Le lundi 19 juin à 21 h, au lendemain de la fête des Pères, Télé-Québec présentera un documentaire à la fois touchant et déstabilisant : le plus récent film du réalisateur Carl Leblanc, Le commun des mortels.
Lauréat du Prix du public au Festival du cinéma documentaire Vues sur mer de Gaspé en avril, Le commun des mortels présente la vie d’Éverard Leblanc. Éverard est né en 1924. Il a traversé plusieurs décennies puisqu’il a vécu jusqu’à 90 ans. Toute sa vie, il s’est « débrouillé » pour traverser ce siècle, tout en subissant chaque fois l’épreuve du progrès et de cette chose si changeante qui a connu de nombreuses révolutions : l’économie. Deux histoires nous sont racontées dans Le commun des mortels : la grande histoire du siècle et la petite histoire d’Éverard.
« Je n’ai pas l’impression d’avoir fait un film sur mon père, mais plutôt sur le quidam que nous sommes pas mal tous », avoue le réalisateur Carl Leblanc [fils du personnage principal du film]. « L’idée, c’était de raconter le siècle, vu d’en bas, vu d’un Canadien français du 20e siècle. Il est aussi question de condition humaine parce qu’on va tous voir notre monde disparaître. »
Avec Le commun des mortels, Carl Leblanc a souhaité raconter l’histoire de quelqu’un qui n’était pas important – ou qui, en principe, ne devrait pas faire l’objet d’un film documentaire – comme s’il l’était. Il a donc invité des personnalités publiques à raconter son histoire. C’est ainsi que se retrouvent dans le film des gens connus au Québec : l’ex-premier ministre du Québec Lucien Bouchard*, les journalistes Patrick Lagacé et Marc Laurendeau, le conteur Michel Faubert, les historiens Jean-François Nadeau et Éric Bédard, le sociologue Gérard Bouchard, l’économiste Pierre Fortin, l’urgentologue Alain Vadeboncœur ainsi que le psychanalyste et auteur de Père manquant, fils manqué, Guy Corneau, et le théologien Benoît Lacroix, qui, sans le savoir, offraient alors leurs dernières entrevues télé. Chacun commente des segments vidéo de la vie d’Éverard comme s’il le connaissait personnellement; de vraies images tournées par Carl Leblanc au fil des années auprès de son père vieillissant : des moments doux, drôles, dérangeants, témoins d’un dur passé ou encore remplis d’espoir.
« Cette brillante construction du récit nous amène petit à petit à réaliser qu’en dépit de cette existence anonyme, Éverard Leblanc occupait une place importante, voire essentielle, dans le siècle », a écrit le journaliste André Duchesne lors de la sortie en salle du documentaire le mois dernier. « Nous y voyons […] un hommage immense, senti, sensible, à cet homme qui a tracé un sillon, aimé, transmis. Avec ce film, Carl Leblanc fait don du précieux héritage de son père. »
« Portrait bouleversant d’un homme simple traversant les époques. Dosage heureux de pudeur et de lyrisme. Narration magnifiquement écrite. Images d’une grande beauté. Témoignages empreints d’empathie. » — Médiafilm
Pas étonnant que le film ait fait salle comble pendant deux semaines au Cinéma Beaubien à Montréal et au Clap à Québec, le mois dernier!
La Fabrique culturelle rencontre Carl Leblanc
L’équipe de La Fabrique culturelle avait rencontré Carl Leblanc lors de son passage au Festival du cinéma documentaire Vues sur mer de Gaspé, où son œuvre avait été présentée en primeur en ouverture d’événement. Une salle bondée avait chaudement applaudi son talent. Le réalisateur originaire de la Baie-des-Chaleurs était reparti de son coin de pays avec deux prix en poche : le Prix gaspésien, qui récompense le meilleur documentaire réalisé par un cinéaste gaspésien et veut encourager le développement de ce médium en Gaspésie, ainsi que le Prix du public, qui récompense le film le plus apprécié par le public. Mais avant de quitter son coin de pays, il avait offert une entrevue à La Fabrique culturelle où il avait parlé de l’objectif visé par son documentaire : démontrer que l’histoire d’un homme tout simple est une épopée en soi. Une entrevue remplie de sincérité à voir sur lafabriqueculturelle.tv.
*On se souviendra que le talent du réalisateur Carl Leblanc avait notamment été salué à la suite de la diffusion, en août 2014 à Télé-Québec, du documentaire Nation — Huis clos avec Lucien Bouchard (nommé aux Gémeaux en 2015). Il avait alors convié Lucien Bouchard dans un lieu loin de la ville pour recueillir un témoignage inédit et précieux de l’histoire moderne du Québec. Ce documentaire est disponible pour visionnement sur le site Web de Télé-Québec [ici]. On lui doit également une gamme intéressante de documentaires, dont Le cœur d’Auschwitz, finaliste aux Prix Jutra en 2011.