosophie à l’université du troisième âge, vit en couple depuis dix ans avec Xavier, professeur de science politique. Ils ont une vie confortable et leur couple est plutôt stable malgré une vie sexuelle en veilleuse. Ils ne s’en plaignent pas, mais visiblement, quelque chose est bien éteint de ce côté-là. En contrepartie, ils ont une vie sociale riche et heureuse entre leurs amis et beaux-parents respectifs. L’existence de Sophia bascule le jour où elle fait la rencontre de Sylvain, un entrepreneur des Laurentides aux antipodes de son mode de vie. À l’aube de l’hiver, elle quittera tout pour vivre cette passion brûlante. Peut-être la dernière de sa vie.
Monia Chokri propose, avec Simple comme Sylvain, une réflexion et une exploration sur l’amour et le désir. Lorsque Sophia rencontre Sylvain, celle-ci professeur de philo pour les gens du 3e âge, fait référence et cite de Platon, Jankélévitch et Spinoza philosophes, qui, à travers différentes périodes de l’histoire, ont pensé à l’amour. On dit souvent qui se ressemblent s’assemblent, mais également que les opposés s’attirent. La fameuse question qu’on se pose toujours. Aime-t-on, désire-t-on ce qui nous ressemble ou ce qui nous est étranger ? Que se passe-t-il si deux personnes qui ont un vrai potentiel amoureux sont issues de milieux complètement différents et que tout oppose ? C’est un peu ce que Monia a voulu faire avec Simple comme Sylvain. Filmer deux mondes qui se rencontrent.
Sophia (sublime Magalie Lépine-Blondeau) est une intellectuelle qui vit en harmonie et en parfaite complicité cérébrale avec son conjoint Xavier (Francis-William Rhéaume) depuis 10 ans. Leur relation ressemble plus à celle de meilleurs amis, qu’à des amoureux. À l’opposé, ils ont un couple d’amis Françoise (Monia Chokri, jubilante à voir aller) et Philippe (Steve Laplante), qui font l’amour cinq jours par semaine, mais qui se chicanent constamment. On voit dès les premières scènes du film, cette comparaison qui nous amène déjà nos premières réflexions sur les relations amoureuses.
Puis, survient la rencontre avec Sylvain (génial Pierre-Yves Cardinal) charpentier sexy, à la fois viril et sensible, mais qui préfère la chasse à une bonne discussion philosophique. Alors que Sophia plonge dans cette aventure avec son amant et découvre les plaisirs insoupçonnés de l’amour charnel, elle remet en question sa vie parfaite. Alors qu’elle est comblée mentalement par Xavier, c’est Sylvain qui la fait frémir de désir.
Cette aventure adultère devient une passion fougueuse et charnelle, un amour irrationnel et incontrôlable. Entre alors en jeu tous les à côté d’une relation amoureuse, le côté social, les amis, la famille, la pression sociale.
On a des scènes sublimes autant dans la famille de Sylvain dont les membres sont tous un peu mal à l’aise devant cette belle intellectuelle universitaire, qu’avec les amis de Sophia où Sylvain se sent un peu dépassé par les discussions philosophiques et dont le franc-parler met en déroute plusieurs d’entre eux.
À la réalisation, Monia Chokri utilise beaucoup de gros plans, de zoom sur le visage de Sophia, dans les scènes de baisers et de baise. On a leur amour en plein visage, c’est le cas de le dire.
Magalie Lépine-Blondeau se donne totalement dans ces scènes et la chimie entre les deux interprètes est palpable. Cela donne chaud parfois à regarder. Également Monia Chokri utilise le bruit à plusieurs occasions pour ajouter au chaos, à l’agacement, à l’exaspération.
Par exemple, lorsque Sophia tente de se confier à sa mère (merveilleuse Micheline Lanctôt), celle-ci continue de passer la balayeuse juste à côté d’elle, si bien, qu’elles doivent crier pour se comprendre. Cela est tellement agressant, mais pathétiquement drôle à la fois. Ou bien lors de discussions autour de la table, entre amis, les enfants courent partout, crient, chantent trop fort du karaoké, bref, cela devient vite insupportable et agressant.
La réalisatrice ose même ajouter des dialogues qui se chevauchent, lors des discussions de groupe, comme dans la vraie vie. Cela se voit rarement au cinéma, mais c’est très payant, puisque cela ajoute au réalisme du quotidien qu’on voit peu dans les films.
Ce que je préfère dans ce film, c’est de voir le contraste des deux mondes, sans pour autant que ce soit fait de manière à dénigrer l’un ou l’autre. Il y a même une bienveillance qui me plait bien, lorsqu’elle démontre comment Sylvain veut lire et déployer sa poésie pour plaire à Sophia, alors qu’elle tente les plaisirs de la chasse pour se rapprocher de Sylvain.
Ils font le choix de s’accepter tels qu’ils sont et tentent des compromis pour se rapprocher du noyau social de l’autre. Naturellement ces rencontres dans le milieu social de l’autre créent des malaises, mais aussi des moments très drôles pour les spectateurs. Sans vouloir dévoiler de punch, je dirai juste que ma scène préférée est en lien avec la photo ci-après, où l’on voit Sophia avec les gants pour faire la vaisselle.
Au final, Simple comme Sylvain est un film qui allie bien la tendresse et la blague, tout en dépeignant les normes sociales, la lutte des classes et les dynamiques de couple avec ironie, autodérision et bienveillance.
Simple comme Sylvain, a brillé à l’international dès sa sortie dans les festivals. Il a été sélectionné dans la prestigieuse section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes (mai); gagnant de deux prix au Festival du Film de Cabourg (juin); présenté au Festival de La Rochelle (juillet), ainsi qu’au Festival du Film Francophone d’Angoulême (août), avant d’être enfin présenté en Première Nord-Américaine le 14 septembre dernier au TIFF à Toronto, ainsi qu’au FCVQ, le 16 septembre en clôture du festival.
Monia Chokri a réalisé en 2018 son premier long métrage, La femme de mon frère, présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. En 2022, elle récidive avec Babysitter, son deuxième long métrage et en 2023 avec Simple comme Sylvain.
Sortie en salle au Québec le 22 septembre 2023
DISTRIBUTION
PIERRE-YVES CARDINAL
MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU
FRANCIS-WILLIAM RHÉAUME
MONIA CHOKRI
STEVE LAPLANTE
MARIE-GINETTE GUAY
GUY THAUVETTE
MICHELINE LANCTÔT
GUILLAUME LAURIN
CHRISTINE BEAULIEU
MATHIEU BARON
ÉQUIPE
UN FILM RÉALISÉ PAR
MONIA CHOKRI
UN SCÉNARIO DE
MONIA CHOKRI
CO-PRODUCTION
METAFILMS & MK PRODUCTIONS
PRODUCTEURS
NANCY GRANT
SYLVAIN CORBEIL
NATHANEL KARMITZ
ELISHA KARMITZ
www.simplecommesylvain-film.com
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Crédit photos : Immina Films